A 18 jours de l’élection présidentielle, le conseil départemental de Seine-Saint-Denis organisait ce mercredi un ciné-débat avec des jeunes pour qu’ils expriment leur attentes vis-à-vis des candidats. Loin d’être consensuelles, elles révèlent des fractures mais surtout un sentiment de manque d’écoute en dehors des périodes électorales.
“Beaucoup d’entre nous parlons de liberté, égalité, fraternité et, au final, on remarque que ces trois mots n’ont plus aucun sens pour nous.” Joseph, 21 ans, ouvrier à Saint-Denis, ne votera pas le 10 avril, pour lui “aucun candidat n’aborde les problèmes de jeunes.”
“Il faut nous interroger à chaque fois”
Avec 103 autres jeunes âgés de 18 à 29 ans, il a participé à une initiative du département de la Seine-Saint-Denis pour recueillir leurs aspirations et les thèmes qu’ils voudraient voir traités durant la campagne. A l’issue d’un travail d’enquête menée depuis février, un film documentaire a été restitué mercredi devant une bonne partie des jeunes interviewés.
Sabri, étudiant en 2ème année de science politique, a profité de la soirée-débat qui a suivi pour interpeler Stéphane Troussel, le président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis. “Il ne faut pas nous donner la parole seulement quand on se dit: 68% d’abstention. Il faut nous interroger à chaque fois.”
A travers lui, c’est le reproche adressé par beaucoup de jeunes à l’égard du discours politique. Inès, conseillère à la mission locale de Bondy, partage une vision plus générale du problème: “les jeunes n’existent pas.”
“Faut casser les barrières”
Du racisme à l’emploi, en passant par le logement et les inégalités femmes-hommes… les participant, dont de nombreux jeunes interviewés, ont mis en avant des thèmes ancrés dans la réalité du quotidien.
Ambra, 21 ans, étudiante en droit, témoigne de son échec à être embauchée comme caissière. “On me demandait de l’expérience, mais à mon âge quelle expérience je peux avoir.”
Lyas, 21 ans, peine à trouver un logement malgré des revenus suffisants, tout comme Pauline, 27 ans, mère de deux enfants.
Flora dénonce les discriminations: “par exemple dans liberté, égalité, fraternité, nous [les femmes] on est pas incluses.”
Un des sujets qui est le plus revenu reste la dénonciation des stéréotypes qui collent à la peau des habitants du 93 et de banlieue en général. Evoquant sa start-up hebergée à Station F, Niroshy souligne “On est quasiment que cinq femmes et quasiment les seules de couleur. Il y a un manque de représentativité des banlieues. Faut casser les codes, faut casser les barrières.”
Nabil, 20 ans, inverse le problème. “Pourquoi lorsqu’on vit en banlieue et qu’on veut faire des études supérieures on nous pousse à partir?” Malgré les conseils de ses professeurs, lui a fait le choix de suivre un cursus de science politique à l’université Sorbonne Paris 13.
Le président PS du département veut interpeller les candidats via les jeunes
Pour conclure, Stéphane Troussel, président PS du département, parmi les porte-paroles de la candidate socialiste Anne Hidalgo, a salué “un regard critique sur la situation en interpellant le pays qui s’éloigne de la devise républicaine“, appelant “la France à se voir telle qu’elle est et pas comme elle se fantasme“. Le département entend dégager cinq grand thèmes: “être respecté”, “vivre dignement”, “pouvoir se lancer”, “être égales et égaux”, “pouvoir décider” et envoyer une interpellation aux douze candidats à l’élection présidentielle par l’intermédiaire d’une vidéo des jeunes. Les prétendants pourront y répondre également par vidéo avant le dimanche 3 avril.
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