Politique | Seine-Saint-Denis | 14/04/2022
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Présidentielle 2022 en Seine-Saint-Denis: le vote Macron accuse le coup

Présidentielle 2022 en Seine-Saint-Denis: le vote Macron accuse le coup

Arrivée en deuxième position du premier tour de l’élection présidentielle en Seine-Saint-Denis, Emmanuel Macron (LREM) limite la casse face au rouleau compresseur Jean-Luc Mélenchon (LFI): il obtient à 20,27% des voix contre 24,04% en 2017. A droite Valérie Pécresse, en revanche, ne recueille que 3,22% des voix.

Quand on voit que le département a voté en majorité pour Jean-Luc Mélenchon, mon ressenti est forcément amer, explique Patrice Anato, député LREM de la 3ème circonscription de Seine-Saint-Denis. Dans ma ville, Noisy-le-Grand, beaucoup de personnes se sont déplacées en particulier venant en particulier des quartiers populaires et on est obligé de constater que sa stratégie était meilleure.

Régression du vote Macron

Par rapport à l’élection présidentielle de 2017, le vote en faveur d’Emmanuel Macron régresse dans l’ensemble de la Seine-Saint-Denis. Pour autant, Patrice Anato peut s’enorgueillir d’être élu dans une des deux seules circonscriptions où Emmanuel Macron a réussi à tirer son épingle du jeu face au rouleau compresseur Jean-Luc Mélenchon. A Gournay-sur-Marne, il le devance avec 32,83% des voix contre 20,22%, tandis qu’à Neuilly-Plaisance, il obtient 30,91% contre 28,08%.

Même configuration dans la 12ème circonscription où Stéphane Testé a été élu en 2017. le président sortant s’impose avec 24,95% à Coubron mais face à Marine Le Pen qui accuse un léger tassement (26,67% contre 24,74%), tandis qu’au Raincy, il arrive loin devant Jean-Luc Mélenchon (33,08% contre 21,36%).

En revanche, dans la circonscription de Patrice Anato, Emmanuel Macron n’arrive qu’en deuxième position à Noisy-le-Grand et à Neuilly-sur-Marne, largement devancé par Jean-Luc Mélenchon. “Ça montre que l’on doit faire mieux pour expliquer tout ce qui a été accompli pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron.” Mais pour lui, le vote en faveur du candidat de la France insoumise “n’est pas un vote adhésion. C’est un vote de circonstance qui a, je pense, parfois été motivé par le climat islamophobe et raciste porté par Marine Le Pen et Eric Zemmour. Dans les quartiers, j’ai témoignages de gens qui m’ont dit c’est l’imam qui nous a dit de voter comme ça.

LR dévisse

Là où Emmanuel Macron progresse, c’est où LR accuse une forte chute comme à Villemomble (-17,66%), Le Raincy (-26,96%), Gournay-sur-Marne (-19,70%), Neuilly-Plaisance (-14,42%) et Coubron (-12,97%). Dans ces communes, l’extrême-droite (votes Marine Le Pen, Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan confondus) progresse également, parfois fortement comme au Raincy (+12,98%) où elle réalise sa meilleure performance.

C’est une grosse déception, déplore Philippe Dallier, le chef de file des Républicains en Seine-Saint-Denis, qui voit dans cette déroute “l’effet du vote utile“, “l’arrivée dans les bureaux de vote de gens n’étaient jamais venus“, et aussi “l’expression d’un ras-le-bol alors que le pouvoir d’achat s’est finalement imposé en tête des préoccupations.” Mais, s’agace-t-il, “il n’y a aucun parallèle à faire entre la présidentielle et les prochaines élections législatives et encore moins avec les prochaines municipales.”

“une bulle artificielle”

Même constat pour Stephen Hervé, maire LR de Bondy où Valérie Pécresse n’a recueilli que 3,18% des voix. Le vote pour Jean-Luc Mélenchon, considère-t-il, “est une bulle artificielle qui n’a pas de connexion avec les attentes locales de la population. Ce n’est pas un vote d’adhésion. Même ses militants à Bondy ont été surpris par son score.” La défaite de Valérie Pécresse n’a été pour lui une surprise: “Elle était en perte de vitesse depuis deux mois et sa campagne n’a pas pris. Ceci dit, on ne s’attendait pas à une telle claque.” Pour autant, ajoute-t-il, “La droite n’est pas finie. Je n’ai aucun doute par exemple sur la capacité d’Alain Ramadier [député LR de la 10ème circonscription] à être réélu.

Comme lui, le maire LR de Neuilly-Plaisance, Christian Demuynck, considère que Valérie Pécresse a été prise en étau entre deux polarités. “Elle s’est retrouvée coincée entre Emmanuel Macron, que de plus en plus de gens de la droite républicaine rejoignent et Marine Le Pen/Zemmour“, explique-t-il. Mais, ajoute-t-il aussi, “on n’a pas su parler aux gens qui se lèvent tôt comme l’a fait Mélenchon et comme avait su le faire Sarkozy en 2007, sans compter que Valérie Pécresse a été massacrée par la presse.” Dans la commune, sa candidate n’a recueilli que 5,53% des suffrages contre 19,96% pour François Fillon en 2017.

“France d’en haut contre France d’en bas”

En attendant les élections législatives, le deuxième tour de la présidentielle “s’annonce serré” considère Christian Demuynck, voyant aussi dans le vote pour Jean-Luc Mélenchon l’expression d’un vote contestataire. “Et avec Marine le Pen qui reste populaire…”

Philippe Dallier craint quant à lui “un scénario de la France d’en haut contre la France d’en bas, un peu comme ça s’est passé aux Etats-Unis avec Trump.” Il a appelé à voter pour Emmanuel Macron dès le dimanche 10 avril, “parce qu’au-delà des différences, on ne peut pas prendre le risque de voir l’extrême-droite prendre le pouvoir.” En revanche, Stephen Hervé ne compte pas donner de consigne de vote: “les gens sont libres de leur vote. Maintenant je n’ai aucun doute sur la réélection de Macron le 24 avril.”

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