Après l’expulsion du collectif Garde la pêche en août, la mairie de Montreuil lance son projet d’aménagement de l’ancienne usine EIF. C’est la Maison populaire, la plus grande association de la commune, qui y prendra ses quartiers à l’horizon 2025.
“On a fait beaucoup de progrès“, constate un membre de l’association Restes ensemble qui rassemble des riverains de l’ancienne peausserie EIF, située rue Pierre de Montreuil. “On partait d’un projet immobilier“, rappelle-t-il, “donc on ne peut que se réjouir que ce soit la Maison populaire. C’est aussi le résultat de la mobilisation des citoyens.”
La mairie de Montreuil a officialisé depuis une semaine la réinstallation sur ce site de cette association culturelle créée en 1966 et qui est aujourd’hui devenue l’une des plus grandes d’Ile-de-France avec 2 600 adhérents et plus de 120 pratiques culturelles et sportives proposées.
Pendant deux ans, l’aménagement de l’EIF a, en effet, constitué un sujet épineux pour la mairie de Montreuil. Propriété de l’Epfif (établissement public foncier d’Ile-de-France), l’ancienne usine était occupée illégalement jusqu’en août par des membres de la communauté rom et par un collectif, Garde la pêche. Celui-ci revendiquait le squat au nom d’une lutte politique mêlant opposition à la gentrification, avec la crainte d’un projet immobilier, et vigilance citoyenne sur la dépollution. Parallèlement, des riverains et des associations locales se sont mobilisés pour porter les inquiétudes sur le devenir du site.
Entre 18 et 24 mois de dépollution
Les travaux ne devraient pas commencer avant 2025. Mais avant toute réhabilitation, l’EIF doit être dépollué. L’ancienne usine abriterait en effet 25 tonnes de solvant chlorés dont du trichloréthylène (TCE). “Il faudra compter entre 18 et 24 mois “, précise Gaylor Le Chequer, premier adjoint au maire (PCF) de Montreuil, qui assure que toutes les précautions seront prises. “Cette dépollution sera faite par venting, une technique qui a déjà fait ses preuves pour l’aménagement du square Virginia Woolf.“
Or, cette dépollution constitue encore le principal sujet d’inquiétude des riverains. Le précédent de l’ancienne usine chimique Wipelec à Romainville reste vif dans les mémoires. L’association Restes ensemble réclame “un cahier des charges clair” et “à ce que soit désigné un expert indépendant“. Pour Samantha Lebrun, coordinatrice de la fédération des Mûrs-à-Pêches, “il y a de quoi être inquiet si l’on en juge à ce qui se passe pour la SNEM (ancienne usine en cours de dépollution située dans le Bas-Montreuil). Nous attendons plus de détails sur le suivi des travaux de dépollution qui vont être faits.”
La concertation va démarrer
Précisant que ses propos n’engage qu’elle, Samantha Lebrun déplore, comme Restes ensemble, l’absence totale de consultation des associations locales. “On parle de projet co-construit, c’est totalement faux. Seuls les conseils de quartiers ont été consultés. Mais tous les habitants n’y sont pas représentés. Je ne comprends pas pourquoi nous avons été exclus. Il faudrait aujourd’hui pouvoir renouer le dialogue avec la mairie.“
La phase de dépollution, “c’est le temps que l’on se donne pour travailler à la programmation de la Maison populaire et la concertation avec l’ensemble des acteurs“, indique pour sa part Gaylor Le Chequer. Une présentation publique du projet doit avoir lieu le 24 novembre.
“Passer du projet Bouygues (logements, parking, centre commercial et co-working) à la « plus grande association » de Montreuil, ce n’est pas rien ! Cela sonne comme un aveu, on a l’impression qu’ils se sont dit qu’il fallait qu’ils trouvent un projet sur lequel on serait forcément d’accord car sinon on ne lâcherai jamais l’affaire, et ils n’ont pas tort“, réagit de son côté le collectif Garde la pêche qui condamne le mode de sélection du projet et “la tentative de le faire valider ex-post par une assemblée citoyenne profondément autoritaire.“
“Renaissance”
Concrètement, la Maison populaire va pouvoir envisager son avenir en grand. “Les bâtiments en préfabriqué d’origine nous contraignent par leur vétusté. Nous y sommes aussi à l’étroit. Par exemple, il n’y a pas d’ateliers de construction pour le centre d’art qui sert aussi de hall d’entrée, le fab lab y a été aménagé au chausse pied, la pratique sportive y est limitée”, détaille Pauline Gacon, la directrice de l’association depuis 2019.
Dans les faits, la Maison populaire refuse chaque années près de 1 000 nouveaux adhérents. “Le futur site va donc nous permettre d’accroitre nos capacité d’accueil, mais aussi de nous projeter pour les 50 prochaines années. C’est une renaissance.”
10 millions d’euros
“L’un des grands atouts de ce nouveau lieu, c’est aussi sa valeur patrimoniale.” Sur le site de l’EIF, trois bâtiments datant du début du 20ème siècle seront conservés (la chaufferie, les ateliers et la teinturerie et le magasin de stockage) au titre de la conservation du patrimoine industriel de la ville.
La Maison populaire s’installera au fond du terrain avec un vaste espace pour les ateliers (1 040 mètres carrés), le centre d’art contemporain, le fab lab, une salle de concert, un dojo et un gymnase, ainsi que 250 mètres carré d’espaces communs. Si ajouteront une salle polyvalente et des tiers-programmes. “En quoi consiste ces tiers-programmes? Et comment sera aménagé le reste du site?“, s’interroge Samantha Lebrun qui souhaiterait que l’EIF s’ouvre aux associations des Mûrs-à-pêches.
Coût pour la mairie de cette programmation: 10 millions d’euros, sans compter les sources de financement supplémentaires envisagées, précise la commune.
Ce projet s’inscrit également dans le développement de cette partie du Haut-Montreuil: “Notre ambition est d’apporter une offre culturelle à proximité de quartiers qui en manquent cruellement“, souligne Gaylor Le Chequer. “La Maison populaire deviendra un élément structurant à proximité de la future station de tramway Théophile Sueur, de la piscine des Mûrs-à-pêches, de l’IUT de Montreuil.“
Pour ce qui de l’actuel site de la Maison populaire, la réflexion s’orienterait vers la création de résidences d’artistes.
Bonjour, pourquoi ne pas cumuler avec le projet de la médiathèque qui devait être place du marché des ruffins cela permettrai de garder un peu de végétalisation car le tramway va en prendre pas mal et les places ont été essentiel dans notre histoire !
A méditer.
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