Transports | | 03/10/2022
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Montreuil: l’exaspération face au manque de bus

Montreuil: l’exaspération face au manque de bus © CH

A Montreuil, les temps d’attente sur plusieurs lignes de bus dépassent souvent les 30 minutes. Après le lancement d’une pétition par le collectif des habitants du secteur Boissière, le maire de la commune, Patrice Bessac, interpelle Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et d’Ile-de-France mobilités (IDFM), le syndicat régional des transports.

C’est une catastrophe, il y a pas assez bus, il y a beaucoup d’agressions parce que les gens sont entassés et s’énervent“, peste Marine qui attend le 122 pour rentrer chez elle, dans le quartier des Murs à pêches. A 17h30 ce mercredi, le temps d’attente à la station Croix-de-Chavaux est de 32 minutes.

Sur la ligne 122, Gallieni-RER Val de Fontenay, les temps d’attente entre deux bus était de 30 à 35 minutes à 17h30 ce mercredi.

Jusqu’à une heure d’attente

Parfois on peut attendre une heure le bus, poursuit Marine. Ça m’est déjà arrivée de devoir prendre un Uber pour aller au travail. Je suis infirmière, je n’ai pas un salaire de ministre mais je ne peux pas dire à mes patients: désolé, le bus était en retard. Il faut qu’ils comprennent que Montreuil est une ville de plus de 100 000 habitants. Beaucoup gens n’ont ici que le bus pour aller travailler.

Certains voyageurs font état de délais entre deux bus qui peuvent atteindre 80 minutes. “Ça va mieux mais quand il n’y avait plus de 102 cet été, je devais toujours venir prendre le métro à pied. Mais il faut quand même être patient, ce matin à 7h00 à rue Saint-Denis, il y avait 30 minutes d’attente…“, commente avec lassitude Djeneba.

Comme Catherine, une retraitée qui attend patiemment à l’arrêt de bus, Marine a signé la pétition du collectif des habitants du quartier Boissière. Pour tout ce secteur du Haut-Montreuil, les difficultés ont été extrêmes entre juillet et septembre.

On s’est retrouvés privés de transports en commun. Après des agressions sur un chauffeur, la ligne 102 a été déviée du jour au lendemain. 8 arrêts n’ont plus été desservis. C’est pour cela que le collectif des habitants a lancé une pétition“, explique Frédéric Marion, président de l’association montreuilloise des usagers des transports en commun et membre du conseil de quartier Branly-Boissière, qui regrette que la ville n’ait pas alerté plus tôt IDFM sur le manque de bus.

Vers une plainte en justice?

Cette semaine, Patrice Bessac, maire de Montreuil et président de l’intercommunalité Est-Ensemble a lancé une autre pétition pour demander l’augmentation de la fréquence de bus.

L’initiative fait suite à la mise en place par la mairie d’un site informant les usagers des fréquences de passage en temps réel.

La situation n’a pas cessé de se dégrader“, s’emporte l’édile qui n’exclut pas “de provoquer une action de groupe” en justice. Les temps d’attente sont parfois de 30 à 45 minutes. Je comprends tout à fait la colère des habitants. Pour beaucoup, le bus est le seul moyen de se déplacer. Des quartiers qui sont mal desservis en transports se retrouvent complètement délaissés. Il faut revenir à une situation normale. C’est pour cela que je demande des mesures d’urgence.”

Patrice Bessac a écrit en ce sens le 20 septembre à Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, lui demandant “rétablir l’offre de transports d’avant crise [covid]”.

Dans un courrier adressé ce mardi aux habitants, il pointe la décision de réduire de 30% l’offre de transports publics entre octobre 2021 et le 31 décembre 2022, notamment sur 150 lignes de bus. “Cette mesure [liée à la crise sanitaire du Covid-19] ne présente désormais plus aucun intérêt public. Elle paraît davantage motivée par les économies de 40 millions d’euros annuels qu’a pu ainsi réaliser la région Île-de-France“, souligne-t-il.

Le maire de Montreuil met également l’accent sur la nécessité d’augmenter les salaires des chauffeurs de bus. “Avec 1 540 euros brut en début de carrière, c’est difficile de rendre attractif le métier“, considère-t-il, tout en estimant que la privatisation des lignes de bus a également des effets négatifs.

De son côté, Frédéric Marion estime que c’est l’organisation même du temps de travail des chauffeurs qui a revoir. “C’est aujourd’hui un métier où vous avez une large amplitude horaire: vous commencé tôt le matin, vous avez une coupure en milieu de journée et vous terminez tard le soir. Et le covid a fait beaucoup de mal. Beaucoup de chauffeurs ont choisi de faire autre chose. Maintenant on se retrouve avec des difficultés à recruter.”

Pour un service de qualité à Montreuil, il estime qu’il faudrait le double de conducteurs. “On ne va pas les trouver du jour au lendemain, alors il va falloir prendre son mal en patience“, souffle-t-il.

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