L’inflation des prix pousse de plus en plus de consommateurs vers les rayons des hard-discounters, surtout à l’approche de Noël, quand il faut concilier budget serré et festivités. Ambiance à Romainville, où Action vient d’ouvrir son dixième magasin dans le centre commercial du Paddock Paris Est.
“Regardez ces soldats casse-noisettes pour décorer la maison ils sont sympas et il sont pas chers“, commente Solange, une jeune retraitée de 66 ans.
“C’est une voisine qui m’a dit que le magasin avait ouvert ici. Elle m’a dit qu’il y avait plein de trucs, alors, je suis venue par curiosité.” Mais très vite son panier roulant se remplit : shampoing, papier-cadeau, feutres, verres à pied et même une peluche pour son chien.
“Il faut bien se faire plaisir“
“Tout est devenu cher, surtout la nourriture, alors c’est vrai qu’il y a des choses intéressantes et abordables ici.” Si elle touche une retraite confortable de 2 500 euros, cette ancienne enseignante doit tout de même faire attention: “La moitié de ma retraite part dans le loyer, il faut payer les charges, et j’aide aussi ma fille qui a un petit garçon de six ans…”, souffle-t-elle.
Passé la caisse, elle referme un caddie bien rempli. “Je ne pensais pas que je prendrais autant de choses : j’en ai eu pour 87 euros. Mais il faut bien se faire plaisir.“
Lydia, une habitante de la Porte de Pantin, est venue dénicher des cadeaux de Noël. “C’est sûr que c’est moins cher qu’un hyper. C’est concurrentiel sur des produits comme le détergent, le savon, le dentifrice. Mais moi je viens surtout pour des achats occasionnels : Noël, anniversaire ou quand j’ai une envie de déco. On trouve de tout parfois 10 euros moins cher qu’ailleurs.” L’argent qu’elle réussit à économiser en privilégiant les discounter, elle l’investit dans “des choses importantes comme la santé” dit-elle. “Mais c’est surtout que ça permet d’offrir des cadeaux.”
“Avec les économies on va acheter plus de viande“
A l’extérieur, Lola et ses deux cousines font les comptes autour de sacs remplis de jouets. “En tout, on en a eu pour 400 euros à nous trois. Mais attention, il y a des cadeaux pour 16 enfants. Et comme c’est Hanoucca [fête “des lumières” de la tradition juive] on a prévu un cadeau par jour par enfant“, explique la jeune femme. “Grâce à ce nouveau magasin on n’a plus à courir au Millénaire [à Aubervilliers]. Et avec les économies qu’on fait ici, on va acheter plus de viande“, ajoute-t-elle.
Théo, 23 ans, a quant à lui fait le détour par le Paddock avant d’aller en cours à l’université de Saint-Denis. “Je suis venu jeter un coup d’œil, pour trouver des idées, mais surtout pour voir les prix de la papeterie. Par contre, je ne viendrai jamais ici avec ma copine : il y a trop de trucs inutiles à acheter“, lance-t-il en souriant.
Quand il vient au Paddock Paris Est, c’est pour sa boutique Adidas, la plus grosse unité de déstockage de 1 000 mètres carrés. Comme Lydia, il espère que la nouvelle enseigne “va redonner du souffle au Paddock.” Ouvert en 2019 sur le concept de magasins d’usines, le centre commercial reste en effet très vide, avec de nombreux rideaux baissés.
Avec une inflation galopante de 6,2% en novembre, les discounters ont pourtant le vent en poupe. Selon les chiffres de début d’année de NielsenIQ, Lidl séduit par exemple 37,1 % des foyers contre 33,3% en 2020. Le déstockeur Action était pour sa part présente dans 26,7 % des foyers, en progression de 4% sur un an. Un marché qui fait des petits. Après l’espagnol Primaprix, qui ouvert l’un de ses premiers magasins en France à Montreuil, le grupe Carrefour s’apprête à ouvrir les premières unités de son concept brésilien Atacadão, spécialisée dans la vente de gros, en Seine-Saint-Denis, en 2023.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.