L’Ile-de-France, qui abrite un cinquième des habitants du pays, est l’une des régions les plus faiblement dotées en médecins généralistes au regard de sa forte population. Dans une étude publiée récemment, l’Institut Paris Région et l’Observatoire régional de santé alertent sur l’augmentation des déserts médicaux et tentent d’en expliquer les causes et d’esquisser des remèdes. Chiffres, analyse, préconisations.
L’Ile-de-France est-elle devenue le premier désert médical de métropole ? C’est ce qu’affirmait début mars l’Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) d’Île-de-France. Sa présidente, Valérie Briole, indiquait ainsi que 62% des de 12 millions de Franciliens vivent dès à présent dans des déserts médicaux. Une situation qui présente un “risque vital” à ses yeux. Selon les derniers chiffres de l’observatoire des territoires de l’Insee, l’Île-de-France compte en effet 75,3 médecins généralistes pour 100 000 habitants, en avant-dernière position juste devant la région Centre-Val-de-Loire (74,7 médecins pour 100 000 habitants). Dans une étude publiée récemment, l’Institut Paris Région et l’Observatoire régional de santé (ORS) insistent pour leur part sur les difficultés croissantes d’accès aux aux médecins généralistes et tentent d’en expliquer les causes.
Une population qui croît plus vite que le nombre de médecins, avec de plus en plus de personnes âgées
Première explication : la population particulièrement dynamique de l’Île-de-France. Dans les cinq ans à venir, ce-sont entre 316 000 et 527 000 franciliens supplémentaires qui sont attendus. A cela s’ajoute un fort vieillissement – et donc un accroissement du besoin médical rapporté à la population. D’ici 2027, le nombre de franciliens de plus de 65 ans devrait augmenter d’augmenter d’au moins 15,5%, soit environ 288 000 seniors de plus.
Face à ces besoins croissants, l’offre médicale ne suit pas. D’autant que beaucoup s’apprêtent eux-mêmes )à partir à la retraite. En dix ans, la part des médecins généralistes de plus de 60 ans a déjà quasi-doublé, passant de 21,4% en 2010 à 41,4% en 2020.
Dans le même temps, les jeunes médecins, qui arrivent en contingents encore très strictement limités par le numerus clausus, se dirigent peu vers la médecine générale : “À l’université, la pratique générale n’est devenue une spécialité à part entière qu’à partir de 2002, dans l’objectif de la revaloriser. Or, il faut dix ans pour former un médecin, donc les réformes mettent du temps à avoir un véritable effet. D’autant plus que la médecine générale a toujours été moins valorisée que les spécialités : les stages des étudiants en médecine ont toujours été très hospitalo-centrés.”, explique Catherine Mangeney, autrice de l’étude qui considère que le métier de médecin généraliste reste moins attractif. “Les généralistes gagnent souvent moins que leurs collègues spécialistes, et sont peu formés à la gestion d’un cabinet.”
La Seine-Saint-Denis et les Yvelines en première ligne
Cette baisse de l’offre de médecins généralistes libéraux touche tous les départements d’Île-de-France mais dans des proportions différentes. En moyenne, l’étude table sur une baisse du nombre de généraliste de 2,4 à 2,7% d’ici 2027. Mais avec une baisse de 11,5 médecins généralistes pour 100 000 habitants entre 2015 et 2020, la Seine-Saint-Denis et les Yvelines sont les départements qui souffrent déjà le plus du phénomène. À l’inverse, Paris semble plus épargné, n’ayant perdu en moyenne que 4,8 médecins généralistes pour 100 000 habitants. En taux de de diminution, le Val-de-Marne fait la course en tête avec les Yvelines. Voir le tableau ci-dessous.
Département | Médecins libéraux pour 100 000 habitants en 2015 | Médecins libéraux pour 100 000 habitants en 2020 | Baisse en valeur absolue de la proportion de médecins /habitants | Taux de diminution |
Yvelines | 62,8 | 51,3 | -11,5 | -18,31% |
Seine-Saint-Denis | 69,8 | 58,3 | -11,5 | -16,48% |
Seine-et-Marne | 62,3 | 51,2 | -11,1 | -17,82% |
Val-de-Marne | 60,3 | 49,3 | -11 | -18,24% |
Val-d’Oise | 66 | 55 | -11 | -16,67% |
Essonne | 62,7 | 52,7 | -10 | -15,95% |
Hauts-de-Seine | 54,1 | 45,4 | -8,7 | -16,08% |
Paris | 58,7 | 53,9 | -4,8 | -8,18% |
Malgré le départ de nombreux médecins, la Seine-Saint-Denis reste néanmoins le département le mieux pourvu en médecins généralistes (58,3 pour 100 000 habitants). Le département est en revanche le moins bien doté en médecins spécialistes. Il ne compte en moyenne qu’environ 5 ophtalmologistes, gynécologues, pédiatres et psychiatres, et 3 dermatologues pour 100 000 habitants. Des carences aux conséquences d’autant plus graves que le département présente déjà le taux de mortalité prématuré le plus élevé de la région (2,1 décès pour 1000 personnes), en raison de sa population défavorisé.
