Insérer des personnes éloignées de l’emploi et recruter dans les métiers en tension, tel est l’enjeu du partenariat entre le chantier d’insertion des Restos du cœur d’Aubervilliers et les cantines de la ville.
Sept stagiaires ont déjà fait l’expérience dont un vient de signer un CDD. La ville d’Aubervilliers va passer une convention de partenariat avec les Restos du cœur pour en accueillir de manière régulière.
“C’est la première fois que l’on conclut un partenariat avec une mairie, témoigne Pascal Bidaud, qui encadre les cuisiniers et les plongeurs du chantier d’insertion d’Aubervilliers, le plus important d’Ile-de-France pour l’association. Magasiniers, cuisiniers, plongeurs, chauffeurs et récemment cyclo-porteur pour collecter pain et viennoiserie… ils sont 99 à y travailler comme salariés en insertion. Ici, on produit 3 000 repas à distribuer dans les dix sites de distribution alimentaire des Restos à Paris. Le taux de sorties dynamiques du chantier est de 84% (en emploi direct et formation).
Un savoir-faire précieux pour les cantines de la ville, où l’on cherche en permanence à recruter. Du côté des Restos, envoyer des salariés en insertion faire un stage dans les cantines, contribue à leur insertion professionnelle.
Pour nos salariés en insertion, cette expérience en restauration collective ouvre les portes de plusieurs métiers, non seulement de commis de cuisine mais aussi d’agent d’entretien ou autre”, explique Pascal Bidaud.
Parcours de professionnalisation
“La ville a compris nos besoins d’accompagnement social des salariés tout en mettant en place un parcours de professionnalisation,” explique Julien Furneri, lui aussi accompagnateur social. “Cela commence du reste par un entretien préalable sous forme d’entretien de recrutement.” C’est lui qui a dessiné les contours de ce partenariat avec Guillaume Godin, maire-adjoint à l’insertion professionnelle et la restauration scolaire.
Concrètement, la mairie propose des stages de quatre semaines dans ses cantines. La convention limite à un maximum de cinq stagiaires simultanément, pour que l’accompagnement soit réellement effectif.
“Durant le stage, les salariés en insertion sont suivis par un tuteur. Ils expérimentent plusieurs types de postes, à la liaison chaude, au service à table pour les maternelles et au self pour les primaires, ou encore à l’entretien“, précise l’élu.
Confirmer un projet professionnel
À l’issue des quatre semaines, un second entretien est organisé avec le conseiller en insertion professionnel des Restos du cœur “qui peut déboucher sur un contrat“, souligne Guillaume Godin. Ce qui est le cas pour l’un des sept premiers salariés du chantier d’insertion qui ont déjà commencé les stages. “C’est une victoire, surtout que cette personne était en fin de parcours d’insertion“, se félicite Pascal Bidaud. D’autres recrutements sont même prévus à la rentrée.
Un des salariés en insertion a en revanche interrompu son stage au bout d’une semaine. “Cela permet aussi d’éliminer ce type d’emplois de son projet professionnel“, commente l’accompagnateur social.
“Nous proposons ce type de stage à nos salariés en insertion motivés, et si c’est cohérent avec leur projet professionnel“, insiste Julien Furneri.
Beaucoup stagiaires ont déjà une première expérience comme agent de cantine scolaire mais dans le cadre de missions de courte durée.
Redonner confiance
“L’enjeu est aussi de redonner confiance et de valoriser les compétences acquises dans leur vie personnelle.” L’objectif principal du chantier d’insertion est, en effet, de lever tous les freins périphériques. Beaucoup sont étrangers, migrants, réfugiés ou exilés. Avec le logement, la santé, l’endettement ou l’accès aux droits, la barrière de la langue est un de ces freins. Des cours de français sont donc dispensés dans la salle de réunion des équipes, trois fois par semaine.
“Repérer de futurs agents“
Pour Guillaume Godin, ce partenariat est une évidence. “Je ne comprends pas pourquoi il n’a pas été mis en place avant. Les Restos du cœur sont installés dans notre ville depuis 2001. Nous avons 37 écoles et nous avons besoin de recruter. C’est un métier en tension parce qu’il est difficile, les horaires commencent tôt le matin, les charges sont lourdes.”
“C’est du gagnant-gagnant, abonde Karine Franclet, la maire UDI d’Aubervilliers. Pour nous, c’est aussi l’occasion de repérer de futurs agents. Et puis, de nombreux bénéficiaires de l’accompagnement socio-professionnel viennent du territoire.”
Don de repas : quand un partenariat en provoque un autre
Dans le sillon de ce partenariat, la ville a proposé de donner aux Restos du cœur les repas de cantine qui ne sont pas consommés. Sur 5 100 repas servis chaque jour, moins de 100 sont perdus depuis la mise en place d’un suivi strict, estime toutefois la commune. Mais, parfois, la quantité peut monter en flèche. En cas de grève notamment. “On avait des demandes pour trouver des solutions à ce gaspillage de la part d’habitants et même d’enseignants. Mais, on ne pouvait pas laisser les gens partir avec les plats et rompre la chaine du froid. C’est pour cela que l’on veut conventionner avec les Restos du cœur, parce qu’ils ont la logistique pour prendre en charge ces repas“, explique Guillaume Godin. Pour l’heure, une phase de tests d’un mois a été conclue. “La mairie nous prévient du nombre de repas et de leur date limite de consommation et en fonction de nos besoins, on vient les récupérer.“
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