“Notre rôle n’est pas seulement de vendre, nous sommes des médiateurs des livres”, estime Christine Desmares, qui a ouvert la librairie du Plateau à Chevilly-Larue fin novembre 2021, au pied des HLM.
Avant, il n’y avait pas de librairie dans cette commune de 20 000 habitants. “La ville cherchait un porteur de projet pour dynamiser son centre. Moi, j’avais envie de me mettre à mon compte”, raconte celle qui officia longtemps à la librairie du Bon Marché, dans le chic 7e arrondissement. Autant dire que le changement de décor et de niveau de vie des visiteurs a été drastique. Un défi “militant”pour la libraire. Sur le plan financier, le démarrage a été possible car la municipalité est propriétaire de ce local de 80m2 situé sur la place Nelson Mandela, et a proposé des baux progressifs, avec une franchise de loyer au départ.
Le challenge, désormais, est de tenir dans la durée, d’accompagner la demande dans sa diversité et de faire des propositions. Pour cela, la libraire s’appuie sur une offre diversifiée. Pour les ados, direction le rayon young adult avec la série Captive de Renée Ahdie, A tout jamais de Colleen Hoover ou encore le dernier Clémentine Beauvais, Les facétieuses. “Cette littérature se développe pas mal suite aux recommandations, aux buzz sur Tiktok, le booktok”, explique Christine Desmares. Il y a aussi du manga, bien sûr, mais aussi de la BD non-manga, et même un gros rayon contes, en écho à la Maison du conte basée dans la ville.
“Notre clientèle est très diversifiée, avec une part populaire, modeste, qui rentre timidement, progressivement, souvent pour chercher des livres pour l’école, par exemple”, constate la libraire. Et puis on s’aventure au-delà du parascolaire. “Nous avons des collections de livres abordables sur des sujets utiles et pratiques comme la maîtrise de la langue, ou sur des sujets de société, sur les minorités, ou encore de littérature, qui marchent bien.”
“On plante des graines”
Pour faire vivre la librairie et donner envie de lire, Christine Desmares n’hésite pas non plus à aller vers les habitants, envisageant son rôle de médiatrice culturelle bien au-delà du périmètre de sa boutique. “Nous travaillons beaucoup hors les murs. Nous allons au théâtre pour accompagner les pièces avec les livres des auteurs, participons à des animations dans les médiathèques, nous rendons dans les crèches pour faire découvrir de la littérature jeunesse. On plante des graines”, motive la libraire qui sillonne la ville en triporteur pour aller livrer. “Notre rôle n’est pas seulement de vendre, nous sommes des médiateurs des livres.”
La librairie du plateau organise aussi ses propres événements. “Nous avons, par exemple, un rendez-vous lecture, ‘les banquettes des tout-petits’, tous les vendredis matin à 9h30, avec les jeunes enfants et leur nounou.” Une initiative de pure médiation culturelle, qui se transforme éventuellement en achat si les parents reviennent ensuite en magasin. “Nous organisons aussi des animations autour des jeux de société, comme par exemple le Skyjo, qui fonctionne très bien, et bien sûr des dédicaces.” Prochaine invitée, Odile Lefranc, le 31 mars, pour son livre Le lac au miroir. Voir tout l’agenda.
Pour l’instant, Christine Desmares travaille seule avec une apprentie. “Je suis accompagnée par Pôle Emploi dans le cadre de l’Acre (Aide à la création ou reprise d’entreprise). Il faut s’accrocher. La ville se développe Le métro arrive.”
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