| 11/03/2022
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Nogent-sur-Marne: le maire fait fermer le magasin de cannabidiol (CBD)

Nogent-sur-Marne: le maire fait fermer le magasin de cannabidiol (CBD)

Ouvert ce samedi en centre-ville de Nogent-sur-Marne, le magasin de cannabidiol (CBD) n’a pas fait long feu. Le maire a pris un arrêté de fermeture et veut faire changer la loi pour empêcher l’implantation de ces lieux de vente à proximité des écoles. Le gérant espère de son côté pouvoir rouvrir très vite. Explications.

Après quelques années de rodage avec au passage un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne jugeant illégale l’interdiction de la commercialisation de cannabidiol (CBD) en France, celle-ci est autorisée et encadrée. Pour rappel, le CBD est l’une des substances actives les plus connues du cannabis avec le THC (Tétrahydrocannabinol). Contrairement au THC qui provoque des effets psychotropes et est utilisé à ces fins, mais reste à ce jour interdit en France, le CBD est pour sa part utilisé pour ses effets relaxants.

La situation juridique reste néanmoins très mouvante avec, dernier rebondissement en date, une décision du Conseil d’Etat en janvier 2022 qui a partiellement assoupli l’arrêt encadrant la vente de ces produits publié fin décembre 2021.

Actuellement, la vente de résine et fleurs de certaines variétés de cannabis ou de produits transformés issus du cannabis est autorisée à condition que leur taux de THC ne dépasse pas 0,3%.

Un magasin 100% CBD

C’est ce que propose justement Green Dream, l’enseigne qui s’est installée à Nogent-sur-Marne. Le magasin commercialise à la fois des résines, fleurs, huiles et infusions. L’entreprise, qui cultive un look sobre et zen, a déjà ouvert deux magasins en Haute Normandie à Barentin et à Duclair et s’apprête à en ouvrir un troisième près de Rouen. Nogent-sur-Marne est la première commune proche de Paris dans laquelle la petite PME s’est implantée. “Cette ouverture nous permet de viser une population plus importante car rien qu’à Nogent il y a plus de 30 000 habitants alors que jusqu’à présent nous sommes dans des villes de plutôt 10 000 habitants. L’emplacement, en plein centre-ville, nous a également séduits”, explique Flamur, l’un des deux cofondateurs de cette jeune pousse.

Le magasin a ouvert ce samedi 5 mars, avec le même cadre épuré. “La majorité des clients qui sont passés ont tous apprécié”, relève l’entrepreneur. En ville toutefois, la présence de ce temple du CBD n’a pas séduit tout le monde et mardi matin, un arrêté pris par le maire LR, Jacques J-P Martin, fermait le magasin.

Le maire veut interdire la vente de CBD à côté des établissements scolaires

“Nous n’avons reçu aucune demande d’autorisation préalable d’aménagement, accessibilité, sécurité… Nous avons découvert le magasin le jour de son ouverture, explique-t-on au cabinet du maire qui détaille les deux raisons qui ont motivé l’arrêté : la non conformité aux normes incendie et la proximité du pôle scolaire avec des écoles, collège et lycées en face. “Le maire n’est pas contre la liberté de commerce mais il souhaite préserver les jeunes générations et va mobiliser son réseau de parlementaires afin de faire évoluer la loi pour empêcher l’implantation de ces lieux de vente à proximité des écoles notamment.” Une limitation qui serait du même ordre que celle qui vise les débits de boisson alcoolisée par exemple.

Une vente de CBD très encadrée

“D’ordinaire, nous nous présentons toujours au maire avant de démarrer mais cette fois nous n’avons pas pu le faire pour des raisons pratiques. Nous avons vérifié tous les éléments de conformité et allons terminer le dossier d’urbanisme”, indique Flamur qui insiste sur la rigueur de son entreprise dans la commercialisation des produits. “Tous nos pochons sont scellés à chaud afin de garantir le taux maximal de THC et nous ne vendons pas aux jeunes de moins de 18 ans. Cela est rappelé clairement sur la devanture du magasin. Nous ne faisons par ailleurs aucunement la promotion du cannabis”, rappelle-t-il, confiant dans l’amélioration des relations avec l’administration locale. “En Haute Normandie, nous travaillons avec les gendarmes qui vont venir entraîner leurs chiens dans une de nos boutiques. Certains médecins nous envoient aussi des patients”, confie-t-il.

Au-delà du cas nogentais, les conditions de déploiement de cette nouvelle filière, qui constitue un véritable enjeu économique tout en soulevant des résistances sociétales, pourraient encore évoluer, le temps que le cadre juridique soit totalement stabilisé. Même si celui-ci a été nettement précisé depuis les premières expérimentations de distribution, qui avaient déjà fait polémique en Val-de-Marne.

La légalisation de la vente de cannabis, autorisée dans un certain nombre de pays, n’est en revanche pas du tout à l’ordre du jour en France actuellement, même si des députés (LR) ont lancé le débat récemment.
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