Le procureur de Bobigny a indiqué ce mardi qu’aucun motif discriminatoire n’a, pour l’instant, été établi pour expliquer l’agression de Jérémie Cohen. L’homme de 31 ans avait été percuté par un tramway, le 16 février, à Bobigny (Seine-Saint-Denis) après avoir échappé à une altercation.
“Il ne ressort pas des témoignages recueillis jusqu’à présent que l’agression ait été commise pour des motifs discriminatoires“, a déclaré Eric Mathais, le procureur de Bobigny mardi 5 avril.
“Aucun élément ne permet, à ce jour, d’établir avec certitude que la victime était porteuse de manière apparente, ou non, d’une kippa au moment de la scène de violence“, a-t-il ensuite ajouté.
Récupération politique
La veille, l’annonce de l’ouverture d’une information judiciaire pour déterminer les circonstances de la mort de Jérémie Cohen avait provoqué une onde de choc dans la classe politique et les médias.
Sur les réseaux sociaux, Éric Zemmour, candidat d’extrême-droite (Reconquête) à l’élection présidentielle, a été le premier à réagir: “Est-il mort pour fuir les racailles? Est-il mort parce que juif? Pourquoi cette affaire est-elle étouffée?” Dans une interview sur une grande chaine de télévision, celui-ci a par ailleurs fait savoir que le père de la victime lui aurait écrit pour qu’il médiatise l’affaire. Marine Le Pen (RN) a, quant à elle, évoqué la possibilité d'”un meurtre antisémite“.
Yannick Jadot (EELV), Jean-Luc Mélenchon (LFI), Valérie Pécresse (LR), Nathalie Arthaud (LO), ont également commenté ce drame, tandis que le président-candidat Emmanuel Macron a demandé “la clarté complète” sur cette affaire tout en taclant les tentatives de “manipulations politiques.“
Une vidéo à la source de la deuxième enquête
Agé de 31 ans, Jérémie Cohen avait été pris à parti le 16 février, quelques minutes avant d’avoir été percuté le tramway T1,” peu après 20h00“, selon l’enquête de police. C’est lorsque les violences se sont arrêtées qu’il aurait traversé la chaussée, puis les voies. Le lendemain, il décédait de ses blessures.
Une première enquête a alors été confiée au commissariat de Bobigny pour “homicide involontaire par conducteur.” Mais la responsabilité pénale du conducteur du tramway a été écartée et cette enquête a été classée sans suite le concernant le 22 février.
“Aucune vidéo de la commune et de la RATP n’étaient positionnées sur ce secteur“, a informé Eric Mathais. Il faudra attendre le 10 mars pour que le commissariat de Bobigny prenne connaissance d’un enregistrement du drame. C’est celui qui a été mis en ligne sur les réseaux sociaux.
“L’exploitation de cette vidéo permettait de constater que plusieurs individus portaient des coups à la victime devant le hall du 181 avenue de Jean Jaurès à Bobigny“, signale le procureur de la République. Dès le 11 mars, le parquet ouvrait une deuxième enquête pour “violences volontaires volontaires en réunion“, en parallèle de la première.
De nouvelles réquisitions ont par ailleurs été adressées aux bailleurs des immeubles proches du lieu de l’altercation pour obtenir les images de leur système de vidéosurveillance. Un service spécialisé est chargé de récupérer les vidéos écrasées automatiquement après un certain délai.
Depuis le 29 mars, une information judiciaire est ouverte, pour “violences volontaires en réunion ayant entrainé la mort sans intention de la donner.”
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