Des décharges de classes plus importantes pour les directeurs et directrices d’écoles, des classes de CP moins peuplées même hors réseau d’éducation prioritaire, plus de classes dédiées aux élèves porteurs de handicap… Ce lundi, c’était encore Noël lors de la conférence de presse du recteur de l’Académie de Créteil, Daniel Auverlot. Décryptage et détail des chiffres.
13 000 élèves de moins attendus dans le premier degré à la rentrée prochaine dans l’Académie de Créteil. Voilà l’un des chiffres annoncés par le recteur ce lundi. Pour rappel, 513 339 élèves ont fait leur rentrée cette année dans les trois départements de l’est parisien (Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Seine-et-Marne). Cela représente donc une baisse prévisionnelle d’environ 2,5% des effectifs, nettement plus accentuée que celle de cette rentrée, de l’ordre de -0,4%. Cette diminution est particulièrement importante en Seine-Saint-Denis (-3,3%) et en Val-de-Marne (-3,6%).
Lire pour rappel : Chiffres de la rentrée des classes 2021 en Val-de-Marne, Seine-et-Marne et Seine-Saint-Denis
Dans le deuxième degré, le recteur annonce une baisse d’environ 3 000 élèves au collège et 500 au lycée, avec là encore des disparités en fonction des départements avec une quasi-stagnation en Seine-et-Marne, une baisse de 1,6% en Seine-Saint-Denis et de 2,3% en Val-de-Marne.
Détail du nombre d’élèves en moins par département
Départements | 1er degré | collèges |
Seine-et-Marne | 1200 | 88 |
Seine-Saint-Denis | 6700 | 1488 |
Val-de-Marne | 5300 | 1513 |
Académie | 13200 | 3089 |
Evaluation de la baisse en pourcentage
Départements | 1er degré | Collèges |
Seine-et-Marne | – 0,73% | – 0,10% |
Seine-Saint-Denis | – 3,33% | – 1,64% |
Val-de-Marne | – 3,56% | – 2,26% |
Académie | – 2,57% | – 1,28% |
Le lycée professionnel décroche par rapport à l’enseignement général et technologique
Concernant le lycée, les chiffres ne sont pas détaillés par département mais par spécialité. Contrairement aux collèges et au primaire, la population lycéenne est quasi à l’étal, en diminution de 0,31%, mais on observe un décrochage des lycées professionnels par rapport aux lycées technologiques. Un décrochage que le recteur explique par la crise sanitaire qui a entraîné de nombreuses annulations de portes ouvertes dans les établissements professionnels et moins de décisions d’orientation en fin de troisième. Le recteur n’entend toutefois pas en rester là. “Je ne fermerai aucune place en seconde professionnelle. Notre objectif est de retrouver à la rentrée 2022 le niveau de la rentrée 2019. Nous espérons susciter les vocations d’ici là en travaillant avec les établissements“, indique Daniel Auverlot.
Baisse des effectifs au-delà de l’évolution démographique : investigations en cours
Concernant la diminution des effectifs, étonnamment plus importante que les années précédentes, le recteur rappelle la tendance démographique qui joue sur les rentrées scolaires depuis vingt ans, avec une baby-boom en 2000 suivi d’une diminution des naissances en 2001-2002, une reprise, plus importante qu’en 2000, de 2003 à 2009, puis une nouvelle diminution. “Le cumul de ces années de baisse constitue une grande diminution”, indique le recteur. Selon l’Insee (Institut national de la statistique, le nombre annuel de naissances en Ile-de-France entre 2009 et 2019 a diminué en moyenne de 0,4% (contre 0,7% dans le reste de la France métropolitaine). La dynamique démographique n’explique toutefois pas tous les chiffres. “Nous sommes en train de chercher à comprendre, avec l’Insee”, indique le recteur. “Je me demande, mais il ne s’agit pour l’heure que d’une réflexion personnelle, si l’évolution des prix au m2 aux abords du futur métro Grand Paris Express n’induit pas un changement de sociologie”, ajoute-t-il. Une conséquence serait ainsi un éloignement des foyers primo-accédants avec de jeunes enfants. “J’observe à Aubervilliers où il y a eu une forte croissance du nombre d’élèves il y a quelque années, la diminution est aujourd’hui très importante”, relève encore le recteur.
Des chiffres qui évoluent mais doivent être projetés très en amont de la rentrée
Reste toutefois à relativiser ces chiffres, qui ne sont que prévisionnels et sont ajustés tout au long de l’année, jusqu’à la rentrée, avec parfois des surprises importantes dans la dernière ligne droite. Le “mouvement” des enseignants, c’est à dire la phase de mobilité pour changer d’établissement et d’académie, s’effectue toutefois au premier trimestre calendaire et implique donc une photographie détaillée en début d’année, une “carte scolaire” provisoire qui dessine des ouvertures et fermetures de classes, plus ou ou moins définitives. Un moment qui suscite souvent des réactions de colères lorsqu’une école se voit proposer des fermetures de classes, et entame la longue phase d’arbitrage jusqu’à que la structure soit quasi définitive, sous réserve des constats de rentrée, fin juin. Une phase qui entraîne d’autant plus de crispations auprès des enseignants comme des parents, qu’au-delà du nombre de classes, subsistent des problèmes récurrents de remplacements effectifs des enseignants.
