Selon un communiqué de la CGT, une plainte pour viol, agression sexuelle, torture et actes de barbarie a été déposée contre Benjamin Amar, élu syndical à l’union départementale CGT du Val-de-Marne. L’enseignant conteste des “accusations infamantes”. La commission exécutive confédérale de la CGT a décidé de le suspendre de ses mandats nationaux.
Véritable figure du syndicaliste en Val-de-Marne, Benjamin Amar s’implique régulièrement dans les mouvements sociaux agitant le département. A l’avant des cortèges avec un mégaphone, il s’est également illustré ces dernières années sur les plateaux de télévision, pour incarner la CGT dans des émissions de débat. Sa notoriété grandissante s’est accompagnée de son élection en mai 2019 à la commission exécutive fédérale de la CGT, l’organe dirigeant de la confédération.
Le 22 février dernier, c’est cette même commission qui a révélé par le biais d’un communiqué le dépôt d’une plainte pour viol, agression
sexuelle, torture et actes de barbarie contre l’un de ses membres, sans toutefois le nommer.
“La CEC a décidé de suspendre ce dirigeant de la totalité de ses mandats nationaux le temps qu’une décision de justice soit rendue. La CEC réaffirme que les valeurs de la CGT sont incompatibles avec toute forme de violence sexiste et/ ou sexuelle, c’est la raison pour laquelle une cellule de veille contre les violences faites aux femmes a été mise en place depuis 2016. Si la CGT est attachée à la présomption d’innocence, elle l’est tout autant à la présomption de sincérité. La CGT ne fera pas d’autres commentaires pendant le temps nécessaire à l’instruction”, indique le communiqué.
Assez rapidement, l’identité du membre visé par cette sanction a été mentionnée. Après avoir pris connaissance de cette communication, Benjamin Amar a réagi par un démenti formel. “Je conteste avec la plus grande fermeté les accusations infamantes portées contre moi et relayées par un communiqué de la CGT. Je n’ai reçu aucune convocation des policiers et j’ai demandé à mes avocats de les contacter pour être entendu. Je suis innocent et je le prouverai”.
De son côté, la CGT Val-de-Marne vient de publier un communiqué insistant le fait que : “la présomption d’innocence n’est pas un vain concept : elle est constitutive de la construction de l’Etat de droit contre la tyrannie et l’arbitraire”. “L’instruction suit son cours et l’UD CGT 94 s’en remet au travail de la police et de la justice. C’est selon nous, le seul moyen de garantir à la fois la présomption d’innocence ainsi que le respect de la parole de la plaignante. Le communiqué confédéral du 22 février, exceptionnel et unique dans les pratiques CGT, ne respecte ni la présomption d’innocence de notre camarade, ni les droits de la plaignante puisque l’un comme l’autre a droit à une enquête objective et impartiale, loin de tout sensationnalisme médiatique. L’UD CGT 94 rappelle ces principes évidents comme autant de garanties pour que la vérité émerge et s’impose à toutes et tous sans concession ni manipulation. L’UD CGT 94 restera vigilante contre toute volonté d’instrumentaliser une affaire judiciaire à des fins syndicales ou politiques“, détaille le communiqué.
Faites comme je dis, pas comme je fais… De la part d’un syndicat ça la fout mal 🙂
“Le communiqué confédéral du 22 février, exceptionnel et unique dans les pratiques CGT, ne respecte ni la présomption d’innocence de notre camarade, ni les droits de la plaignante puisque l’un comme l’autre a droit à une enquête objective et impartiale, loin de tout sensationnalisme médiatique.”
La plaignante est AUSSI une camarade, il faudrait que l’UD94 ne l’oublie pas.
Il s’agit d’une plainte, quelque chose de tangible à l’échelle de la justice, ce qui doit naturellement engendrer une protection de la part des camarades envers toutes les camarades potentiellement victimes.
Le communiqué ne donne ni l’identité de l’agresseur présumé, ni de la victime présumée. Il respecte les annonces qu’on se doit d’attendre d’une centrale syndicale digne de ce nom lorsqu’une plainte est déposée pour des faits aussi graves (viol, torture, actes de barbarie).
Je suis fière de ma centrale syndicale, pour une fois.
Dans ces conditions, le mieux à faire pour M. Amar et pour l’UD CGT 94 aurait été davantage de discrétion, puisqu’il faut préserver le déroulement de l’enquête et de la justice.
Sans trop d’espoir toutefois : rappelons que seuls 1% des viols sont condamnés.
C’est déjà énorme d’avoir le courage de porter plainte. A une victime présumée, on ne répond pas directement “présomption d’innocence” comme un bouclier à toute épreuve.
On lui dit :
Je te crois.
Tu n’y es pour rien.
Tu es courageuse.
Tu n’es pas coupable.
Et on l’accompagne pour que justice soit rendue.
Et on écarte l’agresseur présumé de ses potentiels victimes ou de situations pouvant donner lieu à des violences.
On ne fait pas de déclaration visant à protéger l’agresseur présumé parce que la honte doit changer de camp.
C’est ce que j’attends de mon syndicat.
Merci à la centrale, pas merci à l’UD CGT 94.
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