À Livry-Gargan, le déclassement du parc Georges Clemenceau pour construire un pôle de santé et 74 logements sociaux fait débat. Une pétition réclame une concertation publique. Explications.
C’est lors du conseil municipal du 8 juin dernier qu’a été votée la cession d’une parcelle de 4 447 mètres carrés occupée par le parc Georges Clemenceau pour créer 74 logements sociaux et un pôle de santé. À raison de 34 voix contre 7, les élus livryens ont voté la cession de la parcelle à la société Telamon Développement pour un montant de 1 603 000 d’euros, ainsi que son déclassement du domaine public.
L’association réclame une concertation publique
Pour Gilles Mijouin, vice-président de Livry Participatif, une association créée en novembre 2022 par des conseillers de quartier démissionnaires (voir lien vers l’article ci-dessous), la décision ne passe pas. “D’un côté, la municipalité nous annonce qu’on va essayer d’être plus vert avec un PLUI [plan local d’urbanisme intercommunal] qui prévoit un corridor écologique. De l’autre, on nous annonce d’un seul coup que l’on va détruire un parc !”
“On n’a pas demandé l’avis des habitants. Or, tous les riverains du parc que l’on a rencontrés sont sous le choc“, estime pour sa part Roman Brugeat, président de l’association.
Biodiversité
Tous deux dénoncent un coup porté à la qualité de vie des habitants, rappelant qu’en 2015, le préfet considérait que le plan local d’urbanisme, déclarant cette parcelle constructible, n’était pas cohérent dans ce secteur. Selon eux, le projet aura aussi des conséquences pour la biodiversité en mettant en péril les 37 arbres du parc et en rompant sur plusieurs centaines de mètres le corridor écologique reliant la forêt de Bondy au parc de la Poudrerie.
L’association, dont la pétition contre le projet a recueilli à ce jour 238 signatures, pointe aussi la charge symbolique de la suppression de ce parc. “Ce sont les vestiges de l’ancien château de Livry et d’après nos recherches, ça fait 2 000 ans que cet espace est soit naturel, soit semi-naturel“, souligne Roman Brugeat. “Nous demandons à ce que la ville fasse la transparence sur les tenants et aboutissants de ce projet et qu’un véritable débat public soit organisé“, martèle-t-il.
Faut-il un pôle santé à proximité du centre municipal de santé ?
Pour Roman Brugeat, le projet de pôle santé est par ailleurs “incompréhensible“, compte tenu de la proximité du futur centre municipal de santé (CMS). “Cette parcelle, qui était dans le domaine public, est vendue à un acteur privé pour créer une offre médicale des professionnels de secteur 2 [ndlr, les médecins fixent librement leurs tarifs et peuvent donc pratiquer les dépassements d’honoraires.]”
Ces interrogations avaient été soulevées par les élus d’opposition lors du conseil municipal du 8 juin. “Mettre un pôle de santé qui propose ce qu’il n’y a plus au CMS parce qu’on arrive plus à trouver de médecin spécialiste, est-ce que ce n’est faire péricliter cette structure ?“, s’était inquiétée Françoise Bitatsi-Trachet (Front de gauche). “Est-ce qu’il y a une étude d’impact environnemental ? Est-ce qu’il y a eu une analyse des besoins médicaux dans un endroit mal desservi par les transports ?”, avait questionné Marie-Laure Hodé (PS).
Des espaces verts renforcés par ailleurs
“On ne peut pas m’accuser de détruire des espaces verts alors que je vais les multiplier“, se défend de son côté Pierre-Yves Martin, le maire (divers droite) de Livry-Gargan, qui met en avant la préservation de 1 000 mètres carrés d’espace végétalisé sur la parcelle. “Nous avons à Livry-Gargan plus de 80 hectares d’espaces verts. Dans le secteur du parc Georges Clemenceau, qui n’est pas vraiment un parc, le parc Georges Pompidou compte, par exemple, plus de 5 hectares. Nous allons renforcer nos espaces verts avec le PLUI de Grand Paris Grand Est*, pour qu’il y en ait dans chaque quartier de la ville.”
Pour l’édile, cet espace est, par ailleurs, très peu fréquenté “parce qu’il n’y avait pas de lieu de promenade, pas de banc ni d’aire de jeux pour enfants depuis un certain temps.” Il rappelle que la parcelle est classée comme constructible dans le PLU depuis 2015. “C’est la seule parcelle dans ce cas.”
“Un territoire de désertification médicale“
“L’objectif est de créer un nouveau pôle de santé pour pouvoir continuer à soigner dans un territoire comme Livry-Gargan et la Seine-Saint-Denis, où on est en pleine désertification médicale.” Ce lieu permettrait “d’installer des cabinets de consultation de médecins généralistes et de spécialistes, des infirmiers, des kinésithérapeutes, un centre de soins primaires, un centre d’imagerie médicale et un laboratoire d’analyse médicale“, décrit Pierre-Yves Martin. Ce pôle de santé doit être mis en place à travers un partenariat entre le groupe hospitalier intercommunal Le Raincy-Montfermeil et le groupe privé Ramsay.
La résidence sera, quant à elle, destinée en priorité à des professionnels de santé “parce qu’on connait les difficultés de logement qu’ils rencontrent“. Ces 74 logements sociaux permettront également à la ville de mieux se conformer à la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain) qui oblige les communes de plus de 3 500 habitants à disposer de 25% de logements sociaux. Or, a ville n’en compte actuellement que 22,5%.
*L’établissement public territorial Grand Paris Grand Est regroupe les 14 villes de Seine-Saint-Denis : Clichy-sous-Bois, Coubron, Gagny, Gournay-sur-Marne, le Raincy, les Pavillons-sous-Bois, Livry-Gargan, Montfermeil, Neuilly-Plaisance, Neuilly-sur-Marne, Noisy-le-Grand, Rosny-sous-Bois, Vaujours et Villemomble.
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