Le ratio professeur par élève passe la barre des 6% dans le primaire
Dans ce contexte, le recteur a tout de suite annoncé la couleur : pas question de supprimer des postes. Daniel Auverlot s’est toutefois livré au calcul du nombre de suppressions qui aurait pu être envisagé si l’on appliquait strictement le même ratio d’encadrement, à savoir 500 de moins dans le premier degré et 200 dans le second. “Et bien au lieu de cela nous augmentons le nombre de postes!”, a martelé le recteur. Dans le primaire, ce-sont 210 postes de plus qui sont attribués, “ce qui fait passer le P sur E au-dessus de 6, de 5,89 à 6,01, c’est historique!” s’est réjoui le patron de l’académie. Pour explications, le P/E (professeurs par élève) correspond au nombre de postes d’équivalent temps plein (ETP) pour cent élèves.
Détail par département :
- 5,42 à 5,50 en Seine-et-Marne,
- 6,43 à 6,55 en Seine-Saint-Denis,
- 5,69 à 5,82 en Val-de-Marne
Décharges de direction, dédoublements des grandes sections, effectifs par classe, handicap…
Une marge de manœuvre grâce à laquelle le recteur a promis plusieurs évolutions à la rentrée, à commencer par une augmentation du temps déchargé de classe pour les directeurs et directrices d’écoles, en fonction du nombre de classes.
- écoles de 6-7 classes : la décharge passe de 1/4 à 1/3 du temps
- écoles de 12 classes : la décharge passe de 50% à 100%
- écoles de 13 classes : la décharge passe de 75% à 100%
Concernant la prise en charge du handicap, le recteur a également annoncé une augmentation des classes Ulis (Unités locales d’inclusion scolaire) sans donner plus de détails.
La troisième piste d’utilisation de ces moyens sera la poursuite du dédoublement des classes de grande section dans les réseaux d’éducation prioritaire. Ce troisième dédoublement, après les CP et CE1, doit être achevé d’ici la rentrée 2023.
Dédoublement, et après ?
Interrogé sur l’impact du dédoublement des classes de grande section, CP et CE1 dans les écoles en réseau d’éducation prioritaire (REP) ou très prioritaire (REP +), les recteur a indiqué que d’après les évaluations de CE1, “les écarts se résorbaient entre élèves de REP + et élèves hors REP”. Un dédoublement que le recteur estime d’autant plus efficace qu’une pédagogie différenciée y est mise en œuvre, détaillant les 7 axes de travail que le rectorat propose aux enseignants de mettre en œuvre : intégration des neurosciences, travail sur les graphèmes et phonèmes, appui sur un manuel de lecture, appui sur des albums jeunesse, gestion spécifique d’un groupe de 12 élèves, appui sur les acquis de la maternelle, apprendre aux parents comment accompagner leurs enfants. “Nous avons construit nos formations sur ces sept points”, indique Daniel Auverlot.
Dernière piste envisagée : la diminution à moins de 24 élèves des classes de CP, même hors réseau d’éducation prioritaire, “en fonction des locaux”, a prévenu le recteur.
Enfin, il a également été évoqué l’embauche d’aides pour les inspecteurs et inspectrices de circonscription. Chaque département compte en effet plusieurs circonscriptions scolaires dont l’inspecteur ou l’inspectrice est le responsable hiérarchique de tous les enseignants des écoles du périmètre.
Second degré : plus de profs et de CPE
Dans le second degré, ce-sont 100 postes supplémentaires qui sont alloués, qui permettront de créer 15 postes de CPE (Conseillers principaux d’éducation). Le recteur a également évoqué le recrutement en cours de 130 professeurs remplaçants pour les absences longues, alors que la question des professeurs non remplacés constitue aujourd’hui un gros sujet de crispation. Des professeurs de toutes disciplines, a précisé Gérard Marin, secrétaire général de l’Académie, tout en promettant de veiller à “garder le niveau” des enseignants.
Lire notamment : Au collège Lavoisier de Pantin: déjà 12% de cours perdus faute de remplaçants
Au collège, c’est le ratio heures par élève (H/E) que le recteur a promis d’améliorer. Ce ratio représente le rapport entre le nombre d’heures hebdomadaires attribué à l’établissement pour chaque élève (en excluant les classes spécialisées type SEGPA) et l’effectif total d’élèves prévu pour chaque niveau. Celui-ci doit évaluer de la manière suivante :
- Collèges de Seine-Marne : de 1,26 à 1,27
- Collèges de Seine-Saint-Denis : de 1,38 à 1,40
- Collèges du Val-de-Marne : de 1,25 à 1,28
Bilan à mi-parcours du projet académique
En marge des échanges sur les chiffres de la rentrée 2022, le recteur a évoqué le début cette semaine du bilan à mi-parcours du projet académique qui se déroule sur quatre ans, rappelant les grands axes de celui-ci : travail sur les mathématiques, l’éducation aux médias et à l’esprit critique, l’autonomie et la mobilité, et encore les actions à l’international.
“Je me demande, mais il ne s’agit pour l’heure que d’une réflexion personnelle, si l’évolution des prix au m2 aux abords du futur métro Grand Paris Express n’induit pas un changement de sociologie” …
Ah mais oui, mais peut être, c’est bien possible …
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