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Mouvement social | | 29/03/2022
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“On a les mains dans le caca tous les jours”: grève des employés de Sapian à Villejuif

“On a les mains dans le caca tous les jours”: grève des employés de Sapian à Villejuif

Article modifié le 30 mars 2022 à 12h, en prenant en compte les réactions de Xavier Rossignol, Directeur des Ressources Humaines de Sapian.

Les employés de la société d’hygiène Sapian ont démarré une grève nationale pour les salaires ce lundi, à l’appel de leur intersyndicale. Reportage sur le piquet de grève de Villejuif où une trentaine de travailleurs de la branche assainissement ont manifesté leur ras-le-bol.

Gilets rouges pour la CGT, oranges pour la CFDT, les grévistes étaient au rendez-vous dès 7h30 sur le parking des locaux de Sapian, avenue de la République, à quelques encablures de la station Louis-Aragon, se restaurant autour d’un barbecue. Depuis cette antenne spécialisée dans l’assainissement des égouts et des canalisations, des agents se déplacent dans toute l’Ile-de-France pour régler les problèmes de canalisations d’immeubles appartenant à de grands bailleurs sociaux comme Paris Habitat ou Foncia. Le groupe opère également dans l’hygiène de l’air, la protection incendie, ou encore dans la maîtrise des nuisibles.

Lire : A Vitry-sur-Seine, les furets chassent les rats de la dalle Robespierre

Sur le piquet, l’ambiance est festive mais les témoignages de frustrations fusent. “J’ai 25 ans de boîte. Récemment, j’ai demandé une augmentation de de salaire pour la première fois de ma carrière. On m’a répondu : “Qu’est ce que vous apportez à la société ?” Quand j’ai un peu insisté, on m’a dit que si je n’étais pas content, je n’avais qu’à aller faire caissier à Carrefour”, illustre Frédéric, veste de motard sur les épaules.

Une hausse des salaires pour rattraper l’inflation

Selon Sylvain Gauchard, représentant national CGT chez Sapian, la grève s’est étendue dans une dizaine d’agences parmi les 36 du groupe. Les trois succursales franciliennes de Voisin-le-Bretonneux, Saint-Ouen et Villejuif participent notamment. Principale revendication : l’augmentation des salaires pour rattraper l’inflation. Ces trois dernières années, les grévistes déclarent n’avoir eu des augmentations inférieures à la hausse des prix, et ne permettant donc pas d’enrayer leur perte de pouvoir d’achat.

Ces derniers affirment même n’avoir eu aucune augmentation de salaire en 2020, année ou l’inflation se chiffrait à 0,5%. Des déclarations en partie contestées par Xavier Rossignol, DRH de Sapian : s’il reconnaît en effet que les hausses de salaires en 2021 et 2022 étaient inférieures au taux d’inflation, il affirme en revanche que Sapian a octroyé une augmentation de 1,1% à ses salariés en 2020. “Une grande partie de nos clients étant les cafés, les hôtels et les restaurants, notre groupe a beaucoup souffert du COVID. Nous n’avons pas généré de profits en 2020 et 2021, et malgré la reprise, notre chiffre d’affaire n’est pas encore rétabli”, justifie l’employé du siège. Selon le DRH, une nouvelle augmentation générale de 2,3% prendra effet au mois d’avril – une hausse tout de même inférieur à l’inflation de 3,7% attendue en 2022 par la Banque de France.

Xavier Rossignol fait également valoir les augmentations individuelles, réservées aux employés les plus méritants. En tout 0,2% de la masse salariale sont répartis sur entre 10 et 20% des 1200 employés non-cadres. Une méthode que refusent en bloc les syndicats, y voyant un moyen de diviser les employés : “Les augmentations sont destinées aux favoris de la direction. Nous voulons une augmentation générale, et rien d’autre !”, explique Lahcen, délégué CFDT au Comité Social et Économique (CSE) du site de Villejuif.

Une trentaine de grévistes se sont rassemblés sur le parking de l’antenne Sapian de Villejuif

Autre irritation : ce mail reçu par les employés la semaine dernière, leur demandant de choisir les stations services les moins chères pour faire le plein en raison de la hausse du prix des carburants. De quoi agacer alors que les agents passent déjà 2 à 3h dans les transports, expliquent-ils. “Certes, certaines personnes utilisent leur voiture de fonction pour des déplacement personnels mais les agents qui conduisent des poids lourds et des véhicules de service [de gros pickup Toyota deux places, équipés de matériel de travail, ndlr] ne sont pas dans ce cas-là. On ne veut pas avoir à payer pour tout le monde !” proteste Lahcen.

Face à la fronde, Xavier Rossignol évoque à nouveau la santé économique du groupe : “Le carburant, constitue notre deuxième poste de dépenses après les salaires. Nous avons simplement appelé les employés à ne pas prendre les carburants les plus chers, comme l’Excellium par exemple, et à avoir une conduite fluide. En bref, à faire preuve de bon sens.”

Besoin de reconnaissance

Mais au-delà même des aspects financiers, les employés se sentent insuffisamment valorisés. A l’instar de Philippe, “urgentiste” depuis plus de 20 ans, toujours au taquet pour réparer et colmater les plus grosses fuites. “Vous ne pouvez pas vous imaginer le stress qu’on a. On a les mains dans le caca toute la journée. C’est nous qui aidons les gens quand ils sont dans la merde, littéralement. Quand les fuites les poussent à bout, c’est souvent nous qui prenons, on nous insulte. On se déplace partout en Ile-de-France, y compris de nuit lorsque nous sommes d’astreinte. Pas plus tard qu’hier, j’ai commencé à m’endormir au volant.”

Ce mardi, les assainisseurs de Villejuif et leurs collègues franciliens ont exporté leur mouvement au siège social de Sapian, à Puteaux, sans réussir à obtenir d’accord avec la direction. La grève était encore en cours ce mercredi. Le mouvement pourrait être reconduit au mois d’avril.

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