Jacqueline Lamba, Marion Adnams, Dorothea Tanning, Ithell Colquhoun, Suzanne Van Damme, Valentine Hugo, Joyce Mansour, Isabelle Waldberg… Autant d‘”actrices majeures du surréalisme, encore mésestimées des musées et du marché de l’art et comme effacées”, regrette Dominique Païni, l’un des commissaires de l’exposition Surréalisme au féminin, présentée jusqu’au 10 septembre au musée Montmartre.
Avec pour thèmes majeurs le rêve et l’hybridation, de nombreuses femmes artistes ont fait partie du surréalisme, souvent en s’appropriant et en étendant des thèmes initiés par les fondateurs du mouvement (André Breton, Louis Aragon, Paul Eluard, Philippe Soupault…), dont certaines ont été les compagnes. Ces 150 peintures, dessins, sculptures, photographies et extraits cinématographiques des années 1930 aux années 2000 leur rendent enfin hommage.
“Ces artistes, aux pratiques pluridisciplinaires, n’ont jamais été plus surréalistes que lorsqu’elles se sont échappées du mouvement“
“C’est en se dégageant de ce qui devint parfois une “doxa surréaliste”, entre la création du mouvement en 1924 et sa dissolution officielle en 1969, qu’elles se sont affirmées”, explique Alix Agret, également commissaire de l’exposition. “Ces artistes, aux pratiques pluridisciplinaires, n’ont jamais été plus surréalistes que lorsqu’elles se sont échappées du mouvement. Elles vont le quitter d’autant plus qu’elles ont une tendance abstraite beaucoup plus affirmée que leurs homologues masculins”, ajoute-t-elle. Le sein rond d’une femme picoré par un oiseau noir, qui le découvre sous une sobre tunique rouge d’inspiration asiatique, tableau de la Belge Jane Graverol, proche de Magritte, en est une allégorie.
L’exposition propose un parcours thématique, en commençant par la nature et “la manière dont les peintres vont inscrire le corps féminin dans le paysage”. Suivent les “féminités plurielles avec le désir de détourner les poncifs masculins avec ironie” et “la métamorphose, l’hybridation des corps, thème de prédilection du surréalisme”, détaille Mme Agret.
Un passage par le cinéma de Maya Deren (At Land, 1944) conduit le visiteur à la figuration avant le volume, puis à la sculpture qui s’intéresse au fantasme. Elle se conclut par un voyage vers l’abstraction.
Le musée de Montmartre Jardins Renoir a été créé en 1960 dans l’une des bâtisses les plus anciennes de la Butte, construite au XVIIe siècle. De nombreux artistes. s’y croisèrent et Auguste Renoir y eut son atelier, tout comme Suzanne Valadon, Émile Bernard et les fauves Émile-Othon Friesz et Raoul Dufy. Le musée accueille des collections permanentes, sur l’histoire artistique de la butte, et des expositions. Il dispose d’un café et jardin.
Adresse : 12 rue Cortot Paris 18
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