Habitants de Pantin, Aubervilliers et du 19ème arrondissement de Paris, ils étaient environ 300 à manifester samedi soir contre le campement de toxicomanes installé depuis six mois, place Auguste Baron.
“Ça ne peut pas durer“, souffle Raymond. Il vit depuis plus de cinquante ans dans d’une cité HLM d’Aubervilliers juste derrière la tour La Villette. “Je suis né en 1943 et je n’ai jamais vu une telle façon de traiter les gens.” Il fait référence aux toxicomanes évacués des jardins d’Eole (18ème arrdt) et installés depuis le 24 septembre dans le petit square à la sortie de l’ancien passage Forceval. Mais Raymond parle aussi des habitants qui subissent leur vagabondage et leur mendicité dans les rues d’Aubervilliers, de Pantin et du 19ème arrdt. “J’aime mon quartier, le 93 ce n’est pas une poubelle. Maintenant je vois que les gens partent,” se désole-t-il.
Six mois pour le collectif anti-crack
Pour marquer les six mois de leur arrivée dans le quartier, le collectif anti-crack a organisé samedi 26 septembre une nouvelle manifestation. La onzième. “Que fait l’Etat?“, interroge Dominique Gamard qui s’est faite la porte-parole des habitants. “Force est de constater qu’il se moque de nous“.
Face à la “surdité des pouvoirs publics”, le collectif a demandé à une compagnie de théâtre récemment arrivée à Aubervilliers de singer la réponse politique à la situation. Sous le regard des maires d’Aubervilliers, Pantin et du 19ème arrdt, Nikos Samagas a appelé tour à tour Quentin Déraille, Valérie Destresse et Gérard Darmalin qui a inauguré le “quartier de la défonce.”
“On cracke”
La parodie interprétée sur une estrade installée rue Emile Reynaud n’a pas été du goût de tout le monde. Tarak Sassi, de l’association la Remontée, a notamment critiqué l’initiative. “Nous n’avons pas besoin de théâtre, nous avons besoin d’action“, a-t-il interpellé les comédiens à l’aide d’un mégaphone.
Dominique Gamard justifiera la parodie par la volonté de “se moquer de l’Etat”.
Sur le parcours de la manifestation, de nombreux commerçants lèvent des pancartes “On cracke”, préparées par le collectif anti-crack 93. “Le soir c’est devenu insupportable”, déclare Mohamed Ali, employé dans un restaurant avenue Jean-Jaurès. Plus loin, les pharmaciennes des quatre communes disent leur sentiment d’insécurité: “On a peur. Il n’y a rien eu de grave pour l’instant, mais il y en a parfois qui viennent voler des choses pour les revendre.”
En tête de cortège, tenant la banderole “Soignez-les! Protégez-nous!”, Alphi, 35 ans, “Ce n’est plus possible. On est maintenant coincé entre le Malborobled aux Quatre Chemins et le crack à La Villette. Ce que je vois c’est le mépris total pour les habitants d’ici.
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