Val-de-Marne: plein cadre sur la famille avec Ciné Junior

Avec 45 000 entrées en 2020, le festival brasse large et espère maintenir le cap malgré ce variant Omicron. “On essaie d’avoir un panel large de films, qui proposent plusieurs niveaux de lectures selon les âges.”

À l’affiche, la famille est composite et surtout intemporelle. Il y a les classiques du genre : The Kid (1921) de Charlie Chaplin, toujours d’actualité, qui narre l’histoire d’un enfant recueilli par un vagabond ; Les 101 Dalmatiens (1961) de Geronimi, Luske, et Reitherman, qui conte la joyeuse existence d’une famille de chiots ; Mon oncle enfin (1958), où Jacques Tati manie tendresse et burlesque dans la relation singulière qui unit M. Hulot à son neveu Gérard.

À côté, voisinent des créations plus contemporaines comme Ernest et Célestine, l’adaptation (Renner, Patar, Aubier, 2012) du roman éponyme de Daniel Pennac sur l’amitié entre un ours musicien et une souris orpheline. Dans Petite maman (2021) de Céline Sciamma, Nelly, 8 ans, rencontre une fille qui construit une cabane dans la forêt et porte le même prénom que sa mère. Parmi les trois créations japonaises, notons le trait de crayon de Mamoru Hosada dans Miraï, ma petite sœur (2018), où le petit Kun découvre un arbre généalo-ma-gique et voyage à travers le temps pour rencontrer ses ancêtres et ses descendants.

Par ailleurs, le fil rouge de la famille est aussi décliné en plusieurs séances thématiques de 45 minutes en moyenne, où plusieurs courts-métrages d’animation se succèdent. Par exemple, le volet “Ce qui est à moi est à toi” est centré sur la transmission familiale. On y retrouve Père et fille, qui aborde la séparation parents/enfants, Waves, flash-back d’un adolescent qui revoit son enfance, ou encore Les Logements, qui s’intéresse aux vicissitudes de la relation mère-fille.

Dans le même esprit, “Drôles de famille” s’intéresse à l’élargissement de l’horizon familial, avec le poétique Ma maman est un avion (dont le titre est à prendre au mot, au moins !), ou Homeland, touchante rencontre entre un petit personnage isolé et la solitude d’une vieille dame. La diversité de ces contenus d’animations est revendiquée par Liviana Lunetto : “Le but est aussi de déconstruire l’idée reçue que les films d’animations ne seraient que pour les enfants.”

© Louan Deniel

Côté animation toujours, le public a droit à quelques avant-premières, notamment Le Grand Jour du Lièvre (Dace Riduze), qui propose une découverte de la marionnette et sortira en salle le 23 mars 2022, ou Le Tigre qui s’invita pour le thé (Kariem Saleh, An Vrombaut, Benoît Chieux), un conte drôle et appétissant, en salle le 7 septembre 2022.

Ateliers, devinettes, et focus sur Alice Douard

En plus des séances traditionnelles, les animations sont aussi au menu avec “un parti pris pour les tout-petits, où l’on travaille avec les crèches et les associations car ils sont encore dans leur construction”, explique la déléguée générale. Ainsi, le programme “Du côté de chez toi”, proposé par l’association Le Panda Roux, pose aux plus de deux ans la question “Qu’y a-t-il derrière la porte ?” sous forme de devinettes et de bruitages, qui accompagnent la projection de quatre courts-métrages d’animation autour de ce thème.

Au programme aussi, des ateliers pratiques après les séances. Après “Drôles de familles”, les enfants pourront réaliser un film mettant en scène leur doudou (à partir de 2 ans) ou à jouer ensemble au jeu des sept familles avec des cartes reprenant les personnages vus à l’écran (à partir de 4 ans). Il y en a pour tous les goûts, ceux qui veulent tester leur culture avec le “Grand Quiz Chaplin” qui suit la projection de The Kid (6 ans et plus), ou ceux qui préfèrent donner de la voix avec le “Karaoké pour 101 enfants” qui propose d’interpréter les chansons du films (5 ans et plus).

Même si les films proposés sont tous publics, le cœur de cible reste les enfants de 2 à 9 ans, “avec bien sûr leur famille, […] même si au-delà de 15 ans, c’est un public qu’on a du mal à conquérir” reconnaît Liviana Lunetto. 60% du public étant issu des établissements scolaires, la déléguée générale souligne la place importante du cinéma dans l’apprentissage des élèves. “Le cinéma est fondamental pour nous dans l’éducation à l’image. L’expérience de la salle est irremplaçable car cela implique un choix du spectateur, qui n’est pas tout seul devant son écran.”

L’âge moyen du public explique le focus de cette année sur la réalisatrice Alice Douard : “Elle a une façon de filmer la préadolescence très juste, assez sensible, sans tomber dans le cliché.” Deux de ses courts-métrages, Les Filles (2015) et Plein Ouest (2019), seront projetés lors d’une rencontre avec la réalisatrice.

Films en compétition et prix des Collégiens

Le festival décerne aussi des prix : cinq pour les longs métrages, avec 4000 euros de récompense pour le distributeur ; deux prix avec 400 euros pour le réalisateur. L’objectif est autant de promouvoir le film que “d’aider à la distribution du film, qui est parfois fragile” souligne Liviana Lunetto.

Si la plupart de ces récompenses sont décernées par un jury, le public aussi a son rôle à jouer. Le “Prix des Collégiens” est ainsi remis par les élèves de cinq classes du Val-de-Marne, accompagnés par un enseignant. La liste des films en compétition est à retrouver sur le site du festival.

Le tarif moyen est de 4 euros l’entrée, et varie en fonction des salles. Pour plus de détails sur la programmation, voir l’agenda sur le site dédié.