Après une année blanche en 2020 et une reprise timide en 2021, le vrai retour du festival d’off d’Avignon, avec ses spectacles à foison et ses rues pleines d’amateurs, était très attendu des compagnies de théâtre. Paroles d’artistes en Val-de-Marne et Seine-Saint-Denis.
“Avignon, c’est l’opportunité de renouer avec le public, de s’y confronter de nouveau”, résume le metteur en scène Philippe Lanton. Avec sa compagnie du Cartel (photo de une), basée à Montreuil, il s’est attaqué à la dernière comédie d’Aristophane (poète grec du 5ème siècle avant notre ère), Ploutos, qu’il a réinterprétée et avait commencé à présenter à la Cartoucherie en janvier 2020, avant d’être stoppé net par la crise sanitaire. “Pour les spectateurs, c’est l’occasion de découvrir une œuvre écrite il y a 2500 ans, qui frappe encore par la pertinence de son propos. Avec Aristophane, on sourit et on pense”, défend le scénariste.
Infos pratiques
Avec 1,7 millions de spectateurs attendus et plus de 1500 spectacles à l’affiche, le festival off d’Avignon, qui se déroule du 7 au 30 juillet, est la plus grosse manifestation nationale dédiée au théâtre. Pour les compagnies, ce temps fort constitue un tremplin pour faire connaître leurs spectacles, grapiller des critiques encourageantes et séduire les programmateurs de spectacles pour les saisons à venir.
Programme des compagnies du Val-de-Marne
Programme des compagnies de Seine-Saint-Denis
Tout le programme du Off 2022
Pour la compagnie Notre Insouciance, basée à Charenton-le-Pont, 2022 sera la première édition. La troupe spécialisée dans le théâtre en milieu urbain a mis en en scène la bande dessinée “La rose la plus rouge s’épanouit” de la suédoise Liv Stromqvist. “Je l’ai lue durant le confinement”, confie la metteuse en scène Juliette Hecquet. “C’est une pièce qui parle de l’amour, de sa disparition, qui s’intègre parfaitement à notre pratique vivante du théâtre, qui comprend des improvisations et des interactions avec le public.”
Première édition pour la compagnie Nushka, basée à Romainville, qui donne dans l’art du cirque avec “Matières Pré-Évolutives”. “Pour nous, c’est un investissement. Notre but est de gagner en visibilité mais aussi de laisser la part belle à l’imprévu, dans la tradition du spectacle vivant”, témoigne son directeur, Antek Klemm.
Marie-Claire Neveu a elle déjà rodé son spectacle Nina, des tomates et des bombes, une comédie grinçante entrecoupée de chansons, en écho avec l’actualité, mise en scène avec Pascal Légitimus, mais propose une version réactualisée qui entend manier l’humour pour faire réfléchir et “conscientiser le public”. Engagée, l’actrice entend être écolo aussi dans ses actes, avec moins de tracts pour sa promo, et en papier recyclé, pour tenter “de réduire au maximum l’empreinte carbone du spectacle, sans s’arrêter de rire”.
La meilleure promo : le bouche à oreille
Pour limiter le papier tout en maintenant la promo, indispensable pour se démarquer parmi les 1 500 spectacles à l’affiche, la compagnie Nushka a pour sa part axé sa promotion sur les réseaux sociaux, en plus du tractage traditionnel. Un moyen aussi de réduire les frais de communication. Même si pour Marion Monier, “le plus important ça reste le bouche à oreille, c’est ça qui fait la différence entre un spectacle qui marche et un qui ne marche pas. C’est ça qui fait venir les professionnels et qui leur fait acheter les spectacles, car lorsqu’on aime une pièce, on en parle autour de soi!”
La condition sine qua non pour relever un pari coûteux. “Le festival représente le principal investissement annuel pour une compagnie, estime ainsi Philippe Scagni, de la compagnie In Sense (Saint-Denis) qui a revisité les fables de La Fontaine en opéra., Il faut louer les créneaux des salles de théâtre, faire la réclame des pièces, aller chercher les diffuseurs sans oublier de rémunérer les techniciens et les artistes. L’offre est surabondante, les places sont chères, mais l’aura du festival et les possibilités pour l’année suivante en valent la chandelle.”
Entre la promotion et les représentations, c’est un marathon qu’il faut tenir dans la durée, alors que le festival s’étire sur plus de 3 semaines. Marie Mainchin, s’y est préparée comme une sportive pour son seule en scène, L’habilleuse, l’histoire d’une costumière qui touche enfin à son rêve, être sous les feux des projecteurs. “Un seul en scène ça peut faire peur, mais c’est une épreuve d’endurance. C’est d’abord beaucoup de préparation, de répétition et durant le festival, ce n’est pas les vacances. La clef c’est d’avoir une bonne hygiène de vie, il faut savoir se reposer et se ménager, malgré la tentation de faire la fête!”
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