Des colis alimentaires à l’accompagnement scolaire, la prévention, la médiation culturelle… A Villeneuve-Saint-Georges, c’est une nouvelle génération de bénévoles qui a éclos durant la crise sanitaire. Après avoir tâtonné, ces enfants des quartiers populaires cherchent à pérenniser leurs initiatives. Rencontre.
Maman de deux enfants, chargée d’insertion au centre d’action sociale de la ville de Paris et investie dans des projets associatifs, Hatou Niakaté a décidé au tout début de l’épidémie de Covid-19 de s’investir pour sa ville, notamment les quartiers nord. “Tout est parti d’un message posté sur l’application Snapchat pour monter une cagnotte, constituer des colis alimentaires et les livrer à des familles qui n’étaient pas encore dans le radar des services sociaux ou des autres associations”, résume-t-elle. Progressivement, cette diplômée en ingénierie sociale a structuré l’association baptisée Dynamiques Solidaires et constituée d’une cinquantaine de bénévoles. En deux ans, près de 6000 colis ont été distribués à 250 ménages. Valophis a mis à disposition un local dans la cité Sellier. L’association propose également de l’aide pour des démarches administratives ou participe à des initiatives locales de prévention et de médiation culturelle. “Aujourd’hui, les bénévoles qui disposaient d’énormément de temps libre ont repris leur activité. Pour pouvoir travailler efficacement, il nous faudrait un salarié”, ajoute-t-elle, espérant pouvoir compter sur l’attribution d’un adulte-relais.
A Bois-Matar, Mamadou Traoré est en train de remplir des dossiers pour obtenir l’agrément nécessaire au recrutement de services civiques. Cet enfant du quartier qui travaille aujourd’hui comme référent à l’aide sociale à l’enfance au conseil départemental du Val-de-Marne, a lui aussi lancé son association, Soutien et savoir pour Tous. “Je voulais créer de l’espoir pour les jeunes, qu’ils puissent aspirer à autre chose que d’être rappeur ou footballeur. Ce n’est pas possible de s’émanciper en passant sa journée en fumant une chicha”, explique-t-il. Là encore, Valophis a mis à disposition de l’association un local dans la résidence des Châtaigniers, où il a passé 15 ans de sa vie. Il y organise avec une dizaine d’autres bénévoles des cours de lecture, d’écriture, de l’aide aux démarches administratives. Son prochain projet consiste à mettre en place un service de petit déjeuner. “Impossible d’apprendre sereinement avec le ventre vide. Nous sommes en pleine finalisation du projet avec le groupe scolaire Condorcet. Nous avons des partenaires de la grande distribution ainsi qu’avec la CPAM (caisse primaire d’assurance maladie)“, poursuit-il.
D’autres jeunes associations villeneuvoises sont actives dans le secteur notamment Villeneuve ma voix de Kamel Djellal, qui organise des caravanes citoyennes dans les quartiers, ou RDJeunes de Tania Nsakala qui oeuvre plus spécifiquement sur l’égalité des chances et la réussite scolaire.
Comment les brigades des daronnes ont essaimé
Hatou Niakaté et Mamadou Traoré ont pour point commun d’avoir bénéficié du regard bienveillant et des conseils avisés des militants associatifs qui les ont précédés dans les quartiers populaires de Villeneuve-Saint-Georges.
C’est notamment le cas de Fanta Mancalou, qui, avec sa “brigade des daronnes”, a acquis une certaine notoriété en 2019, et obtenu dans le même temps des financements importants des pouvoirs publics locaux pour aider l’association des femmes solidaires de Villeneuve-Saint-Georges à se structurer. “Il a fallu expliquer ce que nous faisions depuis une dizaine d’année aux services de l’Etat et leur détailler nos besoins. Le bénévolat, c’est sept jour sur sept, mais nous ne pouvons pas être tout le temps disponibles. Pour que ces initiatives fonctionnent, il faut des permanents et des projets menés avec les habitants du quartier”, remémore-t-elle. Aujourd’hui, d’autres groupes de mères se sont formés, à Limeil-Brévannes, Valenton, Sucy-en-Brie, Bonneuil-sur-Marne ou Boissy-Saint-Léger. Elles se forment, se conseillent et se tiennent au courant via un groupe Whatsapp.
Fanta Mancalou a elle-même été aiguillée dans son parcours de militante associative par une autre précurseure de Villeneuve-Saint-Georges : Couna Sidibé. Comptable de formation, elle a décidé dans à la fin des années 1990 de rejoindre l’association Arc en Ciel, installée dans un local d’ICF Sablière, rue Papin. “Au départ, c’était pour créer du lien avec les locataires mais assez rapidement, nous avons commencé à drainer davantage de monde en proposant des activités, de l’aide au devoir, de l’accès au droit, des festivités, des sorties”, se souvient-elle. Longtemps irremplaçable, Couna Sidibé s’est formée au fil de l’eau, a obtenu des diplômes d’animation, s’est formée à la médiation, a entretenu des liens avec la fédération des centres sociaux pour aboutir à une transformation en espace de vie sociale en 2019. Les services de l’Etat lui ont renouvelé à plusieurs reprises son contrat d’adulte-relais. “On ne va pas parler salaire, on fait ça par militantisme”, plaisante-t-elle, tout en reconnaissant que les moyens permettent d’assurer le fonctionnement, mais restent modestes. “Je pourrais faire valoir mes droits à la retraite, mais je reste encore quelques années pour passer le témoin aux nouvelles générations”, sourit-elle.
La ministre en visite à la Maison pour Tous du Bois-Matar
Ce jeudi, après une rencontre au collège Pierre Brossolette avec une classe de troisième sur le thème de l’endométriose et de la précarité menstruelle, la ministre Elisabeth Moreno est venue échanger avec ces responsables associatifs à la Maison pour tous du Bois-Matar. “Ces chaînes de solidarité que vous êtes parvenus à construire, nous ferons tout pour vous aider à les pérenniser, a promis la ministre, accompagnée du député Laurent Saint-Martin (LREM), et du maire de la commune, Philippe Gaudin (DVD°.
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