Qui va payer pour le surcoût de 1,7 milliard d’euros du prolongement du RER E de Paris à Mantes-la Jolie? En séance ce mercredi, les élus du conseil régional d’Ile-de-France ont renvoyé la balle à SNCF Réseau, énumérant ce qu’ils estiment être des manquements de l’opérateur dans la conduite du chantier.
Si les élus de tous bords de la mission d’information et évolution (MIE) reconnaissent la “véracité et le caractère inévitable d’aléas rencontrés” lors du chantier, ils pointent aussi “un déficit important et structurel de transmission d’informations de la part du maître d’ouvrage SNCF Réseau sur le coût à terminaison de l’opération et la consommation de la provision pour risques”.
Les financeurs – Etat, région Ile-de-France, départements, Société du Grand Paris et SNCF Réseau – “n’ont été systématiquement informés qu’a posteriori des dérives de coûts, sans pouvoir prendre position dans le cas de modifications de programme ou d’accélérations de phase”, écrivent encore les élus, pour qui ces constats “montrent une carence claire et importante dans la conduite du projet par SNCF Réseau”.
Les commissaires ont aussi dénoncé la méthode “très discutable qui a consisté à mettre en balance la poursuite du chantier pour obtenir une rallonge des financeurs publics”, souligne le président de la MIE Vincent Poiret, élu de la majorité de droite de la présidente de région Valérie Pécresse.
Pour le rapporteur (PS) Jean-Marc Germain, outre une “préparation insuffisante”, une “mauvaise appréciation des provisions pour risques” et des “délais incompressibles”, c’est bien le “défaut d’information des financeurs” qui constitue le “fait le plus grave”.
En février, les responsables de SNCF Réseau avaient confirmé que ce complexe projet consistant à creuser 8 km de tunnels et adapter 47 km de voies existantes coûterait entre 4,7 et 5,4 milliards d’euros, en fonction des provisions pour aléas, contre 3,8 milliards envisagés au lancement du projet en 2016.
Les élus franciliens réclament à SNCF Réseau de “poursuivre le projet jusqu’à terminaison dans les délais prévus”, soit “avant fin 2023” pour le tronçon Paris-Nanterre et “avant fin 2025” pour la section jusqu’à Mantes-la-Jolie.
Ils estiment que l’entreprise publique devrait “prendre en charge les surcoûts non acceptés par les financeurs du projet” ou à défaut l’Etat, “si la règle d’or ou la trajectoire d’un contrat d’objectif et de performance l’interdit”.
Erigée pour maîtriser l’endettement du gestionnaire d’infrastructure, la règle d’or l’empêche d’investir au-delà du ratio entre sa dette financière nette et sa marge opérationnelle.
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