Présidentielle 2022 : paroles d’électeurs #2 à l’université de Saint-Denis

“Tout ce qu’ils disent c’est du vent“, assène Tarek. “Ça ne m’intéresse pas. Je me méfie des politiciens. On dirait qu’ils font tout pour qu’on n’y comprenne rien“, clame cet autre étudiant qui file sous la pluie battante vers le métro. A la sortie de l’université Paris 8, ce mercredi 30 mars, l’élection n’est pas un sujet de préoccupation.

“Il faudrait aider les jeunes à se politiser“

Gniam, 18 ans, ne se considère pas comme dépolitisée mais, pour elle, la politique est un domaine difficile à appréhender. “Je pense qu’ il faudrait aider les jeunes à se politiser. Par exemple, notre famille est plutôt de la classe moyenne. A la maison, on ne parle pas de politique et au lycée ou collège, on a eu peu de cours d’éducation civique.”

Malgré son intérêt, difficile donc de faire un choix. Cette étudiante en première année de droit qui vit à côté de l’université ira voter “parce que c’est un droit et que je ne veux pas qu’on choisisse à ma place, mais je voterai blanc. Je ne me reconnais dans aucun des programmes politiques“, explique-t-elle.

“En plus, ici on voit, par exemple, beaucoup de militants de gauche parce que c’est une fac plutôt de gauche, mais on ne voit jamais des gens de droite, voire pourquoi pas d’extrême-droite. C’est dommage qu’il y n’ait pas plus de diversité“, regrette-t-elle.

Manque de considération

A ses côtés, son amie Micheline qui habite Fontenay-sous-Bois, abonde: “On dirait qu’une campagne politique c’est avant tout de l’affichage. Pour moi c’est un manque de considération.”

Elle pointe le manque de propositions concrètes pour les jeunes. “Le problème c’est le décalage entre le discours et la réalité. Le concret c’est que des étudiants qui sortent de la fac avec un master ne trouvent pas d’emploi parce que les entreprises leur demandent d’être déjà expérimentés, pointe-t-elle. Vous entendez parler de l’insertion professionnelle ?“

Un étudiant en économie-gestion qui préfère rester anonyme avoue, lui aussi, sa perplexité face à la scène politique. “J’ai l’impression de voir des guignols. On parle beaucoup de chose comme le voile, l’islamisme, l’insécurité. Ça fait du bruit, ça revient en boucle. Mais c’est inutile. Moi je veux qu’on parle de pouvoir d’achat, ne serait-ce que du prix du passe Navigo pour les étudiants. Après on s’étonne du résultat: les jeunes ne votent pas.”

“J’irai voter pour le moins pire”

Etédal, 23 ans, étudiante en troisième année de psychologie, et qui porte un voile noir, dit se sentir agressée par les discours autour du voile. Surtout, pour elle, “ce n’est pas ça qui va régler les problèmes des Français. Les vrais enjeux ce sont la précarité et l’écologie“.

Pour autant elle se déclare pleinement concernée par l’élection. “Je m’intéresse aux programmes politiques“, indique-t-elle. En 2017, elle a voté Macron au second tour, mais sans réelle conviction. “Parce qu’il y avait Le Pen. Et on dirait bien que c’est la même chose qui va se passer“, se projette l’étudiante. Le 10 avril, elle a songé voter Jadot, “mais à quoi ça servirait. C’est perdu d’avance.” Elle sait donc pour qui elle votera: “ce sera pour le moins pire“.

Théo, un habitant de Saint-Denis, étudiant l’anglais en troisième année a choisi la gauche version LFI. “Mélenchon, avec lui ça peut changer. Il faut un tournant radical. Les étudiants ont particulièrement souffert pendant la crise. Précarité, emploi, il y a plein de choses à faire pour les jeunes.”

Lire aussi :