Qu’est-il arrivé à Théo, 28 ans, retrouvé mort dans sa cellule le 11 janvier au matin alors qu’il était en détention provisoire depuis le 2 décembre à la maison d’arrêt de Fresnes pour “refus de se soumettre à l’inscription aux fichiers de police”?
C’est lors du procès, qui était prévu au tribunal correctionnel de Créteil ce même 11 janvier, que sa mère, présente à l’audience, a appris son décès…
Selon le rapport d’autopsie, consulté par l’AFP, le jeune homme était “nu, à même le sol”, lorsqu’il a été retrouvé. Aucune trace de sang ou de vomi n’est visible.
Cet homme à l’apparence physique solide (1m77, 78 kilos) était seul en cellule. Il suivait un traitement médical pour des problèmes cardiaques et était suivi par le psychiatre de la prison.
Troubles psychiatriques
Selon les premières données de l’enquête, Théo “supportait mal sa détention et avait été à l’origine de plusieurs incidents. Il avait l’habitude de se mettre nu et d’ouvrir la fenêtre de sa cellule. Il faisait l’objet d’un suivi psychiatrique mais n’avait pas de traitement”.
Peut-être que ses troubles peuvent expliquer l’état de sa cellule. Toujours selon les premiers éléments de l’enquête, “il y avait plein de nourriture écrasée à même le sol, deux couvertures imbibées d’urine par terre près du lavabo, des projections de nourriture au mur…”.
Le parquet de Créteil a immédiatement ouvert une enquête pour recherche des causes de la mort et fait réaliser une autopsie mais cette dernière s’avère peu concluante. Le décès “survient dans un contexte de syndrome asphyxique aspécifique” selon le rapport, qui note également une “absence de lésion de prise, de défense et de maintien”.
Des expertises anatomopathologiques (examen des cellules et des tissus, NDLR) et des analyses toxicologiques supplémentaires sont en cours et pourraient prendre deux mois, selon une source proche du dossier.
Suicide? Empoisonnement? Mort accidentelle? “Pour l’heure, ce décès dramatique reste un mystère et la famille de Théo attend des réponses claires de l’instruction en cours. Aucune piste ne semble pouvoir être écartée à ce stade”, ont déclaré à l’AFP les avocats de la famille.
Selon une source proche du dossier, Théo avait été placé dans un quartier disciplinaire dans le courant du mois, où il avait dégradé sa cellule avant d’être interné plusieurs jours dans une unité hospitalière spécialement aménagée.
Positif au Covid-19 lors de son retour à Fresnes, il avait été placé dans une “zone Covid” au sein de l’établissement avant d’être dirigé vers le bâtiment D1.
Selon une source à l’intérieur de la prison, “les surveillants l’ont entendu faire du bruit dans sa cellule la nuit de sa mort”.
Plusieurs agents ont été entendus par les policiers au commissariat de L’Haÿ-les-Roses, en charge de l’enquête.
“Nous avons sollicité l’audition de plusieurs voisins de cellule et autres détenus, dont le témoignage pourrait apporter des éléments essentiels à l’enquête”, ont par ailleurs annoncé les avocats de la famille du défunt.
“Des investigations internes sont en cours, de nature à déterminer l’existence d’éventuels manquements ou dysfonctionnements qui justifieraient de diligenter une mission d’inspection”, indique l’administration pénitentiaire.
Deuxième plus gros établissement pénitentiaire de France après Fleury-Mérogis, la prison de Fresnes, bâtie à la fin du XIXe siècle, est aussi l’une des plus vétustes, plusieurs fois épinglée pour ses conditions de détention jugées indignes, souvent en surpopulation.
En octobre, le Conseil d’Etat a définitivement condamné l’Etat à y effectuer d’importants travaux de rénovation.
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