Après un rassemblement devant la mairie le 9 novembre et l’interruption du conseil municipal qui se tenait le même jour, l’intersyndicale appelle à une nouvelle manifestation ce samedi matin. Elle conteste la décision de la ville de fermer la bourse du travail pour en faire un lieu de la vie associative.
Déterminés à maintenir la bourse du travail située dans un local municipal au 92 avenue Victor Hugo, les huit organisations de l’intersyndicale organisent ce samedi à 10h00 une nouvelle manifestation au départ de l’hôtel de ville. Elles dénoncent la décision de Karine Franclet, la maire (UDI) d’Aubervilliers, de mettre un terme à la convention d’occupation qui arrive à échéance le 12 janvier 2024.
“Si son projet aboutit, une ville de plus de 90 000 habitants, avec près de 35 000 emplois sur son territoire et plusieurs milliers de chômeurs et chômeuses, sera privée d’un outil majeur du droit des travailleurs et des travailleuses“, fait-elle savoir dans un communiqué.
“C’est plus d’un siècle d’histoire sociale qui pourrait être rayée de la carte d’un trait“
Le bras de fer s’est cristallisé le 9 novembre. Des syndicalistes s’étaient alors rassemblés devant la mairie à l’occasion du conseil municipal pour protester contre cette décision. Leur demande d’explication devant les élus ayant été rejetée, le groupe communistes, écologistes et citoyens a quitté la salle, provoquant l’interruption de la séance faute de quorum suffisant.
Anthony Daguet, conseiller (PCF) d’opposition, est ensuite revenu à la charge, lors du conseil municipal reconvoqué le 17 novembre, estimant que cette “décision unilatérale n’est pas bonne” ni “saine“. “Un lieu de groupement des salariés existe à Aubervilliers sous différentes formes depuis 1908. C’est plus d’un siècle d’histoire sociale qui pourrait être rayée de la carte d’un trait“, a-t-il défendu. Pour lui, la fermeture de la bourse du travail ne peut être motivée par le besoin de relocaliser l’activité des six associations du foyer Ambroise Croizat qui doit être démoli en 2024 en vue de la construction de la gare de la Ligne 15 Est.
Selon l’élu communiste, la décision aurait été prise car seules 200 personnes y seraient reçues en permanence. Une information qu’il considère “erronée“. “Les syndicats occupant la Bourse réunissent, ensemble, plus de 1 000 adhérents. Chaque organisation syndicale reçoit plusieurs centaines de personnes chacune par an“, en plus de l’activité mutualisée du lieu, a-t-il souligné.
Autant d’arguments avancés pour proposer de prolonger d’une année la convention (…) le temps de travailler à revoir les objectifs et les moyens pour s’assurer à la fois que les associations puissent trouver des lieux à leurs activités tout en gardant l’entité bourse du travail.”
Un coût annuel de plus de 200 000 euros sans compter l’agent municipal
De son côté, la maire d’Aubervilliers, Karine Franclet, défend la fermeture. “Cet organisme disposait gratuitement d’un local de 458 mètres carrés, la mise à disposition à temps plein d’un agent de la ville, la prise en charge des fluides, du matériel de fournitures et des frais de téléphonie, soit un coût annuel pour la municipalité de 204 747 euros, plus le coût du salaire de l’agent municipal mis à disposition. Tous ces moyens étaient donnés à la Bourse du travail pour recevoir des salariés qui ne sont pas forcément Albertivillariens“, a-t-elle motivé lors du conseil.
Au-delà de cette mise à disposition, qu’elle juge “disproportionnée“, l’édile met en avant des demandes de salles municipales pour la vie associative de plus en plus nombreuses. “Dans ce contexte, nous devons rationaliser et mutualiser“.
“La Bourse du travail pourra comme toutes les autres associations solliciter des créneaux pour y tenir des permanences. Elle pourra également faire une demande de subvention (…), a ajouté l’édile. Elle a d’ailleurs déjà déposé sa demande pour 2024. Enfin, si elle en fait la demande, la mairie est tout à fait disposée à chercher un lieu de stockage. Ce n’est donc pas une décision idéologique, mais pragmatique et de bonne gestion d’un équipement municipal largement sous-utilisé dans un contexte de pénurie de salles“. Et la maire de rappeler que d’autres villes ayant pris des décisions similaires comme Villejuif (Val-de-Marne) ou Bobigny. À Villejuif, la Bourse du travail, dont la mise en vente en 2015 avait suscité de vives protestations des syndicats, a finalement été conservée après les municipales de 2020.
À ce jour, la pétition pour défendre la bourse du travail d’Aubervilliers compte plus de 970 signatures.
Plus personne ne va dans les bourses du travail aujourd’hui. Si les syndicats veulent les maintenir ils n’ont qu’à les financer !
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