Dans ce grand hangar de la gare de triage de Villeneuve-Saint-Georges, les équipes de la Protection civile se relaient pour réceptionner, trier et acheminer les milliers de palettes de dons pour l’Ukraine venus de toute la France. Une organisation applaudie par Olha Stefanichyna, vice-première ministre ukrainienne.
12 000 m2 de hangars, 60 employés… Dans ce centre de tri mis à disposition par la SNCF, on s’active tous les jours de 6h à 22h pour réceptionner, trier et réexpédier les colis d’aide aux victimes du conflit en Ukraine venus de toute la France.
Ce mercredi, pas moins de 3000 palettes sont entreposées sous les néons du centre, situé à la bordure de la gare de triage. “La quantité de dons est phénoménale, on continue à recevoir des camions pleins tous les jours”, témoigne Alban Jourdain, directeur du site. D’ici 15 jours, ce sont 1000 palettes supplémentaires qui devraient passer par le centre. Chacune d’entre elles pèse plusieurs centaines de kilos et peut même dépasser la tonne. Au total, 15 000 ont déjà été envoyées vers les zones de conflit depuis la fin février – dont 7000 ont transité par ici. Depuis un mois, c’est d’ailleurs ce centre qui a été désigné comme la base nationale par laquelle tous les colis doivent désormais passer.
8 à 15 jours pour traiter un colis
Dans les dons réceptionnés, des jouets, des médicaments, des protections hygiéniques… Des objets issus de dons spontanés ou correspondant à des demandes spécifiques de la part des secours sur le terrain, comme cette commande de 400 kits de premiers secours, comportant entre autres des compresses d’urgence, de la bétadine, ou de l’alcool médical.
Cette opération logistique de grande ampleur s’inscrit dans un partenariat passé entre la Protection Civile et l’Association des Maires de France (AMF), une semaine après le début du conflit. Chaque maire peut ainsi organiser une collecte de dons dans sa commune, en faisant appel à la générosité de ses habitants. Les dons sont ensuite collectés par la Protection Civile qui les entrepose dans l’une de ses 12 bases régionales. Les denrées sont ensuite acheminées vers l’une des trois bases nationales, situées à Strasbourg, Rungis et Villeneuve-Saint-Georges. Tout est ensuite rassemblé ici avant de partir par voie ferrée, routière ou aérienne pour la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie ou la Slovénie, pays frontaliers de l’Ukraine.
Plusieurs couches de tri
Une fois arrivés à Villeneuve-St-Georges, les colis passent ensuite par une nouvelle phase de tri. Les dons sont d’abord répartis en quatre grandes catégories : soins, hygiène, alimentaire et logistique. Puis, les employés, répartis en équipes de 7, trient les articles de manière plus fine. C’est ce à quoi s’attelle Irina. À 18 ans, elle est la plus jeune de son groupe, ce qui ne l’empêche pas d’avoir été nommée cheffe d’équipe. Elle gère 5 manutentionnaires et un cariste qui transporte les palettes à l’aide d’un Fenwick.
Gilet fluo et talkie walkie à la ceinture, l’employée nous détaille sa routine. “Là, on trie tous les objets de la catégorie “logistique”, c’est-à-dire les couvertures, les lampes, les sacs de couchage, les sacs à dos, les jouets, les vêtements, les piles, les bougies, les briquets… On trie, on emballe et on envoie à la filmeuse.” Et la tâche est loin d’être terminée. Derrière Irina : une étendue de palettes longue d’une trentaine de mètres attend son tour, remplie d’oreillers, matelas, ou encore lits de camp. “Tout ça, c’est les objets de la catégorie logistique”, désigne-t-elle d’un geste assuré. “Je fais une bonne action, et en même temps je travaille”, résume dans un sourire l’employée en intérim.
Une fois triés, les objets sont enveloppés dans plusieurs couches de film plastique en attendant leur envoi. Pour assurer la traçabilité, chaque palette est flanquée d’un QR Code qui permettra de savoir si elle est bien arrivée à destination. En moyenne, un objet attend donc entre 8 et 15 jours avant d’être expédié à ses bénéficiaires.
Une organisation bien rodée, et saluée par Olha Stefanichyna, vice-première ministre ukrainienne en visite au centre ce mercredi : “Je suis frappée de voir à quel point la solidarité est forte, aussi bien au niveau des autorités locales que des citoyens. Je me réjouis de voir cette énorme mobilisation des bénévoles français”, s’est réjouie la ministre, venue entourée de l’ambassadeur d’Ukraine en France Vadym Omelchenko, de Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d’Ile-de-France, Patrick Ollier, président de la Métropole du Grand Paris, Olivier Capitanio, président du conseil départemental du Val-de-Marne et d’autres élus locaux.
Depuis le début du conflit, les collectivités locales ont chacune pris leur part de solidarité. La région a mis en place un plan d’urgence d’un montant actuel de 1,6 million d’euros qui passe notamment par la mise à disposition de 600 places d’accueil, le financement d’un accompagnement psycho-social, d’un fond pour les communes qui accueillent des réfugiés ou encore d’une aide à la formation des jeunes étudiants ukrainiens. La Métropole du Grand Paris a pour sa part voté une subvention de 500 000 euros à la Protection civile dans le cadre de l’opération mise en place avec l’Association des maires de France. Le conseil départemental du Val-de-Marne a également débloqué des aides d’urgence et mis à disposition l’ex-gendarmerie de Sucy-en-Brie pour accueillir des familles de réfugiés. Les villes ont de leur côté fourni quelques logements et jouent un rôle logistique important pour faire le lien entre les donateurs et les centres de tri, et pour coordonner l’accueil des réfugiés en lien avec la préfecture.
Today visited one of the two biggest logistic centers for humanitarian aid in France. It shows a sense of great solidarity and support with 🇺🇦 people.
— Olga Stefanishyna (@StefanishynaO) June 8, 2022
Had the pleasure to talk with the people who made this happen@patrick_ollier @GrandParisMGP @ProtecCivilefr @francediplo pic.twitter.com/mA0ZbD3tL2
Bravo : une belle organisation pour des Français généreux.
Mais il vaut mieux donner de l’argent à des organisation, comme la Croix Rouge par exemple, qui savent ce dont l’Ukraine a besoin.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.