Après Toulouse, Grenoble, Montpellier, Pointe-à-Pitre… la Corse. Une cinquantaine de robes noires se sont réunies jeudi devant le palais de Bastia pour rendre hommage à leur collègue magistrate décédée en pleine audience à Nanterre le 18 octobre.
La juge Marie Truchet, vice-présidente du tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine), est décédée le 18 octobre 2022 à 44 ans alors qu’elle présidait une audience de comparution immédiate. Sa disparition a ému un monde judiciaire en souffrance, de nombreux palais marquant une minute de silence à l’appel national de syndicats.
Une enquête pour déterminer les causes du décès est en cours.
“Elle est partie semble-t-il d’une crise cardiaque, le stress permanent et son excès de travail peuvent être l’une des raisons”, a avancé jeudi auprès de l’AFP Dominique Marcilhacy, délégué et responsable syndicale de l’Union syndicale des magistrats (USM) à Nanterre, où était syndiquée Marie Truchet.
Jeudi à Bastia, une cinquantaine de personnes – greffiers, magistrats, avocats, etc. – ont voulu “manifester le soutien de la famille judiciaire aux proches et à la famille” de Marie Truchet, a expliqué à l’AFP le procureur général Jean-Jacques Fagni, précisant que l’action n’avait “aucune coloration syndicale“. Un rassemblement similaire avait lieu à Ajaccio.
Mardi, des tribunaux en métropole comme en outre-mer lui avaient également rendu hommage.
Parmi eux, le palais de justice de Nanterre endeuillé, où la magistrate Mariannig Imbert a lu une lettre ouverte, retransmise sur le site de l’Humanité.
Dénonçant des conditions de travail qui “ne cessent de se dégrader” à Nanterre, avec des “départs non remplacés qui se sont multipliés” elle a raconté comme “Marie avait fait face”, décrivant une “magistrate remarquable”, “forte, humaine et courageuse”. “Dans cette tempête, Marie était là, solide, motivée et toujours souriante”, a poursuivi Mariannig Imbert, assurant: “Personne ne l’a écoutée, nous avons été abandonnés”.
Son décès “vient cruellement nous rappeler combien notre justice est à bout de souffle”, a estimé jeudi la bâtonnière des Hauts-de-Seine, Isabelle Clanet dit Lamanit.
A Nanterre, en février, magistrats et greffiers avaient annoncé abandonner 121 tâches “impossibles à faire” en raison du manque d’effectifs.
En septembre, un recours a été conjointement déposé par une association de magistrats du tribunal de Nanterre – à laquelle Marie Truchet appartenait – et par le barreau des Hauts-de-Seine pour contester “la circulaire de localisation des emplois”, qui détermine le nombre d’effectifs de magistrats alloués à un tribunal.
D’autres palais continuent de se mobiliser. Après plusieurs rassemblements de magistrats mardi à Toulouse, Montauban, Albi, Castres et Foix, l’USM Toulouse a ainsi annoncé une nouvelle action le 22 novembre.
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