Sur le site internet du groupe Medicharme, l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de la Roseraie à Livry-Gargan, c’est “comme à la maison”, avec un joli parc et une vaste prairie en guise d’illustration. On y promet “la quiétude aux portes de Paris” et on y propose “de nombreuses activités” et “des soins individualisés”. La réalité est moins apaisée, au point que l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France (ARS IDF) a annoncé ce vendredi suspendre son agrément jusqu’à nouvel ordre. Deux résidents ont été hospitalisés d’urgence. Les 25 autres doivent être transférés ailleurs progressivement d’ici à la fin mars.
“Des locaux vétustes“, “un personnel insuffisant en nombre et sous qualifié“, “une absence de médecin coordonnateur depuis 2018“… Stéphanie Talbot, directrice adjointe de la délégation départementale de l’agence régionale de santé d’Ile-de-France pour la Seine-Saint-Denis, égraine les manquements de l’Ehpad géré par le groupe privé Médicharme à Livry-Gargan.
La sanction, peu commune, intervient alors que l’agence mène, avec les services du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, un programme d’inspection renforcée qui fait suite au scandale de l’Ehpad Orpea à Neuilly-sur-Seine. Cette annonce intervient justement quelques semaines après les révélations de l’enquête de Victor Castanet sur le groupe Orpea, publiées dans le livre Les Fossoyeurs (Fayard).
Deux résidents hospitalisés en urgence
Sur les 27 personnes prises en charge au sein de l’établissement, deux ont été hospitalisés “en urgence” et deux doivent être placées dans une unité d’hébergement renforcée dans les jours qui viennent. “La santé et la sécurité des résidents étaient en danger“, explique Stéphanie Talbot.
L’ensemble des résidents doivent être évacués d’ici à la fin mars, “en fonction de leur état de santé et en accord avec les familles“. Ce changement doit également se faire “par petits groupes” de manière à ce que les personnes concernées puissent garder une partie des liens qu’elles avaient nouées précise Stéphanie Talbot.
Inspection alarmante
A l’origine de la première inspection menée conjointement par l’ARS et les services du département en juillet dernier, des signalements des familles et du personnel soignant. Il faudra plusieurs relances pour que le groupe Médicharme réponde aux recommandations qui lui sont alors adressées, notamment en matière de respect des gestes barrières et de coordination médicale.
La seconde inspection va mettre en évidence “une situation alarmante” entrainant la suspension d’activité. Parmi les problèmes graves relevés : l’absence de médecin coordonnateur et de kinésithérapeute alors que les résidents souffrent de troubles cognitifs. “Les dossiers médicaux étaient vides“, pointe Stéphanie Talbot.
Pour sa part, Eve Robert, adjointe au directeur des solidarités du département, mentionne également le défaut d’entretien des sanitaires, des problèmes d’accès à l’eau chaude dans certaines chambres et un mauvais fonctionnement de médaillons d’alarme.
Si aucune plainte n’a pas été déposée à ce jour, l’Ehpad La Roseraie restera fermé tant que le groupe Médicharme “n’apportera pas les garanties nécessaires pour une reprise d’activité.” Une administration provisoire a été mise en place notamment pour faciliter le transfert des résidents. A la suite de l’inspection de juillet dernier, un autre établissement de ce même groupe fait l’objet d’une attention accrue en Seine-et-Marne.
Créé en 2015, le groupe Medicharme compte une trentaine de résidences. “En seulement 5 ans, Medicharme est passée de 1 Ehpad à 27 résidences. Conduit par une équipe audacieuse, le groupe s’affiche désormais comme le “petit nouveau” parmi les grands”, se félicite-t-il sur son site internet.
C’est un énorme soulagement pour moi de prendre connaissance de cet article sur cet établissement dans lequel j’ai (malheureusement) effectué un très long stage et y ai vu des choses inadmissibles, insupportables, que j’ai signalées à l’époque au directeur et à l’assistante sociale. Leur réponse a été de me reprocher mon “état d’esprit” et mon incapacité à comprendre la difficulté du travail des infirmières. Il était temps qu’un contrôle sérieux des établissement accueillant des personnes âgées soit engagé.
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