Environnement | | 27/04/2022
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Vitry-sur-Seine: ils veulent sauver les arbres centenaires du lycée Chérioux

Vitry-sur-Seine: ils veulent sauver les arbres centenaires du lycée Chérioux © Fb

Entre 30 et 50 arbres pourraient être abattus dans le cadre de la rénovation du lycée Chérioux de Vitry-sur-Seine, alertent les professeurs et élèves mobilisés pour défendre leurs arbres centenaires. Reportage.

Voilà une dizaine d’années que la région prépare la mutation du lycée Adolphe Chérioux de Vitry-sur-Seine. Ses bâtiments réalisés entre 1927 et 1980 sont en effet vétustes et ne permettent plus d’accueillir convenablement les 1500 élèves. Une partie des 2 hectares d’assiette foncière doit par ailleurs être cédée au département. Pour l’heure, des travaux sur une emprise restreinte sont programmés d’ici à la fin de l’année mais ils impliquent l’abattage d’une cinquantaine d’arbres, au grand dam des profs et des élèves, qui alertent à leur manière.

Entre 30 et 50 arbres sur la sellette

Armés de seaux, de rouleaux de peinture et de ruban adhésif, une vingtaine d’étudiants badigeonnent d’un lait de chaux les troncs de plusieurs platanes centenaires. Là, c’est le nombre 100 qui a été tracé, comme l’âge estimé de ce grand platane. A côté, on a dessiné un poing brandi, pour symboliser la lutte pour la préservation des arbres. Sur un autre tronc encore, un peintre a représenté des traits et un ciseau. “Notre idée, c’est d’interpeller les gens sur ce qu’il va se passer. De nombreux lycéens n’étaient même pas au courant du projet. Ces arbres sont comme des personnes âgées qui veillent sur nous. Ils sont source de biodiversité, apportent de l’ombre, un cadre de vie apaisé et sont de formidables puits de carbone. Nous avons calculé que pour compenser la destruction d’un arbre, il faudrait planter 64 baliveaux soit environ 45 000 euros. Cela n’a aucun sens. Abattre un arbre, c’est la solution de facilité, il y a autre chose à faire”, motive Caroline, étudiante en troisième année de l’École supérieure d’architecture des jardins.

“Entre 30 et 50 arbres doivent être abattus. C’est une partie du bois de Chérioux qui est menacée. A terme, cela signifie que l’été, il fera 3 à 5 degrés de plus ici et qu’il faudra mettre des climatisations. Ce lieu abrite de la biodiversité. Vu la taille de ces arbres, le réseau racinaire est si développé que même en ne prélevant qu’une partie des arbres, cela pourrait tuer les platanes et marronniers restants”, abonde Julien, un autre étudiant.

Christophe Laurens, architecte et paysagiste, coordonne le diplôme supérieur d’arts appliqués d’alternatives urbaines sur ce site du lycée Chérioux. Il a été le premier à lancer l’alerte il y a une dizaine d’années, lorsque le projet a pris forme. “Il y avait autre chose à faire. Il y a vingt ans, lorsque le réfectoire a été construit et qu’une quinzaine d’arbres ont été arrachés, ils pouvaient encore avoir foi dans l’avenir. Aujourd’hui, notre futur est incertain comme en témoigne le dernier rapport alarmant du GIEC. Ces arbres sont la seule assurance fiable dont nous disposions”.

L’aboutissement d’un projet vieux d’une dizaine d’année

C’est en 2011 que l’ancien président du conseil régional, Jean-Paul Huchon (PS), a fait voter le concours d’architecture pour rénover les clos-couvert de cet orphelinat des années 1920, devenus trop vétustes pour l’enseignement des filières techniques proposées et inadaptés à l’accueil de 1500 élèves. En janvier 2015, la région signait le marché de maîtrise d’œuvre à 36,7 millions d’euros avec le groupement composé de Marc Iseppi, l’atelier Novembre et d’Artelia Bâtiment et Industrie.

Concrètement, l’opération consiste à restructurer et à réaménager le bâtiment A en brique et meulière, construire un nouveau pôle horticole avec une loge et deux bâtiments de fonction, un bâtiment neuf pour le pôle électrotechnique, un nouveau bâtiment d’accueil avec l’ensemble du pôle arts appliqués ainsi que des aménagements extérieurs dont un parking de 90 places et la création de voiries. Une opération de partition est par ailleurs engagée pour confier une partie du site au conseil départemental du Val-de-Marne. La réhabilitation doit donc être réalisée sur une emprise plus petite et empiéter sur ce fameux mail d’arbres plantés. La mairie de Vitry-sur-Seine a validé le permis de permis de construire.

© Atelier Novembre
Le nouveau projet

Au-delà des professeurs et lycéens, les élus politiques d’opposition se sont également emparés du sujet. Jeudi dernier, le conseiller régional du pôle écologiste François Damerval s’est ainsi rendu sur place avec les conseillers municipaux d’opposition écologistes Laurence Dexavary et Frédéric Bourdon. Dans un courrier adressé à la présidente du conseil régional, le groupe d’opposition écologiste dénonce “un projet inconcevable, un modèle d’urbanisation, d’architecture et de développement d’infrastructure prédateur, incapable de conjuguer de manière équilibrée les fonctionnalités et les usages et la préservation de l’environnement et des ressources existantes”.

Contacté, le cabinet de la présidente du conseil régional, Valérie Pécresse, indique que les travaux doivent commencer d’ici la fin de l’année 2022 et assure qu’une partie des arbres existants seront conservés. “Le projet d’extension du lycée Chérioux est engagé depuis plusieurs années et s’appuie sur une équipe de maîtrise d’œuvre intégrant une paysagiste, qui a été désignée lauréate du concours d’architecture organisé en 2014. Ce projet vise à répondre à l’évolution de la démographie au sein du territoire en vue de permettre l’accueil de 1500 élèves et consiste donc en une extension qui s’accompagne d’une restructuration et rénovation de locaux existants. Le parti pris du projet vise à préserver au maximum le site existant et son patrimoine végétal et à proposer une composition paysagère de qualité qui continuera à être affinée en lien avec l’équipe pédagogique horticole du lycée. La trame du projet permet ainsi de conserver les plus beaux arbres existants. Quand il est nécessaire de renoncer à conserver un alignement d’arbres existants, c’est en raison de l’état phytosanitaire des sujets ou de la nécessité de pouvoir implanter les nouveaux locaux. Les arbres supprimés sont alors remplacés en double dans le cadre du projet”, détaille le cabinet de la présidence.

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