2024, à l’heure pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, tel est l’objectif que se sont donnés l’Etat et les collectivités pour plonger à nouveau dans la Marne. En attendant, pas de dérogation, y compris pour le Big Jump du 10 juillet, manifestation symbolique lancée par une ONG européenne pour sensibiliser à la protection des rivières, et que la ville de Saint-Maur-des-Fossés met chaque année à l’honneur. Son maire, Sylvain Berrios, espérait pouvoir aller au-delà du plongeon symbolique cet été pour organiser une vraie baignade, faisant état des bons résultats d’analyse de la qualité des eaux. Rappel du contexte et explications.
C’est en effet la piètre qualité des eaux, en raison des rejets massifs d’eaux usées non canalisées, de la proximité d’industries et du ruissellement des routes remplies d’automobiles, qui a conduit à l’interdiction de se baigner dans la rivière en 1970, mettant fin à des étés noirs de monde sur les plages des bords de Marne. Depuis les années 1990 toutefois, les préoccupations écologiques des populations sont montées en puissance, avec la volonté de retrouver des espaces naturels sains même en ville. Dans ce contexte, disposer d’une rivière suffisamment propre pour s’y baigner constitue l’aboutissement d’une reconquête de la nature sur les pollutions urbaines.
Un gros effort de dépollution des eaux
En amont de Paris, les collectivités s’activent donc depuis maintenant de nombreuses années à améliorer la qualité des eaux, dans le cadre du syndicat Marne vive.
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4 sites de baignade dans la Marne en Val-de-Marne
Concrètement, cinq sites ont été retenus pour accueillir des baignades d’ici 2024, quatre en Val-de-Marne à Saint-Maurice, Nogent-sur-Marne, Champigny-sur-Marne, Saint-Maur-des-Fossés, et un en Seine-et-Marne à Chelles. A noter que d’autres sites existent déjà plus en amont de Paris, comme par exemple la plage de Meaux en Seine-et-Marne. Concernant ces nouveaux sites, il ne s’agira pas de plages complètement libres mais plutôt de piscines autoportées dans la rivières, surveillées par des maîtres nageurs. Au-delà de la qualité des eaux, se posent en effet des questions de sécurité et de cohabitation entre nageurs et circulation fluviale.
Big Jump : le plongeon 2022 restera symbolique
En attendant 2024, un moment festif symbolise chaque année cette volonté de se baigner à nouveau dans la rivière, le Big Jump. Cette manifestation, lancée en 2002 par l’ONG European rivers network, propose à chaque citoyen du continent de plonger dans les eaux vives des rivières tous les 10 juillet à 15 heures. A Saint-Maur-des-Fossés, ce geste symbolique est devenue un rendez-vous festif organisé chaque année au beach club. A deux ans des Jeux olympiques et paralympiques, la ville souhaitait cette année aller plus loin en organisant une vraie baignade, et non un plongeon symbolique. Une dérogation avait donc été demandée à la préfecture du Val-de-Marne, motivée par le fait que l’analyse des eaux s’améliore d’année en année et pour contribuer à la sensibilisation de la population sur ces enjeux autour de l’eau.
Vendredi 24 juin toutefois, la décision de la préfecture a fait l’effet d’une douche froide, refusant toute dérogation à l’arrêté de 1970 interdisant la baignade. De quoi susciter la colère du maire de Saint-Maur, Sylvain Berrios (LR).
Coup de gueule du maire de Saint-Maur
“La Préfecture du Val-de-Marne et l’Agence Régionale de Santé (ARS) considèrent donc, en dépit des campagnes de mesures réalisées chaque année et des données très encourageantes sur la qualité de l’eau, que la situation est inchangée depuis plus de 50 ans”, regrette le maire et président du syndicat Marne Vive, dans un communiqué publié ce lundi soir. “C’est une immense déception. Sans même attendre le résultat des mesures, et alors que les relevés des années précédentes démontrent que la Marne est baignable 37 jours par période estivale, l’État a pris cette décision de façon unilatérale”, témoigne l’élu pour qui “cette décision revient à remettre en cause la possibilité de réaliser les épreuves des JO 2024 dans la Seine…dont la Marne est le principal affluent !”, car “si on ne peut se baigner dans la Marne, alors on ne pourra pas se baigner dans la Seine”, poursuit encore l’édile. “L’État se noie dans le verre d’eau de ses principes en refusant de tenir compte des mesures et de l’immense travail réalisés. Avec ce raisonnement il n’y aura pas de JO dans la Seine en 2024 !” achève-t-il en punchline.
Rappelant qu’une “baignade autorisée et surveillée limite le risque inhérent aux baignades sauvages tant pour la préservation de la biodiversité que pour la sécurité des personnes”, la municipalité demande à la préfecture de “revoir de toute urgence sa position en tenant compte des résultats probants et robustes permis par plus de deux décennies d’engagement.”
La préfecture motive son refus
De son côté, la préfecture du Val-de-Marne motive son refus d’une baignade tout en expliquant que cela ne remet pas en question le Jump ni même des animations comme le paddle. “La baignade est interdite dans les eaux de la Marne et la Seine dans le Val de Marne depuis un arrêté préfectoral de 1970, du fait des risques sanitaires liés à la mauvaise qualité de l’eau (notamment la concentration excessive de la bactérie Escherichia Coli, agent pathogène d’affections abdominales). En revanche, les activités nautiques comme le paddle peuvent sous certaines conditions être autorisées. Un protocole de surveillance environnementale a été mis en place par le syndicat Marne Vive avec l’accompagnement de l’agence régionale de santé. L’avis de l’ARS du 17 juin 2022 indique que même si la qualité de l’eau s’améliore, elle n’est pas encore propre à la baignade. En conséquence, la préfecture donne son accord à la tenue de la manifestation Big Jump prévue à Saint-Maur le 10 juillet mais sans autoriser la baignade dans la Marne lors de cet évènement (ni aucune baignade dans la Marne et la Seine cet été)”, précise la préfecture.
Concernant 2024, la préfecture rappelle sa participation dans les mesures en cours pour atteindre les objectifs. “Pour améliorer la qualité de l’eau, l’État a subventionné entre 2017 et 2021 via l’Agence de l’eau Seine Normandie, pour 30 M€ de travaux de baignabilité dans le Val-de-Marne : mise en conformité des branchements eaux usées/eaux pluviales des habitations, des locaux tertiaires et des entreprises ; mise en séparatif des réseaux d’eaux usées et d’eaux pluviales. Ces investissements se poursuivent en lien avec les collectivités.”
Zut M. le Maire ne peut pas faire un petit plouf dans la Marne. Il est méchant M. le Préfet, il est gentil M. Le Maire. Sauf quand ce dernier défigure complétement la Ville en accordant plus de 50 permis de construire afin de remplacer des pavillons avec jardin et espace vert par de grands immeubles de plusieurs étages. . Mais où sont-ils les îlots de fraicheur annoncés dans un magazine municipal infos, mais où est il l’urbanisme annoncée sur le PLU comme apaisé et à taille humaine alors que les grues de chantiers et le bétonnage florissent beaucoup plus que les arbres à Saint Maur ? En vérité, l’équipe Municipale a fait le choix de favoriser les promoteurs immobiliers plutôt que l’implantation d’entreprises mais également d’ilots de fraicheur ou d’espaces verts.
A moins que finalement les paroles de l’ancienne Ministre du logement Mme Emmanuelle Wargon n’ont fait un émule à Saint Maur ?
Dépoluée ou non, il ne faut pas être dégouté pour boire la tasse dans la Marne.
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