D’apparence délicate, tout en dégradé de rose au blanc, elle s’inspire des roses anciennes, généreuse en floraison en foisonnant de petites fleurs en coupe rose tendre. Ce vendredi, Sakurako Nagira a été baptisée au champagne à la Roseraie du Val-de-Marne.
A l’initiative de cette délicate invention, Jacques Ranchon, inventeur de roses qui s’est attaché, avec son épouse Dominique Croix, à faire perdurer la Roseraie Paul Croix de Bourg-Argental (Loire) et est régulièrement primé pour ses créations. Sakurako Nagira, initiée en 2008, a du reste obtenu la médaille d’argent au concours des roses nouvelles d’Orléans en 2021.
“C’est un rosier assez remontant qui doit atteindre un mètre de hauteur et à peu près pareil en largeur. Il a les qualités que l’on recherche aujourd’hui à savoir la robustesse, la résistance aux maladies, une floraison abondante et qui dure”, explique Pascal Pinel, ingénieur horticole et directeur des roses André Eve.
Ce vendredi 17 juin, c’est à L’Haÿ-les-Roses que cette nouvelle fleur a été officiellement baptisée pour fêter son lancement commercial, en présence de sa muse, Sakurako Nagira, spécialiste depuis 25 ans du développement commercial entre la France et le Japon et experte en rosiers. C’est grâce elle, notamment, qu’une quarantaine de variétés de roses anciennes de la roseraie ont pu renaître, réimportées du Japon.
“Mon prénom, qui signifie petite fleur de cerisier correspond parfaitement à l’image de cette rose. J’espère qu’elle sera toujours appréciée”, s’est réjouie Sakurako Nagira, venue accompagnée de deux membres de l’ambassade du Japon. “En dehors des membres de la famille impériale, il est très rare que le nom d’un japonais soit pris pour baptiser une fleur“, a salué Izumi Takarada, première secrétaire du service culturel de l’ambassade.
Lovée incognito depuis quelques mois dans un coin du jardin à la française, près de la roseraie de Madame Gravereaux, le nouveau rosier couvre-sol aux fleurs abondantes doit encore se développer et gagner en hauteur et en amplitude. Il produit une quarantaine de boutons du printemps à l’entrée de l’hiver.
Une opération destinée à faire connaître la fleur
Présentée au concours des roses nouvelles d’Orléans en septembre 2021, Sakurako Nagira a remporté la médaille d’argent dans la catégorie des rosiers couvre-sol. Un gage de reconnaissance important pour assurer son succès. Le baptême est une autre étape importante du lancement commercial.
“Un rosier n’a pas de nom au départ, il a éventuellement un code, un numéro. A partir du moment où l’on repère un rosier intéressant, on va lui attribuer un nom de naissance, sa dénomination variétale. Généralement, le nom de naissance porte les initiales de l’obtenteur. Ici c’est Croix. Ce nom là n’est en général pas souhaité comme ornemental, commercial. C’est le support du certificat d’obtention végétale (COV), c’est la génétique. Le rosier, quelle que soit l’époque et quel que soit le pays, portera toujours ce nom là. Il permet juridiquement de protéger le travail du pillage intellectuel pendant une trentaine d’années. Cela peut paraître long mais si la rose connaît un succès dans le temps, cette protection ne dure pas longtemps. Le nom de baptême doit être joli puisque c’est son nom commercial. Il peut changer selon les pays et est adossé à une marque que l’on peut protéger plus de 30 ans. Voilà comment se construit un baptême. Ce n’est pas très poétique, j’en conviens”, résume Pascal Pinel.
Du nouveau pour la Roseraie du Val-de-Marne
“La Roseraie abrite 11 000 rosiers, 2900 espèces et 13 collections uniques de roses ancienne et moderne. Cette rose vient étoffer notre collectif mais aussi sceller une nouvelle amitié entre le Val-de-Marne et le Japon“, a salué Mélanie Nowak, conseillère départementale déléguée élue sur le canton de L’Haÿ-les-Roses.
Parmi les projets de développement en cours de la Roseraie départementale, les équipes de la collectivités souhaitent mettre davantage en valeur les rosiers patrimoniaux. De même, ils travaillent actuellement à la pépinière de Mandres-les-Roses à la reconstitution du jardin à fleurs coupées. “Au départ, le site de la Roseraie servait de potager. C’est la femme de Jules Gravereaux qui, estimant son mari trop accaparé par sa passion pour la photographie, lui a demandé de faire pousser des plantes pour pouvoir composer des bouquets et décorer la maison notamment lors des grandes réceptions. La collection et la passion des Gravereaux pour les fleurs a ainsi démarré avec la Roseraie de Madame, des roses à couper dans un dégradé chromatique”, rappelle Marc Staszewski, responsable de la conservation des collections et de la stratégie végétale du Département du Val-de-Marne.
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