Absences non remplacées, manque d’accompagnants pour les élèves handicapés, désaccord sur les effectifs prévus à la rentrée… la colère gronde chez les enseignants et parents d’élèves du Val-de-Marne. Ce jeudi, les enseignants des collèges d’Arcueil, de Gentilly, du Kremlin-Bicêtre et de Villejuif ont manifesté devant l’inspection académique tandis que ce vendredi, plusieurs rassemblements sont prévus, ce matin et cet après-midi, de Vitry-sur-Seine à Villejuif. Reportage.
Pour peser avec la direction académique sur les négociations de la future carte scolaire, qui détaille les effectifs par établissement à la rentrée, parents d’élèves, enseignants et élus ont décidé de jouer en équipe. Plus question d’audiences individuelles. Ils exigent d’être reçus ensemble pour trouver des solutions sur l’ensemble de leur territoire. “Trop souvent, les gains que l’on obtient sont pris sur les établissements voisins. Déshabiller Pierre pour habiller Paul, ça ne sert à rien. Les collèges ne doivent pas se faire concurrence”, motive une enseignante du collège Dulcie September à Arcueil. Ce jeudi à Créteil, ils étaient une centaine à manifester devant le siège de l’inspection académique. Une délégation a été reçue.
Dans ces établissements, les dotations horaires globales qui sont prévues devraient en effet entraîner des fermetures de classes. “Ils vont nous supprimer une classe en sixième et une classe en troisième. Les effectifs vont avoisiner les 28 élèves par classe. Nous allons perdre une enseignante de français langue étrangère alors que les besoins sont importants, dénonce Anne, qui travaille au collège Aimé Césaire de Villejuif. Ils justifient ces fermetures par des projections démographiques et expliquent donc que cela pourra être modifié mais nous n’avons aucune visibilité. Lors de nos échanges avec l’Education nationale, ils ne cachent même plus qu’ils souhaitent que le privé absorbe certains de nos élèves pour faire baisser les effectifs. Si les meilleurs élèves peuvent aller dans ces établissements, nous devons nous occuper des jeunes des classes populaires et il nous faut des moyens pour cela.”
Au collège Albert Cron du Kremlin-Bicêtre, pourtant mobilisé de longue date, la prochaine carte scolaire n’a pas non plus fait de cadeau. “Nous perdons trois classes à la rentrée et allons avoir des classes à 30 élèves. Cela va venir s’ajouter à un poste de principal adjoint non reconduit, pas d’infirmière, pas d’assistante sociale. Nous venons de vivre deux ans de perturbations dues à la crise sanitaire et ces élèves méritent une meilleure attention, un accompagnement médico-psychologique pour les plus fragiles. Nous devrions pouvoir travailler avec des demi-groupe pour rattraper les lacunes. Rien de tout cela n’est possible”, déplore une enseignante de français. Des enseignants du lycée Adolphe Cherioux se sont aussi invités dans cette manifestation. “Ils font du rapiéçage. Toutes les spécialités du baccalauréat sont devenues sélectives par manque de moyens. De plus en plus d’élèves sont contraints de devoir changer d’établissement entre la classe de première et la terminale, et d’aller parfois loin de chez eux”, résument trois enseignants. La sénatrice Sophie Taillé-Polian et la conseillère départementale Flore Munck sont venues participer à la manifestation.
“un millier de journées de classe perdues à cause des absences non-remplacées”
Si la mobilisation de l’enseignement secondaire s’amplifie, c’est dans les écoles du département que les actions sont les plus marquantes. Ainsi à Villejuif, depuis trois semaines, les 14 groupes scolaires sont régulièrement occupés par les parents d’élèves. “Nous pouvons compter sur la présence de personnes qui ne s’étaient jamais impliquées jusqu’à présent dans de tels mouvements. Ce jeudi, nous étions une cinquantaine à l’école Joliot-Curie et ils étaient 35 à l’école des Hautes-Bruyères. Il y a tout un collectif qui s’est organisé pour porter nos revendications de façon collective. Sur la ville, les chiffres que nous remontons sont éloquents puisque l’on parle d’un millier de journées de classe perdues à cause des absences non-remplacées, il manque une quarantaine d’AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) pour répondre aux besoins et dans le même temps, la carte scolaire prévoit 10 fermetures de classe. Personne ne veut lâcher ce combat unitaire. Nous espérons qu’il va faire tâche d’huile partout ailleurs”, revendique Amandine Bugnicourt, représentante du mouvement APE parents d’élèves de Villejuif.
Dans d’autres villes, les associations de parents d’élèves ont également ressorti les banderoles et préparent de nouvelles actions comme au groupe scolaire Jardin Parisien à L’Haÿ-les-Roses où l’on a comptabilisé depuis le début de l’année 3 mois d’absence sans remplacement.
A Vitry-sur-Seine encore, c’est l’expulsion par la police de deux occupations de bureaux de directions d’école, l’une fin mars à Jules Verne, la seconde début avril à Paul Langevin, qui a mis le feu aux foudres. Ces occupations par des parents d’lèves visaient à dénoncer des absences non remplacées. Un rassemblement est à nouveau organisé ce vendredi matin, pour protester.
Du côté de l’Education nationale, le recteur a au contraire insisté début février sur le fait que le nombre d’enseignants continuait de progresser malgré une diminution du nombre d’élèves.
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