Depuis le 5 janvier, l’Établissement foncier d’Ile-de-France (Epfif) a lancé les travaux de dépollution de l’ancienne usine de peausserie et de textile EIF située dans le Haut-Montreuil. Malgré la mise en place d’une structure tierce indépendante pour surveiller le chantier, l’Institut éco-citoyen, certains habitants demeurent circonspects.
Après l’expulsion en août des membres du collectif Garde la pêche et de la communauté rom qui ont occupé la friche désaffectée pendant deux ans, la société Sarpi Veolia a lancé les travaux de dépollution pour le compte de l’Epfif, maitre d’ouvrage et propriétaire du site (le maître d’œuvre étant Setec Hydratec). Le site, propriété de la ville, doit accueillir la Maison populaire. Depuis mars, des personnages bleus recouvrent donc la façade de l’EIF, rue Pierre de Montreuil, mettant en récit, selon l’artiste Malte Martin, le déménagement de cette institution culturelle. Le déménagement est prévu début 2006, si tout va bien.
25 tonnes de solvants chlorés
Car la reconversion cette ancienne usine qui borde les Murs à pêches n’est pas une mince affaire. Les sols sont contaminés par 25 tonnes de solvants chlorés, notamment du tétrachloroéthylène et du benzène. Pour informer les habitants de la situation, des réunions sont régulièrement organisées, occasion pour chacun d’exprimer ses inquiétudes.
“Oui, bien sûr que le projet de la Maison populaire est positif. Mais est-ce que ça se fera vraiment ? Je n’ai pas vraiment confiance. Je suis né un peu plus bas, ils vont construire partout ici avec l’arrivée du tramway [le T1 qui est prolongé entre Noisy-le-Sec et Val-de-Fontenay]”, croit savoir Olivier. “La mairie ne peut pas aujourd’hui garantir que la Maison populaire s’installera bien ici parce que ça dépend du taux de dépollution“, s’insurge Pierre-Jean, venu assister mardi soir à une seconde réunion publique organisée en présence de tous les acteurs du projet.
Comme eux, une quarantaine de riverains ont également participé à la visite du chantier de dépollution, dont Georges Bardot, le fils d’une employée de la teinturerie qui a été active sur le site à partir des années 1960. “Je venais souvent quand j’étais petit. Ma mère y a travaillé toute sa vie et elle a surement dû en respirer des solvants… Je me souviens des uniformes des militaires qui étaient lavés ici“, commente-t-il.
18 à 24 mois de travaux par extraction et venting
“Deux techniques sont mises en œuvre“, résume la cheffe de projet de Sarpi Veolia, en charge des travaux, alors que la phase de test vient de s’achever. “D’une part, les ouvrages d’extraction multi-phases (EMP) vont chercher les eaux souterraines et les gaz dans les sols pollués. D’autre part, la nappe phréatique, qui est de 1,50 mètre à 2 mètres de profondeur en fonction de la période, est rabattue, permettant d’extraire la pollution via les ouvrages de venting.” Les ouvrages en question sont semblables à des aiguilles forées dans les sols à 5 mètres de profondeur pour ceux de l’EMP, et à 3 mètres pour ceux du venting.
À ce jour, 34 ouvrages d’EMP et 48 de venting sont répartis sur une surface à décontaminer d’environ 2 600 mètres carrés. Les gaz et les eaux sont ensuite traités avec des filtres à charbon actif qui, une fois saturés, sont éliminés hors site. La durée des travaux est fixée entre 18 et 24 mois.
Dans les dépollutions, on n’est jamais à l’abri de mauvaises découvertes
“On est obligé d’atteindre un niveau de dépollution suffisant dans les sols, qui permette d’être sûr qu’il n’y aura pas de diffusion de polluants à long terme sur le futur site. On a défini des seuils de radiation par rapport au niveau de contamination. Si ces seuils sont atteints, alors un établissement accueillant du public pourra ouvrir. Mais on n’est pas non plus à l’abri de découvertes comme les deux fosses dans les bâtiments et un puisard, au début des travaux”, précise Annabelle Austruy, responsable milieu terrestre et écotoxicité à l’Institut éco-citoyen.
Celui-ci a été mandaté par la ville de Montreuil comme “tiers de confiance” pour assurer le suivi de l’évaluation des risques sanitaires à la demande des habitants. Malgré cette intervention et le déploiement d’un important dispositif d’outils, les habitants restent vigilants. “Ce qui ne me rassure pas trop c’est Sarpi. Sur le site internet, c’est du gros site industriel, mais là on est en milieu urbain. Sur les relevés, je dois dire qu’ils sont sérieux, moi ils sont venus chez moi faire des relevés deux fois”, témoigne Frédéric. “Je ne suis pas rassurée par ce qu’il n’y pas assez d’outils de mesure de l’air ambient côté est“, estime pour sa part Olivia, du collectif citoyens Restes Ensemble.
19 piezomètres, 18 piezairs et 6 zones de prélèvement d’air ambiant ont été déployés pour contrôler, précise l’Epfif.
Article actualisé le 18 juin (les chiffres de profondeur des ouvrages EMP et venting avaient été intervertis). Retrait du nom de la cheffe de projet de Sarpi-Veolia, suite à sa demande.
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