Justice | | 16/10/2022
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Trafic de scellés dans une déchetterie de Saint-Ouen : neuf personnes au tribunal

Trafic de scellés dans une déchetterie de Saint-Ouen : neuf personnes au tribunal © pixelshot

Au terme de huit mois d’écoute et de surveillance, la police avait mis à jour un petit manège bien rodé dans une déchetterie de Saint-Ouen, consistant à mettre de côté les scellés destinés à être incinérés (drogues diverses ou marchandise de contrefaçon…) pour les revendre.

Depuis 2013, sur procès verbal, les policiers remettent à cette déchetterie des scellés destinés à être incinérés sur décision de justice: cigarettes de contrebande, vêtements contrefaits, drogues diverses…

Le système – mis au jour grâce à huit mois d’écoutes et de surveillance – est simple: lorsque la drogue est amenée par les policiers et placée dans la fosse, le pontier – chargé de déplacer les déchets à l’aide d’une pince jusqu’à la trémie, sorte de gros entonnoir surplombant l’incinérateur – prend soin d’isoler les paquets intéressants, marqués du rouge des scellés. Une fois dans la trémie, ces paquets peuvent aussi être attrapés par d’autres employés grâce à des perches. 

A l’issue de l’enquête, entamée après un renseignement anonyme en septembre 2017, Jean-Marc B. et Pascal T., 50 ans, amis de longue date, sont soupçonnés d’avoir été au coeur du trafic. Désigné comme le meneur, Pascal T. travaille depuis une dizaine d’années dans cette déchetterie de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), où il est devenu technicien et gère une équipe. 

La drogue récupérée aurait d’abord été transmise à Pascal T. qui lui-même l’aurait livrée à Jean-Marc B., chargé de la revendre.

6 kg de cocaïne à prix cassé

Via cette équipe, sortiront de la déchetterie, a minima sept kilos d’herbe de cannabis, 40 de résine, un de drogues diverses et surtout, en janvier 2018, six kilos de cocaïne. Celle-ci sera revendue à prix cassés: 20 000 euros le kg, alors que le marché parallèle fixe le tarif à 30 000 euros. 

En 2016, Jean-Marc B. et son épouse vivaient du RSA. Un an plus tard, le couple achetait pour 30 000 euros le fond de commerce d’un bar à Aulnay-sous-Bois. 

S’il minimise son enrichissement, Pascal T. a pu transporter jusqu’à 109 000 euros issus de la vente de la cocaïne pour les répartir entre toutes les parties prenantes. “Les faits ont été reconnus dès le départ, mais de là à dire qu’il était en haut de la pyramide…”, soutient son avocat Thierry Chamon. “Il ne connaît absolument pas le système des stup’, c’est (Jean-Marc B.) qui fait le lien avec le monde extérieur”.

L’avocat de Jean-Marc B. n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP. 

Trois autres employés de la société d’incinération impliqués avaient eux reçu plusieurs milliers d’euros.

Dans ce business familial, la soeur, désignée “comptable”, aurait géré les finances et reconditionné la “jardinière”, la drogue stockée chez la mère. Cette dernière n’a pas été mise en examen.

Depuis, le processus de destruction des scellés a été modifié mais d’après des employés interrogés par les enquêteurs, la manœuvre illégale était connue de tous et appliquée par certains pour arrondir les fins de mois de salariés gagnant autour de 2 000 euros net par mois. 

Des primodélinquants

De mardi à vendredi, ces “primo-délinquants” – seul l’un des casiers judiciaires contient une mention ancienne – comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Bobigny. A l’exception de l’un d’eux, totalement libre, ils comparaissent tous sous contrôle judiciaire. 

Les six principaux prévenus encourent jusqu’à dix ans de prison. 

Deux autres hommes, chargés de trouver des acheteurs, seront jugés pour complicité de trafic de stupéfiants. 

Enfin, l’épouse de Jean-Marc B. est renvoyée pour non-justification de ressource. Sur son livret A, 8 000 euros avaient été déposés en janvier 2017.

par Maryam EL HAMOUCHI

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