Plusieurs dizaines de magistrats, avocats et greffiers se sont rassemblés mardi midi devant le tribunal judiciaire de Nanterre (Hauts-de-Seine), où il y a un mois une juge est décédée en pleine audience et un an après une tribune dénonçant leurs conditions de travail.
Pour Sylvie Borrel, déléguée régionale du syndicat de la magistrature (SM, gauche), “il faut réduire la voilure et les audiences au pôle correctionnel” de Nanterre, quitte à “rallonger les délais d’audiencement”, car il y a un “manque criant de magistrats”.
“C’est la seule solution pour éviter les burn out ou les décès”, affirme-t-elle, devant des pancartes “Justice pour Marie”, “Statistiques partout, justice nulle part” ou “Qui veut être jugé après 00h00 ?”.
Marie Truchet, vice-présidente du tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine), est décédée le 18 octobre à 44 ans alors qu’elle présidait une audience de comparution immédiate. Une enquête est en cours pour déterminer les causes de sa mort et s’il peut être en lien avec ses conditions de travail.
Le cas du tribunal de Nanterre fait écho à la situation difficile de nombreux tribunaux en France. Il y a tout juste un an, une tribune signée par 3.000 magistrats avait créé un électrochoc et alerté sur les conditions de travail.
Depuis cette tribune, “ce qui est nouveau c’est que le tabou a sauté, le non-dit a sauté, il y a un vrai consensus qui n’est pas feint”, avait raconté Vincent Sizaire, juge civil à Nanterre et représentant du Syndicat de la magistrature, lors de la visite jeudi des deux plus hauts magistrats de la Cour de cassation, Christophe Soulard et François Molins.
“Quand on a des audiences de violences conjugales, on ne peut pas renvoyer quand on sait que ça va être renvoyer à dix, douze mois… C’est la vie des gens qu’on a entre nos mains”, avait indiqué à l’AFP Mariannig Imbert, représentante de l’Union syndicale des magistrats (USM) et qui préside régulièrement des audiences de comparution immédiate.
“Et il faut comprendre que Nanterre a des spécificités car nous avons de gros dossiers médiatiques et surtout un lourd contentieux du fait du quartier de la Défense dans le département”, selon Viviane Brethenoux, déléguée régionale de l’USM.
D’autres rassemblements ont également lieu dans la journée, notamment à Paris devant le tribunal judiciaire.
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