La famille de Theo Sanha, un homme de 28 ans mort en détention en janvier à Fresnes, a porté plainte contre X pour homicide involontaire et omission de porter secours.
Cette plainte, déposée lundi auprès du parquet de Paris et consultée par l’AFP, pointe du doigt “une série de dysfonctionnements directement imputables à la maison d’arrêt de Fresnes” qui ont conduit à la mort de ce détenu, “dans un état psychiatrique profondément dégradé au moment de son incarcération”.
Selon les observations de l’administration pénitentiaire, les jours précédant sa mort, Theo Sanha vivait dénudé dans sa cellule, les fenêtres ouvertes. Il urinait et déféquait sur ses affaires et poussait régulièrement des cris inquiétants.
La plainte cite notamment un rapport de fonctionnement de l’Inspection générale de la justice (IGJ) paru en cours d’année.
Selon ce document consulté par l’AFP, son profil aurait nécessité une “réaction individuelle ou collective de prise en charge adaptée” et non une “gestion déshumanisée, ostensiblement distanciée et inadaptée”, alors que Theo n’avait en face de lui “que des personnels en tenue d’intervention, camouflés derrière un bouclier”.
Ecroué le 2 décembre 2021, il devait être jugé en comparution immédiate le 11 janvier 2022, le jour de sa mort, pour non-respect d’une mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance.
La plainte dénonce également un manque de rigueur des surveillants, l’un d’entre eux étant passé devant sa cellule “sans procéder à la vérification réglementaire” tôt le matin même de sa mort, “à un moment où il était peut-être encore en vie”.
“Les faits dénoncés sont particulièrement graves et il est impératif de faire la lumière sur toutes les défaillances de l’administration pénitentiaire dans la gestion de Monsieur Sanha”, ont estimé auprès de l’AFP les avocats de sa famille, Antoine Ory et Sidra Salim.
Avec six mentions sur son casier judiciaire notamment pour vols, recel et escroquerie, Theo Sanha suivait un traitement médical pour des problèmes cardiaques et était suivi par le psychiatre de la prison. Sur ses 41 jours de détention à Fresnes, il a fait l’objet de 25 consultations médicales, dont cinq psychiatriques.
En plus de l’information judiciaire initiale pour recherche des causes de la mort, une procédure sur “des faits susceptibles de constituer une omission de porter secours à personne en danger” a été ouverte par le parquet de Créteil après ce rapport de l’IGJ, et dépaysée à Paris.
Ces deux enquêtes sont distinctes de la plainte déposée lundi par la famille.
Trois agents mis en cause par le rapport de l’IGJ ont été sanctionnés en conseil de discipline national.
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