Paris reste de loin le département le mieux couvert en spécialistes avec environ 10 pédiatres, 14 dermatologues, 19 ophtalmologistes, 24 gynécologues… et plus de 60 psychiatres pour 100 000 habitants. La capitale, dont le profil sociologique des habitants est aussi spécifique, avec un taux plus important de CSP+, présente également un taux de décès prématuré plus faible que la moyenne nationale (1,7 décès pour 1000 habitants contre 1,9 à l’échelle du pays.
Faciliter les conditions d’exercice sans sombrer dans la concurrence territoriale, valoriser la médecine générale, diversifier les profils des futurs médecins…
Comment remédier à ces déserts médicaux ? Depuis plusieurs années, des mesures ont été prises à la source du problème, au niveau national, pour desserrer l’étau du numerus clausus à la faculté de médecine. Une frein aux études de médecine qui a longtemps réduit au compte-goutte l’arrivée de jeunes médecins. A condition de disposer des capacités de formation. Des professionnels étrangers arrivent aussi en renfort dans de nombreuses disciplines.
Localement, les territoires rivalisent pour leur part d’initiatives pour attirer les jeunes médecins. Selon un rapport de la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (Drees) réalisé en janvier 2020, les premiers critères d’installation des médecins de moins de 40 ans sont en effet la possibilité de créer ou d’intégrer un regroupement de professionnels de santé (73% d’entre eux), ainsi que les facilités pour leurs familles (71% d’entre eux). Nombreuses sont ainsi les communes qui facilitent l’implantation de maisons pluridisciplinaires, voire embauchent directement les médecins dans des centres municipaux de santé. Par les écueils à éviter, l’étude pointe toute “la concurrence territoriale et le manque de coordination entre acteurs”. Dans ce contexte, l’outil de coordination actuellement encouragé par les agences régionales de santé sont les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) qui visent à faire travailler ensemble tous les professionnels de santé, médecins comme paramédicaux ou organismes médico-sociaux sur une même territoire pour mettre en place des solutions pratiques après un diagnostic. Une cinquantaine de ces dernières sont actuellement en fonctionnement, dont 6 en Seine-Saint-Denis et 4 dans le Val-de-Marne.
Alors que la proximité géographique par rapport aux attaches familiales entre dans les choix de 69% des jeunes médecins, l’étude préconise aussi de diversifier davantage les origines socio-économiques des étudiants. “Dans les endroits aux populations défavorisées comme la Seine-Saint-Denis, il faut accompagner les élèves dès le lycée pour qu’ils aient à la fois l’envie et le niveau d’intégrer médecine. Les personnes issues de ces zones auront plus d’appétence à aller y exercer”, détaille Catherine Mangeney.
et si on se posait les bonnes questions ?
– les études d’abord, (ne parlons pas de la calamité parcoursup) des facs qui ne donnent plus de cours en présentiel, la quasi obligation de passer par une école de médecine payante, des étudiants a qui ont a eu la brillante idée de rajouter une licence obligatoire….- le numérus clausus qui a juste changé de nom, limite le nombre de médecins qui sortiront des facs dans 9 à 12 ans, le pire est à venir !
– le nombre de jeunes qui quittent la france pour l’étranger pour faire leurs études est bien représentatif du problème posé par parcoursup-
– beaucoup d’étrangers sont prioritaires sur parcoursup, mais nombreux sont ceux qui repartent après l’obtention de leurs doctorats
– peu d’étudiants envisage la médecine généraliste ! il faut ouvrir le numérus dans toutes les régions ! les chiffres minimalistes de recrutement ne permettent pas le remplacement des départs en retraite !
– l’installation des facs de médecine payantes étrangères sur le territoire (orléans) pose question !
– longtemps les urgentistes avec l’âge, passaient leurs dernières années en médecine generale ou remplacement, aujourd’hui c’est impossible, puisqu’ils doivent retourner à la fac !
– les déserts médicaux, l’absence de services hospitaliers, de lit, en campagne fait peur aux jeunes internes qui préfèrent s’installer en ville, et avoir l’assurance d’un suivi de leurs patientèles,
en résumé la france, veut faire des économies : sur les facs, sur les étudiants, et installer une médecine à petit prix grace à la téléconsultation, instaurer une santé proportionnelle à votre niveau social,
il manque déjà 30% de médecins sur le territoire et le pire est à venir !!!
Poser les bonnes questions, rechercher des solutions, ne fait pas partie du logiciel des politiques, uniquement concernés par la communication à court terme entre deux élections.
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