A Villeneuve-Saint-Georges, une soixantaine de classes ont été dédoublées au cours de ces cinq dernières années. Quel est le bilan de cette mesure phare qui vise à lutter contre l’échec scolaire en divisant par deux les effectifs ? A l’école Condorcet B, les enseignants notent certains progrès mais constatent aussi des limites.
Après les premières années d’expérimentation dès septembre 2017 pour les CP des réseaux d’éducation prioritaire, puis l’extension du dispositif au CE1, les résultats sur les premières cohortes d’élèves ayant bénéficié du dédoublement des classes sont encourageants. “Les évaluations ont montré des progrès en français notamment sur le vocabulaire, la compréhension et la lecture. Les résultats sont plus timides en mathématiques, mais cela correspond à la moyenne académique”, résume le recteur Daniel Auverlot.
Ce constat général se retrouve à l’école Condorcet B de Villeneuve-Saint-Georges, classé en réseau d’éducation prioritaire. 240 enfants y sont scolarisés. “Avoir un plus petit groupe nous permet de pratiquer la différenciation et d’adapter l’enseignement à l’élève. Nous voyons que la plupart des enfants ont progressé grâce à cela”, estime une enseignante.
Pas assez de place pour disposer d’une salle par classe
Les limites sont aussi très vite évoquées. Il y a d’abord celle du manque de place qui ne permet pas à chaque classe dédoublée de disposer de sa propre salle. “Ce n’est pas parce que nous sommes deux enseignants dans une classe que le temps de préparation est divisé par deux. Au contraire, il faut travailler davantage pour pouvoir se coordonner. Nous ne sommes pas complètement libres de faire la classe comme on l’entend. L’avantage, c’est qu’il y a deux paires d’yeux sur les élèves et que l’on peut davantage veiller à ce qu’ils travaillent”, pointe un professeur. “Après avoir suivi le CP et le CE1 avec deux enseignants, l’arrivée en CE2 a été compliquée à gérer. Les enfants étaient un peu moins autonomes et un peu plus turbulents. Mais c’est finalement rentré dans l’ordre”.
“Le 100% de réussite ne dépend pas que de l’école”
Le directeur explique que sur les huit classes dédoublées que compte son école, sept doivent faire salle de classe commune. Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education en visite ce lundi dans cette école, a invité les partenaires locaux à trouver l’espace nécessaire. “L’esprit de la réforme, c’est l’expérimentation pédagogique à petite échelle. Je comprends que des choix soient nécessaires mais il faut privilégier les classes à 12 élèves. Il n’est pas possible avec le plan de relance de faire des travaux ?”, a-t-il demandé. Moue du maire Philippe Gaudin, qui réclame depuis son entrée en fonction des moyens pour les écoles de Villeneuve-Saint-Georges. “C’est un plan France Relance spécial qu’il faudrait pour cette ville !”, a simplement commenté le député LREM Laurent Saint-Martin.
L’un des points noirs de ce bilan des classes dédoublées à l’école Condorcet touche aux élèves à besoins particuliers. “Pour aboutir au 100% de réussite, qui était le nom initial donné à ce dispositif, il faudrait pouvoir s’appuyer sur des ressources extérieures à l’école mais l’environnement local est assez sinistré”, a ajouté le directeur, évoquant le cas d’élèves éprouvant de grandes difficultés scolaires à cause de troubles cognitifs souvent non diagnostiqués et non-traités. “Même si les enseignants mettent beaucoup de choses en place, cela ne remplace ni l’accompagnement spécifique, ni les soins nécessaires”, ajoute la psychologue rattachée à l’établissement. Face à la pénurie d’orthophoniste, les enseignants sont impuissants. Plusieurs élèves qui ont pourtant suivi les CP et CE1 dédoublés ne savaient pas lire à leur arrivée en CE2.
La situation des AESH à nouveau évoquée
Pour soutenir les équipes pédagogiques, l’établissement compte sur le renfort de trois assistantes d’élèves en situation de handicap (AESH). Un nouveau corps de métier qui remplace les contrats aidés plus précaires mais dont les conditions d’exercice, notamment l’absence de temps complet, donnent actuellement lieu à une grève des professionnels dans le département. Ce lundi, les AESH de l’école Condorcet ont expliqué leurs griefs au ministre manquer de formation. “Nous comptons sur vous pour qu’AESH soit un vrai métier en apportant davantage de stabilité, en se rapprochant du plein temps. C’est un métier que l’on apprécie parce que nous voyons les enfants progresser mais comme il n’y a pas de diagnostic, nous ne savons quels troubles connaissent ces élèves ni la façon de nous en occuper convenablement. Nous n’avons pas non plus de formation pratique”, ont-elles détaillé.
Combler des manques de longues dates prend forcément du temps… Le dédoublement de ces classes est déjà un grand progrès pour nos écoliers!
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