Une année plongée dans l’univers d’un griot, poète-musicien-conteur africain, tel est le concept de la Cité des marmots, un projet scolaire artistique qui embarque des élèves d’école élémentaire de dix villes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Cette année, c’est sur le répertoire d’Amadou Bagayoko et de Mariam Doumbia, chanteurs et musiciens maliens tous les deux aveugles, que la troupe travaille. Et ce mardi, les élèves de Montreuil rencontraient les artistes pour la première fois.
9h30 devant le cinéma Le Méliès. Pas moins de six classes de Madeleine-et-Louis-Odru et Jules-Ferry-2 arrivent en rang serré dans le froid glacial. C’est la première fois qu’ils vont rencontrer les deux artistes. “Ce temps est très important, explique Sabrina Ouis, responsable de la Cité des Marmots au sein de Villes des musiques du monde, l’association à l’origine du programme. Cette matinée d’échanges permet aux enfants d’incarner le projet en voyant les artistes en chair et en os et de les entendre en live.“
C’est leur répertoire qu’un vaste chœur d’écoliers interprétera sur scène avec le duo d’artistes le 25 juin, à l’occasion de la fête de la ville de Montreuil. Il réunira non seulement 270 élèves montreuillois mais aussi 600 autres écoliers des villes du territoire Plaine commune* ainsi qu’une classe de l’Institut national des jeunes aveugles de Paris.
* Aubervilliers, Épinay-sur-Seine, L’Ile-Saint-Denis, La Courneuve, Pierrefitte-sur-Seine, Saint-Denis, Saint-Ouen-sur-Seine, Stains et Villetaneuse
Une heure par semaine d’éveil musical
Le programme a commencé dès la rentrée, à raison d’un atelier chant d’une heure par semaine dispensée par un musicien. Mais c’est seulement depuis janvier qu’ils s’attaquent au répertoire d’Amadou et Mariam, explique Loïc, professeur des écoles d’une classe de CM1 de l’école Jules Ferry 2. La rencontre vient donc à point nommé. “Pour l’instant on chante Un dimanche à Bamako et Sabali, raconte Leia, 9 ans, mais il y aura d’autres chansons. Je trouve que leur musique est très touchante: ils expliquent leur vie, les choses qu’ils ont beaucoup aimé et ce qui s’est très mal passé“, analyse l’élève de CM1. “Je connaissais Amadou et Mariam parce que mes parents sont originaires du Mali et ils écoutent leurs chansons“, commente Noam.
Au-delà de la musique
Les questions s’enchaînent. Des plus pratiques comme: “Quand avez-vous commencé à faire de la musique?” ou “Comment faites-vous pour jouer des instruments sans voir?”. Au plus intimes: “Comment est-ce que vous vous êtes rencontrés?”
“Ça nous replonge des années en arrière d’être avec des enfants, observe Amadou, parce qu’on était très jeunes quand on a commencé. Et c’est très important de transmettre parce que nous parlons de notre carrière, nous les encourageons à étudier, à s’affirmer et nous leur transmettons aussi de la bonne musique.”
Pour Loïc, leur enseignant, l’enjeu n’est pas seulement artistique. En les ouvrant sur les musiques du monde, le projet les ouvre sur le monde lui-même. “On a tout un projet sur le Mali né grâce à cela”, indique-t-il.
“C’est un grand bonheur de reprendre les activités collectives, de voir les classe de neige partir et la Cité des Marmots se rouvrir”, se réjouit pour sa part Patrice Bessac, maire de la commune, venu les accueillir.
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