Ce n’était pas de la vente de barrettes à la sauvette mais un un réseau au marketing soigné avec nom de marques, joli packaging et produits dérivés… Le patron de cette “startup” du cannabis, Zinzin, qui opérait depuis sa cellule, a écopé ce jeudi de dix ans de prison ferme. Un traitement “aberrant, comparé à d’autres affaires où l’on parle de “centaines de kilos de cocaïne”, a regretté son avocat. Selon plusieurs protagonistes, le réseau serait toujours actif.
“Une marque”, “une véritable entreprise” devenue “numéro un” de la vente de cannabis en Ile-de-France: vingt membres du réseau baptisé Caliweed ont été condamnés ce jeudi à Créteil à des peines de 12 mois à 10 ans d’emprisonnement. Considéré comme le chef du réseau, Djamel, alias “Zinzin”, en a pris pour 10 ans. A 36 ans, celui qui est soupçonné d’avoir “organisé, créé et développé” Caliweed depuis sa cellule, était déjà à l’ombre depuis 2018, après avoir multiplié les aller-retours en prison depuis sa majorité.
La recette de ce réseau? Des menus disponibles sur WhatsApp, du cannabis importé d’Espagne ou de Californie et emballé dans de “jolies boîtes” estampillées “Caliweed” ou “Haribeuh”, des “goodies” (T-shirts, “space cakes”, sucettes…) offerts à chaque commande, et livrés en toute discrétion. Pour commander une de ces fameuses boîtes – à 60 euros pour 3,5 g de cannabis – une demande sur Snapchat – dont les messages sont éphémères – suffit.
Entre 2 millions et 5 millions d’euros de recettes en 6 mois
Opérationnel dans les huit départements d’Ile-de-France, cette “start-up” a réalisé selon le parquet un chiffre d’affaires estimé “entre deux et cinq millions d’euros” en six mois d’activité.
Lors de ses réquisitions, la procureure avait évoqué “une organisation de l’ordre du démentiel”, réclamant des peines de plusieurs années d’emprisonnement pour les 20 membres supposés du réseau, qui, début 2019, avait réussi à “inonder toute l’Ile-de-France avec ses boîtes” en quelques mois, grâce à un marketing innovant.
Huit ont été condamnés à des peines égales ou supérieures à deux ans de prison ferme. Tous devront régler des amendes de plusieurs milliers d’euros.
“Ce sont les plus lourdes réquisitions que j’aie jamais entendues dans un dossier de stup à Créteil!”, avait tonné jeudi matin Me Julien Dubs, avocat de Djamel S. Un traitement “aberrant, comparé à d’autres affaires où l’on parle de “centaines de kilos de cocaïne”, a insisté Me Dubs.
Deux prévenus ont reconnu “Zinzin” comme “le chef” de l’opération, dont sa soeur, condamnée à deux ans de prison avec sursis pour avoir confectionné les gâteaux au cannabis offerts avec les commandes d’herbe – qu’elle décorait soigneusement selon ses dires “comme (le célèbre pâtissier) Cyril Lignac”. Mais “il ne la gère pas tout seul” depuis sa cellule, avait-elle dit aux enquêteurs.
Les avocats de la défense avaient eux, estimé, qu’il n’y avait pas assez d’éléments à charge pour désigner “Zinzin”- auxiliaire en prison – comme le chef de Caliweed. “Est-ce que c’est le pire homme que vous ayez eu à juger” pour “le pire trafic de stupéfiant que vous ayez vu ?”, avait demandé Me Dubs, appelant à juger son client, qui menace de “se laisser mourir” en prison, avec “humanité”.
Un réseau toujours actif ?
Selon différents protagonistes au procès, Caliweed, qu’on croyait démantelé, perdure, profitant de la discrétion offerte par les réseaux sociaux pour poursuivre ses opérations.
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