Pour les quartiers du Cordon-La Motte-Taupin et du Vieux Saint-Ouen, c’est un grand changement qui s’annonce. 351 millions d’euros vont être investis pour leur rénovation, dont 100 millions d’euros par l’Etat. 500 logements sociaux devraient être démolis mais la municipalité s’est engagée à reloger tous les locataires qui le souhaitent dans la commune.
“C’est bien qu’ils refassent les immeubles“, lâche en passant une retraitée de la cité Cordon. Problème: sa sœur n’habite pas dans le même immeuble qu’elle. “Je pense que le mien va être démoli. Mais si je déménage, ma sœur devra le faire aussi. Elle a besoin de moi, elle a dû mal marcher.” Cette incertitude, un autre habitant, qui préfère lui aussi rester anonyme, ne la partage pas: “Si je peux déménager ce serait mieux, mais trop loin. J’ai deux enfants et l’environnement ici ce n’est pas l’idéal.“
350 millions d’euros
De fait, il n’aura fallu que quelques minutes après le départ de Nadia Hai pour voir les dealers reprendre leur poste. Après avoir fait le tour de la cité Cordon, la ministre chargée de la ville s’est rendue jeudi 10 mars à la mairie signer la déclaration d’engagement du nouveau projet de renouvellement urbain concernant ce quartier (Cordon-La Motte-Taupin) et celui du Vieux-Saint-Ouen.
L’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), placée sous sa tutelle, a décidé d’accorder 100 millions d’euros pour la réalisation du projet, soit 36% des dépenses. “Un montant énorme pour une ville comme Saint-Ouen“, souligne Nadia Hai. Par comparaison, Montreuil, qui a obtenu la même somme pour les NPNRU des quartiers La Noue-Clos Français et Le Morillon, compte plus du double d’habitants.
Au total, 350 millions seront investis par l’Etat, le bailleur social Semiso, l’intercommunalité Plaine commune, la ville de Saint-Ouen, Antin Résidences, CDC Habitat social et le département de la Seine-Saint-Denis.
“C’est un engagement historique“, se félicite Karim Bouamrane, le maire de Saint-Ouen. “Pour la première fois Saint-Ouen bénéficie d’un projet ANRU“, explique Adel Ziane, 2ème adjoint délégué à l’aménagement. “Pourtant c’est une ville de 4,3 km2 qui concentre un grand nombre d’ensembles du fait des politiques de logement et d’aménagement conduites à une certaine époque.”
Pour convaincre l’Etat, l’élu met en avant “la réflexion menée non seulement sur le logement, mais aussi sur les espaces publics, la végétalisation, la préservation des équipements publics existants. Dans le Vieux Saint-Ouen, deux groupes scolaires vont être rénovés dans le cadre de l’ANRU. Et dans chacun des deux quartiers une crèche va être reconstruite.“
510 logements démolis
Dans le cadre de cette opération rénovation urbaine 1 281 logements seront réhabilités. “Le principal enjeu reste la rénovation énergétique, mais aussi l’amélioration du cadre de vie comme, par exemple, l’aménagement d’espaces pour le rangement des poubelles ou des vélos en rez-de-chaussée“, souligne Luciana Stroscio, la cheffe de rénovation urbaine de Plaine commune.
Mais il s’agit aussi de désenclaver et d’ouvrir les deux quartiers sur le reste de la ville. Ce qui implique la démolition de certains immeubles comme la barre La Motte et du bâtiment 6/7 allée Paul-Taupin dans le quartier Cordon.
“On a fait le choix de cibler les bâtiments les plus dégradés et nous nous sommes engagés à reloger tous ceux qui le souhaitent à Saint-Ouen“, précise Adel Ziane. Au total, sur les 510 logements qui doivent ainsi être détruits, 444 sont déjà identifiés dont 254 dans la zone d’aménagement concertée (ZAC) des Docks et 67 dans le futur Village des athlètes. L’équipe municipale veut profiter de l’émergence de ces nouvelles zones d’habitation pour favoriser la mixité sociale. Dans les prochaines semaines, elle doit lancer une enquête sociale pour connaitre plus précisément la composition, les revenus et les souhaits des foyers concernées par les futurs relogements.
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