Salaires modestes, conditions de travail difficiles… Les métiers du travail social n’attirent plus. Pour les revaloriser, le département de la Seine-Saint-Denis a lancé jeudi 31 mars un plan d’action au Blanc-Mesnil.
“Ce qui complique notre travail, c’est qu’il y a peu d’assistantes sociales. On a donc plus de dossiers à gérer et comme leur traitement est parfois en attente depuis un certain temps, on doit faire face à des situations qui se sont dégradées“, explique Loreine Rinaldo, 29 ans, assistante sociale à la circonscription de service social et de protection maternelle et infantile (PMI) du Blanc-Mesnil.
“On dépend aussi des politiques sociales, ajoute-t-elle. On doit gérer le sentiment de frustrations qu’on peut avoir.” Elle prend l’exemple du manque de places d’hébergement que peuvent rencontrer des femmes victimes de violences conjugales. Ou encore, s’agissant des mineurs, celui des évaluations d’information préoccupante qui prennent du temps à réaliser. “On hérite parfois de dossiers ouverts il y a un an. On peut alors se retrouver face des situations mises en danger qui se sont sérieusement aggravées.”
Crise des vocations
Dans les locaux flambants neufs de cette antenne de la Maison des solidarités du Bourget (qui couvre aussi Dugny), quatre assistantes sociales sont actuellement en poste, précise Sekouna Bagayoko, la responsable de circonscription. Deux agents de l’ “équipe volante” du département leur prêtent également main forte ponctuellement.
Reste que sept postes sont encore vacants. “Il y a une tension des métiers d’assistantes sociales et une vraie concurrence pour le recrutement. C’est à qui proposera les meilleures conditions de travail“, commente Sekouna Bagayoko. “La crise des vocations est telle que les écoles du travail social n’arrivent pas à remplir leur formation,” complète-elle.
15 millions d’euros par an
Face à ce constat, le département a engagé il y a un an une concertation avec les syndicats. A l’occasion de l’inauguration des nouveaux locaux du Blanc-Mesnil, jeudi 31 mars, Stéphane Troussel, le président du conseil départemental, a présenté un plan d’action visant à revaloriser les métiers, à recruter et à renforcer les formations.
Assistantes sociales, conseiller d’insertion, éducateurs, mais aussi écrivain administratif, psychologue, assistante administrative… plus de 1 200 agents du département sont concernés. Pour sa mise en oeuvre, la collectivité prévoit un budget de 15 millions d’euros par an jusqu’à la fin de la mandature, en 2027.
Salaires, primes, recrutement
Parmi les mesures les plus fortes, figure le recrutement de 450 nouveaux professionnels au sein des services de l’action sociale départementale sur les trois ans à venir.
Au volet de l’attractivité, le plan annonce l’augmentation de 183 euros des salaires de la filière socio-éducative et des agents des PMI. Ce coup de pouce est une mesure nationale annoncée lors de la conférence des métiers sociaux de février dernier, “dont le département couvrira une partie importante des frais.” Les écrivains administratifs passeront par ailleurs en catégorie B, tandis que les responsables de circonscription pourront bénéficier d’une prime de 100 euros mensuels pour les intérims qu’ils effectuent par ailleurs.
Autre mesure significative, le plan prévoit un programme de formation, “continu et cohérent“, de cinq jours au minimum par agent, tous postes confondus.
Sabino Patruno, responsable de la CGT, salue “un effort mais qui est indispensable.” “C’est une première étape“, poursuit-il, soulevant néanmoins plusieurs interrogations notamment sur le régime de congé avec le passage aux 1607 heures. Ou encore sur l’enjeu de l’égalité homme/femme dans un cadre de travail très féminisé.
“Je suis contente des annonces faites matin“, observe pour sa part Loreine Rinaldo, qui a commencé à travailler comme assistante sociale à Paris en 2017. Après je pense que les travailleurs sociaux sont quand même sous-payés si l’on considère tout le travail qu’on fournit. Je dis ça alors que le département de la Seine-Saint-Denis reste l’un de ceux qui payent le mieux. Mais c’est aussi l’un des plus pauvres de France. On peut donc avoir peur de venir y travailler. Pourtant au-delà des réelles difficultés que l’on rencontre, je pense que ce département est très formateur.”
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