Deuxième journée de blocus au lycée Paul Robert des Lilas (Seine-Saint-Denis). Ce vendredi 22 avril une trentaine d’élèves maintenaient l’entrée bloquée avec des poubelles.
“On ne peut pas voter, mais on comme on veut exprimer notre opinion alors on a organisé ce blocus“, résume Noémie, élève de terminale du lycée Paul Robert.
“On rejette le choix qu’on nous impose“, explique un camarade Raphaël, qui fait figure de porte-voix d’une mobilisation qui s’est faite spontanément.
Parcours sup, classes surchargées
Depuis deux jours, ils ont organisé pacifiquement un blocus devant les grilles de l’établissement. Sur les pancartes on peut notamment lire un slogan: “Ni Le Pen, ni Macron“, mais aussi “Nos rêves ne rentrent pas dans vos urnes“.
Dans une lettre qu’ils ont adressé à leur proviseur, ils expliquent leurs motivations: “Depuis ce jeudi 21 avril, les lycéens et les lycéennes de Paul Robert ont décidé de manifester leur colère contre l’extrême-droite, la fascisation des médias, de la police et les politiques libérales de Monsieur Macron qui maltraitent nos services publics.”
Parcours sup est particulièrement dans le viseur: “Est-ce que vous trouvez normal qu’on soit aussi stressé alors qu’on formule nos demandes en avril, qu’on a que les réponses en juin, et qu’on se retrouve tous en compétition; que les universités soient blindées ?“
Pour Pablo, élève de 1ère qui tient un mégaphone, la retraite à 65 ans, l’injustice fiscale et “la destruction de l’hôpital public“, sont aussi “de bonnes raisons d’être révolté“, sans compter les classes surchargées. Dans la sienne ils sont 33 élèves et dans celle de Raphaël, 35. “Après on s’étonne que ce soit le bazar en cours, mais comment voulez-vous que les profs fassent bien leur travail.”
Comme d’autres, il considère qu’il est important de se manifester. “Après le 2ème tour, il y a les législatives. Il faut que notre voix soit entendue et que la gauche s’unisse.” Pablo juge, pour sa part, que “Jadot, Roussel et même Hidalgo auraient dû prendre leurs responsabilités. Il y avait la primaire populaire, mais c’est arrivé trop tard.”
Yaëlle, élève de seconde et engagée dans le mouvement Youth for climate estime que l’écologie a été trop peu évoquée durant la campagne. “Ce blocus est une bonne chose parce qu’on ne peut pas voter, mais quand on arrivera sur le marché du travail, on devra faire avec celui qui sera élu.”
Une AG et du scepticisme
En retrait, Bryan, Traffy et Bilouf, en 1ere, regardent le blocus avec scepticisme. “Qu’est ce que voulez que ça change, en plus c’est un lycée du 93. Encore à Paris, peut-être que ça peu changer quelque chose“, lance l’un d’entre eux.
“En plus c’est quoi en plus ce slogan Ni Macron Ni Le Pen“, souffle Lounès qui est en 2nde et dit avoir été contrôlé ce matin par la police. “Il y a une élève qui a carrément été arrêtée parce qu’elle touchait les poubelles. Et comme par hasard c’est son amie blanche qui a été visée.” Les autres élèves confirment son interpellation même si les motifs restent obscurs. Elle serait sortie de garde à vue vers 11h30 selon l’un d’entre eux qui s’est rendu au commissariat.
A 16h30, Raphaël, Pablo et d’autres élèves disent avoir obtenu de la direction du lycée de pouvoir se réunir dans une salle “pour debrieffer le blocus et voir si on s’organise en syndicat.”
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