Après cinq nuits d’échauffourées, le procureur de Bobigny, Éric Mathais a appelé vendredi 1er avril au calme. Après l’ouverture d’une instruction, il a mis en examen le policier qui a tiré mortellement sur Jean-Paul, 33 ans, le 26 mars, lequel était au volant d’une camionnette appartenant à un prestataire avec qui il était en conflit. Une marche blanche était organisée samedi matin en mémoire du chauffeur livreur.
C’est désormais dans le cadre d’une instruction que sera menée l’enquête sur les circonstances de la mort de Jean-Paul, un habitant du quartier des Beaudottes à Sevran, tué par balle le 26 mars.
Le procureur de Bobigny, Éric Mathais, a annoncé samedi 2 avril la mise en examen du policier ayant fait feu sur lui pour “violences volontaires, avec arme, par personne dépositaire de l’autorité publique, ayant entrainé la mort sans intention de la donner.” “Il s’agit d’une qualification criminelle. La peine maximale encourue est de 20 ans de réclusion criminelle“, avait-il précisé la veille.
Ce fonctionnaire de la brigade anti-criminalité (BAC) de 32 ans a été entendu hier par un juge d’instruction. Le procureur de Bobigny avait également demandé son placement sous contrôle judiciaire.
Après un débat contradictoire, le juge des libertés et de la détention qui a été saisi par les magistrates en charge de l’instruction d’une ordonnance tendant au placement en détention provisoire du mis en examen, a décidé de son placement sous contrôle judiciaire.
Des circonstances à éclaircir
Évoquant le déroulement des faits tel qu’ils sont établis par l’enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), le procureur de Bobigny a souligné vendredi que “la temporalité était extrêmement courte“. La chronologie a pu être établie grâce à la vidéo-surveillance d’Aulnay-sous-Bois.
Vers 12h20, une première voiture sérigraphiée “police nationale” repère à Aulnay-sous-Bois un véhicule signalé volé. Elle est rejointe par un équipage de la BAC. La circulation est dense à cette heure-là rue Suzanne Lenglen. L’un des policiers de la BAC entreprend de procéder à l’interpellation et sort de sa voiture.
“A 12h23 et 10 secondes le policier de la BAC se positionnait au niveau de la portière avant gauche de la camionnette, lorsque le conducteur redémarrait. Il armait ensuit son bras et tirait en direction du véhicule à 12h23 et 13 secondes“, a indiqué Eric Mathais.
Lors de sa première audition, a-t-il rapporté, le policier dit “s’être placé à la hauteur de la vitre du conducteur, avoir levé son arme en criant “police”. Il disait avoir tenté d’ouvrir à plusieurs reprises la portière qui était verrouillait. Il voyait le conducteur enclencher une vitesse et accélérer fortement. Le fonctionnaire de la BAC se disait déséquilibré et entendait, à ce moment-là, le coup de feu qu’il tirait.” Réentendu durant sa garde à vue qui a été prolongée jusqu’au 31 mars, celui-ci a affirmé “globalement s’être senti en état de légitime défense de lui-même et des autres piétons présents sur les lieux et avoir fait feu pour cette raison.“
Le procureur de Bobigny a par ailleurs précisé que le brigadier de police n’a aucun antécédent disciplinaire.
Trois autres policiers présents sur les lieux ont également été entendus par l’IGPN. “Il ressortait de leurs auditions que la scène s’était déroulée très rapidement, certains d’entre eux n’ayant pas vu directement les faits“, a-t-il souligné.
Appel au calme
Eric Mathais a rappelé que le policier mis en cause demeure présumé innocent. “Cette affaire ne saurait donner lieu à un procès anticipé, sur la voie publique, et sur la base d’informations fondées ou non, tirées de la procédure ou encore de rumeurs“, a-t-il signalé avant de détailler la nature des incidents qui se sont produits depuis le 26 mars à Sevran, Aulnay-sous-Bois, Tremblay-en-France et Villepinte.
A la suite de ces échauffourées, 41 interpellations ont été effectuées pour “violences, dégradations, rébellions ou participation à un groupement en vue de commettre des violences.” 15 personnes ont été déférées en vue d’une comparution immédiate, huit mineurs ont été présentés à un juge des enfants et deux personnes sont en garde à vue.
“Si l’émotion est légitime, les réactions de colère ou d’indignation, lorsqu’elles se traduisent par des actes délictueux ne peuvent que compliquer ce travail de justice à la recherche de la vérité“, a déclaré le procureur de la République. “J’en appelle au calme pour faciliter la manifestation de la vérité.”
Ce samedi 2 avril, une marche blanche a réuni quelques centaines de personnes au départ d’Aulnay-sous-Bois, en mémoire de la victime.
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