Un campement comptant près d’un millier de migrants dans le quartier de la Chapelle a été évacué ce jeudi matin par les forces de l’ordre. Plusieurs centaines de personnes ont été mises à l’abri tandis que d’autres sont restées sur le carreau, regrettent les associations.
Ces personnes, essentiellement originaires d’Afghanistan, s’étaient installées depuis près d’un mois dans des conditions très précaires, parfois à même le sol, sous un tronçon aérien du métro parisien dans le quartier de la Chapelle.
Le campement informel “a été évacué dans le calme jeudi matin dès 7H00”, a affirmé Flore Judet, une responsable de l’association Utopia56, qui leur vient en aide. Il s’était créé après une précédente évacuation le 28 septembre et avait “grossi rapidement ces derniers jours”, a-t-elle ajouté. Environ 600 à 700 personnes avaient été comptabilisées sur ce lieu par France terre d’asile (FTDA), l’association opératrice de l’Etat sur ces opérations, et 634 ont été mises à l’abri selon l’association.
“Les derniers comptages effectués par les maraudes opérées par France terre d’asile indiquaient une présence comprise entre 550 et 600 personnes. Afin de procéder à la mise à l’abri, des places ont été mobilisées en Île-de-France et en province. Ce sont ainsi 634 hommes isolés qui ont été pris en charge par les services de l’État et leurs partenaires”, confirme la préfecture de police et la préfecture de Paris dans un communiqué.
Mais environ “400 autres ont été évacuées de la zone sans aucune solution d’hébergement”, a déploré Flore Judet. “L’afflux soudain et important de nouvelles personnes n’a pas permis la prise en charge de l’ensemble du public présent, et ce malgré les moyens importants déployés par les services de l’Etat qui poursuivront leur mobilisation dans les prochaines semaines pour permettre une prise en charge de ceux n’ayant pu bénéficier d’une orientation. 406 personnes prises en charge ont été orientées en région (hors Île-de-France) et 228 en Île-de-France, vers des centres d’hébergement où elles vont bénéficier d’une évaluation de leur situation administrative, d’un accompagnement social, sanitaire et administratif avant d’être réorientées au regard de leur situation”, détaillent de leur côté les préfectures.
“Même si on est un peu soulagé pour les personnes prises en charge, on est très inquiet pour celles qui ne l’ont pas été et ceux qui viendront après”, a également réagi Milou Borsotti, sur place pour l’ONG Médecins du monde, qui estime à 300 le nombre de personnes non prises en charge.
De son côté, l’association d’aide aux migrants Utopia 56 a dénoncé une “opération d’expulsion violente“.
Dans le calme, les personnes expulsées suivent les “ordres” et quittent les lieux une couverture à la main. Une expulsion violente et tout à fait illégale par @prefpolice et @Prefet75_IDF. pic.twitter.com/jvkylmirC8
— Utopia 56 (@Utopia_56) October 27, 2022
“On assiste à Paris ces dernières semaines à une augmentation significative du nombre d’arrivées de demandeurs d’asile. Ce campement (…) augmentait rapidement et une mise à l’abri urgente était indispensable pour ne pas risquer que trop de gens s’y installent, que les conditions sanitaires se dégradent et que la situation se détériore”, explique Delphine Rouilleault, directrice générale de France terre d’asile.
“Nous espérons qu’elle sera rapidement suivie d’une deuxième (opération), pour offrir une solution à tous”, a-t-elle ajouté, estimant que cette situation “plaide, une nouvelle fois, pour l’ouverture de centres de premier accueil dans les grandes villes” pour éviter “que les demandeurs d’asile dorment dehors” et pour organiser “leur répartition sur tout le territoire dès l’arrivée”.
“Depuis le début de l’année, 4 649 personnes ont ainsi été mises à l’abri dans le cadre de 16
opérations conduites par les services de l’État”, chiffrent les préfectures.
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