Le cinéma parisien d’art et d’essai la Clef, occupé depuis des mois par des militants qui s’opposent au repreneur, le groupe SOS, a été évacué “dans le calme” mardi matin, a indiqué la préfecture de Police de Paris.
Début février, le tribunal administratif de Paris avait “enjoint à l’État de délivrer le concours de la force publique dans un délai de deux mois” pour faire cesser l’occupation de ce lieu de transmission fondé dans les années 1970.
“A l’approche de la fin de ce délai, les ultimes discussions n’ayant pas abouti avec les occupants, le préfet de police a mis en œuvre la décision du juge”, précise la Préfecture de Police.
Dernier cinéma associatif de Paris, situé dans le quartier latin, il était occupé par des militants depuis des mois, ses murs ayant été mis en vente par son propriétaire, le Comité d’entreprise des Caisses d’Épargne.
Ses occupants s’opposaient au rachat par le Groupe SOS, qui avait mis 4,2 millions d’euros sur la table pour le cinéma, situé dans un quartier en proie à la spéculation immobilière.
Le groupe SOS, l’une des plus grosses associations de l’économie sociale et solidaire (21 000 salariés), présent dans l’emploi, les seniors, la jeunesse ou encore la culture, a toujours dénoncé un procès d’intention, s’engageant à en préserver l’activité de cinéma art et essai.
Dans un communiqué publié mardi, le groupe estime que “nos multiples tentatives de construction d’un projet commun, aux côtés du collectif, n’ont pas abouti (…)”. Et d’indiquer qu’il ne renouvellera pas “la promesse d’achat qui nous lie au CSE des Caisses d’Epargne IDF en l’état actuel des choses”.
“Nous pourrons participer à la construction du projet, à la condition qu’il soit un modèle de construction collective avec les acteurs publics (Ville de Paris, Région, État) et ceux du monde du cinéma qui souhaitent inventer l’avenir de ce lieu. Cette condition n’est pas aujourd’hui remplie”, insiste-t-il.
Soutenu par des dizaines de personnalités de la culture et du 7e art, de Mathieu Amalric à Annie Ernaux en passant par Jonathan Cohen et Agnès Jaoui, le collectif de militants refuse de rendre les clés des lieux, estimant n’avoir “aucune garantie juridique” sur la poursuite de l’activité du cinéma, et dénonçant une reprise “par un groupe milliardaire dont les pratiques néolibérales minent peu à peu le milieu associatif”.
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