Avec le lancement de la 38ᵉ campagne des Restos du cœur, la plateforme logistique de Rungis de l’association, qui approvisionne plusieurs départements, se prépare à une forte demande. Ces trois dernières années, le nombre de repas préparés est passé de 7,5 à 11 millions (+46 %). L’association a besoin d’espace et de bénévoles.
Entre les rayonnages, deux employés en insertion charrient avec des convoyeurs chargés de boîtes de conserves. Ils ont écrit au feutre noir le centre des Restos du cœur qui doit recevoir la cargaison. Villeneuve-Saint-Georges, Évry… la plateforme de Rungis, située dans l’entrepôt logistique de la Sogaris, alimente 77 centres situés en Val-de-Marne, en Essonne, dans une partie de la Seine-et-Marne et à Paris. “Il faut que tout soit en place pour l’arrivée des camions. C’est un éternel recommencement”, décrit un manutentionnaire du chantier d’insertion qui emploie une trentaine d’autres salariés. Une équipe de huit encadrants, personnel administratif et conseillers en insertion chapeaute la structure. “Nous sensibilisons les salariés aux conditions de travail dans le secteur marchand. Je leur explique que, dans mon ancienne entreprise, les retards n’étaient pas tolérés. Ici, nous sommes plus compréhensifs, plus souples”, explique un chef d’équipe.
Une douzaine de bénévoles viennent apporter leur soutien et leur expertise, à l’instar de Dominique Monloup, ancien grossiste du marché de Rungis, qui a pris sa retraite après avoir vendu son entreprise de négoce de fruits à noyaux. “Je voulais vivre une retraite active et pouvoir me rendre utile. C’est un challenge d’assurer la gestion de centaines de tonnes de dons alimentaires”.
Besoin d’espace de stockage
Cet été, la plateforme logistique rungissoise des Restos du cœur a fêté ses dix ans. Malgré sa surface de 2700 mètres carrés avec 1200 emplacements palettes et une chambre froide positive de 150 mètres carrés, l’outil arrive aujourd’hui à saturation, car la demande ne cesse de croître. “Nous constatons une hausse constante de la distribution. Lors de l’exercice 2021/2022, le travail de préparation effectué par notre logistique, auprès des 5 associations départementales servies, a permis de distribuer 10 919 160 repas (contre 9 378 666 pour l’exercice précédent) soit une augmentation d’environ 16 %. Avec la crise énergétique, l’inflation, la guerre et le contexte international, nous nous attendons à ce que cette 38e campagne batte un nouveau record”, s’inquiète Pierre Abovici, administrateur délégué de l’A2EF, l’association de l’entrepôt Est francilien rattachée aux Restos du cœur.
Pour accompagner la montée en charge permanente de la plateforme, l’association et son bailleur, Sogaris, projettent l’ajout d’une cellule mitoyenne de l’entrepôt actuel afin d’augmenter le stockage des palettes de 500 emplacements. L’implantation est prévue pour la fin de l’année 2022, après le départ du locataire actuel. Ils bénéficient également d’infrastructures chez Stef, sur le Min de Rungis pour stocker des produits à des températures négatives.
Si les coûts de location de la plateforme pèsent lourd dans l’équilibre financier de l’association (459 000 euros sur l’exercice 2021/2022), la structure peut compter sur les contributions de ses associations départementales et des partenaires institutionnels tels que l’État et les collectivités (respectivement 1 million d’euros et 426 000 euros sur la même période). Une partie des stocks de nourriture provient notamment du FEAD, le fond européen d’aide aux plus démunis.
Pour s’adapter aux nouvelles normes ZFE (zone à faible émission), l’association a aussi prévu d’investir dans le verdissement de sa flotte de véhicules, avec un premier camion frigorifique de 16 tonnes à énergie gaz financé par la Drieets (Directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) et la mairie de Rungis.
Besoin de ressources humaines
Pour tenir le rythme, l’A2EF va aussi demander une augmentation du nombre d’emplois en insertion. “Aujourd’hui, nous sommes à 18,5 équivalents temps plein. Nous avons un taux de sortie positive de 40%. Nous devons être en mesure d’encaisser l’augmentation de l’activité de ces trois dernières années tout en étant efficace sur l’accompagnement vers l’emploi des publics précaires”, motive Pierre Abovici.
Appel à bénévolat
L’une des clés du succès de ce chantier d’insertion repose par ailleurs sur la création de binômes salariés/bénévoles. Le problème est qu’ils se raréfient de plus en plus. La période de la crise épidémique a précipité le non-renouvellement d’une génération de bénévoles vieillissante. Plus que jamais, l’association renouvelle donc son appel à bénévoles.
Lien vers le site de l’association pour devenir bénévole
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Les Restaus du coeur sont une belle oeuvre sociale, initiée par Coluche.
Mais sauf erreur de ma part, ils ne fonctionnent pas toute l’année ! Les autres associations, Banques alimentaires, Secours Catholique, Secours populaire, Croix Rouge, Epiceries sociales et solidaires et d’autres, fonctionnent elles toute l’année, et heureusement pour celles et ceux qui sont en difficulté.
Mais quand ils sont ouverts, on entende qu’eux, et c’est un peu abusif.
De plus,ils ne font pas confiance aux services sociaux pour sélectionner les bénéficiaires, et ils doivent se faire rouler assez souvent.
Belle oeuvre, mais un manque de modestie évident.
Bonjour,
Depuis plus de 10 ans les Centres des Restos sont ouverts quasiment 11 mois par an, en moyenne, et c’est un peu grâce au battage que nous pouvons collecter des dons dans le 1900 centres en France, avec 70.000 bénévoles.
Refuser la sélection et la coordination des services sociaux font que certains bénéficiaires vont dans une association un jour, puis dans une autre le lendemain, et dans une troisième le surlendemain …
Je ne généralise pas, et ne mets pas tout le monde dans le même sac, mais cela fait partie des réalités dont il est interdit de parler.
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