Deux adolescents ont été interpellés jeudi matin après de nouvelles échauffourées entre lycéens et policiers près du lycée Joliot-Curie à Nanterre, qui connaît de vives tensions en raison notamment de la fin de l’aide aux devoirs – sur laquelle ils ont obtenu gain de cause – et qui a été fermé jusqu’à vendredi.
Il s’agit de deux garçons mineurs, l’un scolarisé au lycée Joliot-Curie et le second dans un autre lycée de Nanterre, selon une source proche du dossier.
Une enquête, confiée à la sûreté territoriale des Hauts-de-Seine, a été ouverte pour attroupement armé par des individus masqués et violences aggravées sur personnes dépositaires de l’autorité publique, a précisé à l’AFP le parquet.
Jeudi soir, l’académie de Versailles a annoncé dans un communiqué que, “pour assurer un climat scolaire serein”, elle allait “renforcer le dispositif d’aide aux élèves dès le 17 octobre”, une des revendications des lycéens, et qu’elle déploierait bientôt deux assistantes pédagogiques pour “accompagner les élèves qui en font la demande”.
De nouveaux moments de tensions ont eu lieu jeudi matin aux abords du lycée, selon l’académie de Versailles, qui a annoncé la fermeture jusqu’à vendredi de cet important établissement accueillant 1.700 élèves.
Une cinquantaine d’individus, le visage dissimulé, se sont regroupés devant le lycée pour empêcher l’accès aux élèves, selon la préfecture des Hauts-de-Seine qui précise dans un communiqué qu’ils ont “violemment pris à partie des lycéens, passants, automobilistes et policiers”.
Quatorze jeunes avaient été interpellés mardi dans la matinée. Des projectiles avaient été lancés vers les forces de l’ordre, comme jeudi.
Le lycée Joliot-Curie connaît de vives tensions depuis la mutation d’un enseignant et syndicaliste, Kai Terada, fin septembre.
Lundi et mardi, les élèves ont bloqué l’établissement principalement pour protester contre la fin du dispositif d’aide aux devoirs, contre le règlement intérieur et le cadre d’application du principe de laïcité, mais aussi en soutien à l’enseignant muté.
Les professeurs du lycée ont exprimé jeudi dans un communiqué transmis à l’AFP leur “très vive émotion, colère et inquiétude face à cette situation qui s’enlise”. “Nous tenons à rappeler la légitimité des revendications de nos élèves et l’indépendance de leur mouvement”, ont-ils indiqué.
Trois jeunes, sur les quatorze interpellés mardi, seront convoqués devant le tribunal pour enfants en audience de culpabilité, pour violences aggravées.
Kai Terada, professeur de mathématiques également co-secrétaire de Sud Éducation 92, et trois autres enseignants ont été récemment mutés “pour reconstruire un climat apaisé” au sein du lycée, selon l’académie de Versailles.
L’arrêté de mutation reçu par Kai Terada évoque une activité “en dehors des instances de dialogue social de l’établissement ou de l’exercice normal d’une activité syndicale”, selon plusieurs syndicats enseignants qui accusent l’académie de “discrimination syndicale” et demandent la “levée des sanctions”.
“Nous tenons à souligner notre mise en danger et notre sentiment d’abandon par un pilotage incohérent et déconnecté du terrain de la part de nos hiérarchies”, a estimé de son côté le personnel du lycée.
La ville de Nanterre a pour sa part annoncé qu’elle avait reçu dans la journée de jeudi une délégation d’une quinzaine de lycéens et une autre de parents d’élèves.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.