Initiative | | 13/09/2023
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À Bonneuil-sur-Marne, les championnes afghanes de taekwondo revivent

À Bonneuil-sur-Marne, les championnes afghanes de taekwondo revivent © FB

Démantelée par le régime des talibans, l’équipe afghane féminine de taekwondo se reconstitue en France. Depuis Bonneuil-sur-Marne, les sportives exilées rêvent de nouveau de Jeux Olympiques.

Zahro a découvert le taekwondo par hasard à ses douze ans, en 2014. À cette époque, les talibans ne pas encore revenus au pouvoir. “Il y avait beaucoup d’étrangers dans le pays. Un maître coréen de taekwondo a ouvert une académie de taekwondo dans ma province. Les cours étaient gratuits et ma famille était d’accord pour que je m’inscrive“, explique-t-elle. Après trois ans d’entraînement, elle franchit les portes de l’équipe nationale junior et décroche une médaille de bronze dès 2019, lors de sa première compétition internationale, un open en Inde. “Ensuite, je suis allé en Corée pour des championnats universitaires où j’ai remporté deux médailles d’or, une pour le combat et l’autre en poumsé (technique)“. L’avenir s’annonce alors plein de beaux défis. Sur le point d’être sélectionnée pour les Jeux Olympiques, la jeune femme enchaîne les compétitions. Tournoi en Chine, qualifications en Jordanie, malheureusement gâchées par la Covid, tournoi en Russie en 2021… Et puis vient l’été 2021, les Talibans reprennent le pouvoir. Pour Zahor, tout s’arrête.

Plusieurs dizaines de sportives quittent leur famille et leur pays, traversent la frontière et passent au Pakistan. Le parcours d’exil commence. Pour certains athlètes, la fuite a été précédée d’arrestations, de tortures. Mais une rencontre va de nouveau retourner le destin. Parmi les réfugiés, un entraîneur de la sélection féminine, Nematullah, a, en effet, l’idée de contacter le dirigeant de la fédération française de taekwondo (FFTDA) via une messagerie instantanée. Ce dernier, Karim Guet, est par ailleurs fondateur du club de l’ASC Champigny et cadre administratif à Bonneuil-sur-Marne. Un appel reçu 5 sur 5 à Bonneuil-sur-Marne.

Chaîne de solidarité

Nous sommes alors en novembre 2022. La chaîne de solidarité se met en marche, avec la commune et la fédération nationale. Des contacts sont pris avec l’ambassade de France au Pakistan et plusieurs ministères. De l’argent est envoyé à la délégation qui vit alors des moments difficiles. La mairie de Bonneuil-sur-Marne garantit un logement pour la délégation tandis que l’association locale du Secours Populaire rejoint le collectif. La diplomatie française accorde un visa à huit personnes, six femmes, un conjoint et l’entraîneur. Au terme d’un parcours pénible et interminable, ils rejoignent enfin la France, en août 2023.

“Je suis un oiseau qui a retrouvé des ailes”

Depuis que nous sommes arrivés ici, j’ai l’impression d’être comme un oiseau qui a retrouvé des ailes“, témoigne Bihtareen. Contrairement à Zahro qui a participé à des compétitions lors de leur exil au Pakistan, la jeune femme n’a pas pu. “J’avais trop de problèmes. Il fallait d’abord que je me reconstruise”. Nazanin renchérit : “Là bas, nous n’avions plus aucun droit, ici nous nous sentons libres et avons l’espoir de devenir des championnes, ou d’étudier“.

Désormais, l’une des prochaines étapes et d’obtenir le statut de réfugié. “La situation est complexe parce qu’ils ont la citoyenneté afghane et des visas français attribués au Pakistan. Mais la préfète m’a assuré que les dossiers feraient l’objet d’une attention particulière“, explique Denis Öztorun, le maire PCF de Bonneuil.

Objectif Jeux Olympiques

En quelques semaines, la délégation a déjà retrouvé ses repères. Les sportives s’entraînent au parc du Raincy ou dans les infrastructures du club de taekwondo de Champigny-sur-Marne. Prochainement, ils seront accueillis à l’Insep, où s’entraîne déjà une compatriote.

À moins d’un an des Jeux Olympiques de Paris en 2024, le temps presse pour tenter d’y participer. “D’abord, nous allons évaluer leurs capacités, leurs souhaits, puis les faire participer à des compétitions pour qu’elles puissent se remettre en jambe et se mesurer à des combattants de haut niveau“, explique Patrick Rosso, directeur technique national de la fédération. “Elles n’ont pas fait assez de compétitions pour se qualifier au classement. En revanche, il y a des tournois de qualification olympique. Il y a aussi l’option de l’invitation (wild card) mais nous ne savons pas encore comment elles seront attribuées.” Un rêve ténu mais encore à portée d’espoir pour les jeunes Afghanes.

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