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Education | | 08/04/2022
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Saint-Denis: manif et grève après la mutation de six enseignants de l’école Louis Pasteur

Saint-Denis: manif et grève après la mutation de six enseignants de l’école Louis Pasteur © Sud éducation

Six enseignants de l’école élémentaire Louis Pasteur à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ont reçu lundi 4 avril une lettre leur signifiant leur mutation. Ils vont manifester avec leurs collègues et plusieurs parents d’élèves ce vendredi devant la direction des services départementaux de l’éducation nationale à Bobigny. L’ensemble des dix-neuf enseignants de l’école se mettent en grève illimitée.

La mesure des services de l’éducation nationale de la Seine-Saint-Denis est exceptionnelle surtout en plein milieu d’année scolaire. “Nous n’avons rien compris“, lâche l’un des six enseignants concernés. L’annonce est tombée lundi 4 avril comme un couperet, indique cette professeure de l’école élémentaire Louis Pasteur à Saint-Denis jointe par téléphone et que nous nommerons Marie parce qu’elle tient à garder l’anonymat. “Mardi c’était atroce: la nouvelle s’est rapidement sue et ce sont les enfants qui sont venus nous voir, parfois en pleurs, pour savoir qui devait partir”, souffle-t-elle, très émue.

Appel à la grève départementale

Les parents d’élèves sont également très remontés contre cette décision. Une partie d’entre eux ont bloqué l’école mardi et comptent manifester avec les 19 enseignants de l’école aujourd’hui en demandant à ête reçus par le directeur des services académiques de l’éducation nationale. Syndiqués Sud éducation et Snuipp-FSU, ceux-ci avaient pour leur part déposé un préavis de grève à compter d’aujourd’hui. L’intersyndicale a par ailleurs lancé un appel à une grève départementale mardi prochain. Une pétition, qui a recueilli près de 4 800 signatures, contre la mutation des six enseignants a également été lancée.

Conflit avec la direction

La mutation de ces six enseignants intervient à l’issue d’une enquête administrative conduite en décembre et motivée par de “nombreuses saisines du registre de santé et sécurité au travail et à des dépôts de plaintes de la part d’enseignants“, indique le rectorat, sollicité par Citoyens.com.

Le climat s’est dégradé dans l’école peu après la rentrée de septembre. Une nouvelle directrice a été nommée après une année durant laquelle l’équipe enseignante a géré les missions administratives en l’absence d’une direction. Mais très vite le courant ne passe pas.”Elle nous a accusé de mettre en danger les élèves et de maltraitance“, rapporte Marie. “Et le pire est que ces accusations nous étaient rapportées par les parents d’élèves.” Parmi les reproches de la directrice, figure aussi la convocation d’un conseil des maîtres exceptionnel sans son consentement et auquel elle aurait refusé de participer.

Les enseignants ont, pour leur part, rédigé “plus de 120 pages d’éléments graves“. “On a expliqué et documenté les agressions, les humiliations, les diffamations, les accusations mensongères“, affirment-t-ils dans le communiqué de Sud éducation 93.

Diffamation dans un média d’extrême droite

Les tensions ont atteint leur paroxysme lors de la parution fin janvier d’un article d’un média d’extrême-droite, l’Incorrect, dans lequel la directrice “de l’école X de Saint-Denis” se serait exprimée sous couvert d’anonymat.

Sous le titre “Gauchisme à l’école, le niveau monte“, il est fait état d’une cabale du syndicat Sud éducation 93 qui aurait pris pour cible la directrice. Celle-ci indique: “J’ai découvert que j’étais en terrain miné. L’hostilité a été immédiate (….)”, avant de pointer divers manquements comme la réalisation des évaluations CP-CE1 obligatoires, l’organisation de sorties sans prévenir la direction, etc. Mais au-delà de l’article, la directrice aurait également communiqué au média des “extraits de conversation Whatsapp sortis de leur contexte avec l’identité et le numéro de téléphone de certains enseignants“, signale Marie. Le tout ayant été diffusé dans une vidéo. “Nous avons demandé la protection fonctionnelle, sans aucune réponse de notre hiérarchie“, poursuit-elle. Certains de ses collègues ont déposé une main courante pour diffamation calomnieuse.

Après la publication de cet article, la directrice s’est mise en arrêt et n’est plus revenue à l’école. Un nouveau directeur a été nommé en février. “La décision de l’éducation nationale est d’autant plus brutale que la situation s’est apaisée, on a repris les projets, on recommençait à travailler comme avant. Tout se passait très bien avec le nouveau directeur“, regrette Marie.

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