Réduits pendant la crise sanitaire, en raison de la diminution du nombre d’enfants étrangers démarrant une scolarité en France, les moyens dédiés aux élèves non francophones sont désormais insuffisants alors que les frontières ont rouvert, estiment les syndicats enseignants tandis que l’académie explique ajuster les effectifs au mieux.
Alors qu’environ un cinquième des 35 postes équivalent temps plein d’enseignants spécialisés dans l’accueil des enfants étrangers et l’apprentissage du français renforcé avaient été supprimés à la rentrée 2021, quelques uns ont d’ores et déjà été dégelés. Concrètement, un demi-poste a été réaffecté à l’école élémentaire Paul Barilliet de Bry-sur-Marne fin novembre. Un autre à Choisy-le-Roi. Plus récemment, fin mars, quatre demi-postes ont été rétablis à Maisons-Alfort, Nogent-sur-Marne, Vincennes et Villejuif. Ces 6 demi-postes devraient être pérennisés pour l’année prochaine. Ces enseignants interviennent dans des UPE2A (unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants) qui permettent aux élèves de bénéficier de 9 heures de français langue étrangère par semaine et de les intégrer progressivement à une scolarisation dans des classes banales.
Pour les syndicats enseignants, qui donnaient ce mercredi une conférence de presse, le compte n’y est toujours pas. “La Dasen a dégagé 3 postes équivalent temps plein. Cela ne compense pas les 7 suppressions de l’année dernière. Et puis les enseignants qui vont être positionnés sur ces moyens accordés à deux mois de la fin de l’année scolaire vont être pourvus par des remplaçants. Les enseignants certifiés d’UPE2A qui ont été réaffectés l’année dernière en zone banale ne veulent pas quitter leur école du jour au lendemain. De nombreux collègues avec une expertise en la matière ne reviendront pas sur ces postes parce que c’est devenu trop compliqué. Il n’y a pas si longtemps, un enseignant avait 15 élèves dans une classe, désormais, il se partage entre plusieurs écoles et peut avoir jusqu’à une cinquantaine d’élèves. Comment voulez-vous leur dispenser les 9 heures d’apprentissage du français auxquels ils ont droit ?”, s’interroge Samia Ait Elhadj, de Snudi-Fo.
D’autres enseignants s’inquiètent d’une réaffectation provisoire, pérennisée pour une nouvelle rentrée seulement. “Nous ne voulons pas d’une mesure exceptionnelle pour répondre à l’élan de solidarité autour des enfants venus d’Ukraine. Nous sommes en Île-de-France, nous devons être mieux dotés pour accueillir convenablement les élèves dans nos classes car ils ont des besoins particuliers. Pour ceux qui n’ont jamais été scolarisés, il faut parfois leur apprendre à lire. Nous déplorons un formidable gâchis de ressources humaines. Ce ne sont pas des postes classiques. Il faut parfois s’investir au-delà de son cadre de travail pour tisser des liens avec les familles. Ce n’est pas possible de saupoudrer les moyens et de gérer au doigt mouillé”, explique Cyrille Micheletta, de Snuipp-Fsu.
De son côté, la direction académique rappelle que les postes d’enseignement spécialisés qui avaient été supprimés restent bien dans le quota du Val-de-Marne, et sont donc réaffectés dans le département.
Lire, pour rappel, notre précédent article sur le sujet : Val-de-Marne: les enseignants alertent sur le manque d’accueil des élèves non francophones
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