Réfugiés | | 17/03/2022
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Réfugiée afghane à Vincennes, Marzieh poursuit son rêve olympique

Réfugiée afghane à Vincennes, Marzieh poursuit son rêve olympique © Raphaël Bernard

Arrivée en France après la chute de Kaboul en août dernier, Marzieh Hamidi, 20 ans, championne de taekwondo en Afghanistan, a été prise en charge par la ville de Vincennes et ne rêve désormais que de deux choses : retrouver sa famille et devenir la première championne olympique afghane. Rencontre.

En août dernier, au retour des talibans au pouvoir en Afghanistan, la France exfiltrait 3 000 personnes vers son sol lors de l’opération Apagan, lancée par l’armée pour évacuer ressortissants français, européens et afghans. Parmi eux, Marzieh, qui a laissé sa famille derrière elle. D’abord coincés sur place, ses parents ont pu rejoindre le Pakistan il y a à peine un mois, tandis qu’une de ses sœurs trouvait refuge en Turquie. Son frère, un commerçant influent, est quant à lui encore détenu par les talibans. “La première chose à laquelle je pense, c’est de faire venir ma famille. Chaque jour, je me réveille en pensant à eux”, confie la jeune femme.

Iran, Afghanistan, France

Issue de la minorité chiite tadjike, persécutée par les talibans, Marzieh a déjà connu l’exil. Née en 2002 en Iran, elle y passé la majeure partie de sa vie et découvert le taekwondo dès ses 13 ans. “C’est une amie qui faisait partie de l’équipe nationale iranienne qui m’a proposé d’essayer. J’ai tout de suite adoré ce sport. J’ai gagné 8 médailles en Iran : 6 d’or, une d’argent et une de bronze. Puis, en Afghanistan, j’ai remporté le championnat national, ce qui m’a permis d’intégrer l’équipe nationale”, résume-t-elle. Des médailles que la championne a emportées avec elle.

Pour Marzieh, le taekwondo est une passion, mais aussi une manière de s’engager contre le traitement brutal des femmes en Afghanistan où elle n’est venue vivre qu’à l’âge de 18 ans. “Quand je combats, c’est comme si je faisais le vide dans mon esprit. J’ai choisi ce sport pour montrer que les femmes aussi peuvent faire des sports de combat. Beaucoup d’hommes ont tenté de m’en dissuader mais ça n’a fait que renforcer mon enthousiasme. Pendant les entraînements, j’étais la seule fille à ne pas porter le voile et à mettre des vêtements plus serrés. Les hommes me regardaient comme si j’étais un objet, mais ils ne pouvaient rien tenter à cause de mon frère”, raconte la jeune femme, élégamment vêtue d’un blazer blanc. Le même style que sur les réseaux sociaux, où elle n’hésite pas à prendre la pose.

“Mon rêve, ce serait d’être la première championne olympique afghane…”

Désormais logée par la ville de Vincennes, Marzieh espère pouvoir reprendre les entraînements et les compétitions. “On m’a donné un studio très agréable, bien propre. Je suis très contente à Vincennes, c’est un endroit où je me sens bien, apprécie-t-elle. Dans l’immédiat, Marzieh a deux objectifs : apprendre le français et combattre à nouveau.

Elle espère notamment pouvoir profiter des locaux de l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP), infrastructure réservée aux sportifs de haut niveau située en plein cœur du bois de Vincennes. Son rêve : participer aux Jeux Olympiques à Paris dans deux ans. Pourquoi pas ? “Je n’ai pas beaucoup de temps, mais j’espère que j’y arriverai. Mon rêve, ce serait d’être la première championne olympique afghane…”

Ce mercredi après-midi, c’est avec tous les honneurs que Marzieh Hamidi a été reçue au Carré de Vincennes par la ville, en présence de Sylvain Mathieu, délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au Logement (Dihal) et de Charlotte Libert-Albanel, maire UDI de Vincennes. “Héberger Marzieh a pour nous une importance symbolique, car c’est non seulement une femme, mais aussi une femme sportive”, insiste l’édile, qui voit en cette jeune Afghane de 20 ans un symbole de l’attachement à l’égalité femmes-hommes.

Émue aux larmes, Marzieh prend la parole à son tour. “Je vous remercie d’être venus pour me montrer que je ne suis pas seule. Ça fait du bien car c’est toujours dur de quitter son pays…”

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