33% des missions de service civique du Val-de-Marne sont proposées par des associations sportives, soit le double de la moyenne nationale. Plusieurs centaines de jeunes s’engagent ainsi chaque année au sein de clubs et de comités, à la recherche d’une expérience. Une rencontre était organisée ce mercredi au gymnase Marie-Thérèse Eyquem de Créteil pour dresser un état des lieux de ce dispositif lancé il y a douze ans.
Paf, paf, paf, le bruit des rebonds de balles en caoutchouc sur les murs des courts de squash ne cesse jamais. Pendant que des membres du pôle France répètent leurs gammes, les jeunes du club suivent un stage d’entraînement avec Eric Lecordier. Le coach s’appuie sur la présence de Sullyvan, qui va bientôt achever ses 8 mois de service civique au sein de l’US Créteil Squash. “Je souhaite reprendre des études d’informatique à l’école 42. Avant cela, je voulais me lancer dans une mission de service civique. Je connaissais déjà l’univers de ce sport mais je me suis surpris à aimer partager cette passion avec les enfants”, explique-t-il. Suivi par son tuteur, il a exécuté des missions d’appui aux entraînements et réalisé des tâches administratives (enregistrement des licences, organisation des déplacements pour les rencontres,…).
Parfois, ces missions peuvent déboucher sur des emplois comme pour cet étudiant en deuxième année de master Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives), management du sport, qui vient d’obtenir un CDI comme agent de développement au sein de l’US Créteil Lusitanos, le club de football. “Je devais trouver une alternance, le club m’a proposé une mission de service civique pour encadrer l’aide au devoir et le soutien scolaire de son académie. Au départ, mes encadrants universitaires n’étaient pas très emballés. Le service civique est moins valorisé qu’un stage ou un apprentissage. Ils ont fini par accepter. L’US Créteil Lusitanos était satisfaite de moi et a souhaité me conserver”.
Irfaan Burahee, cadre dirigeant du club d’haltérophilie de l’US Créteil, a encadré au cours des six dernières années une dizaine de jeunes en mission de service civique. Il considère ce dispositif comme un tremplin pour la réussite professionnelle et un véritable atout pour la structure accompagnante. “Nous recrutons à la motivation, en faisant totalement abstraction du niveau scolaire. Quand nous le pouvons et lorsque l’expérience est réussie, nous embauchons et lorsque ça n’est pas possible, nous les adressons à notre réseau de partenaires. Nous avons énormément développé le sport santé. L’haltérophilie ne consiste pas seulement à soulever des haltères, c’est l’école de la posture et de l’entretien du dos. Parmi les publics du service civique, il y a des jeunes de quartiers prioritaires qui nous permettent de toucher de nouveaux publics qui ne s’orienteraient pas vers notre discipline.”
Chaque année, l’US Créteil, club omnisport qui fédère une trentaine d’associations, accueille environ vingt jeunes en service civique qui sont ensuite répartis en fonction des besoins des clubs membres. “Nous disposons de l’agrément de l’Agence du service civique, aussi, nous veillons à leur accueil, leur encadrement et à leurs missions. Nous recevons beaucoup de candidats qui gravitent déjà autour de nos clubs, il y a aussi le vivier des étudiants en Staps et quelques candidatures spontanées. Leur présence sur une aussi longue période fait que nous les traitons comme des collègues”, résume Isabelle Brynkus, la directrice générale.
Vigilance sur la charge de travail
Le CDOS (Comité départemental olympique et sportif) du Val-de-Marne dispose également d’un agrément et recrute à l’année une quarantaine de jeunes en service civique. Romain Legrand, directeur du CDOS 94 veille à ce que les associations sportives ne se reposent pas trop lourdement sur ces volontaires. “Nous répondons aux demandes de clubs ou de comités. Quand les structures partenaires sont suffisamment grandes et structurées, nous ne nous faisons pas trop de soucis sur la présence d’un tuteur pour les accompagner et respecter les missions. C’est plus compliqué en revanche quand les associations ont des tailles beaucoup plus modestes et ne comptent que des bénévoles. Nous les encourageons à ce qu’ils suivent des formations au tutorat, nous fournissons également des outils pour faciliter les choses”.
Ce dispositif fait régulièrement l’objet de critiques car les volontaires reçoivent une indemnité d’environ 600 euros par mois contre un travail au profit d’associations mais aussi d’administrations et de services publics. Pour Béatrice Angrand, présidente de l’Agence du Service Civique, il ne doit pas y avoir de malentendu. “Ces jeunes sont recrutés pour réaliser une mission d’intérêt général avec un encadrement et un tutorat obligatoire. Nous avons augmenté la rémunération en nous calant sur le point d’indice de la fonction publique, l’Etat prend en charge 500 euros et l’organisme accueillant verse les 100 euros restants”. En 2021, 145 000 jeunes ont réalisé une mission de service public en France, 1400 en Val-de-Marne, dont la moitié à Créteil. Cette année, 700 jeunes ont d’ores et déjà été recrutés dans le département. Alors que le gouvernement souhaite augmenter le nombre au niveau national, des incitations ont été ajoutées comme des chèques-vacances ou des aides au passage de diplômes type BAFA dans l’animation.
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